Je grandirai plus tard
Je grandirai plus tard est le titre de l’autobiographie d’Elie Semoun. L’humoriste que l’on connait de par ses spectacles, ses sketches, ses films y aborde tous les sujets, l’amour, la mort, l’amitié, sans tabou avec une sensibilité qu’il ne montre pas au premier abord.
Mais pourquoi écrire une autobiographie à 49 ans ? Elie Semoun s’est posé la même question. Il a finalement accepté, en collaboration avec la journaliste Sophie Brugeille. « Je me suis fait violence pour extirper les souvenirs enfouis, pour me remémorer des anecdotes, raconter mes amitiés, mes amours, mes douleurs, mes rencontres » raconte-t-il avant de reconnaître qu’il avait « des choses à partager ».
Au final, ce livre se révèle très touchant, parfois émouvant. L’auteur fait tomber le masque d’amuseur public et se livre avec sincérité. Il n’élude rien à commencer par la mort de sa mère alors qu’il n’avait que 11 ans. Un événement marquant dans la vie de n’importe quel enfant mais qui chez lui a été le déclencheur de sa vocation. « Quand on me demande pourquoi je suis devenu humoriste, la seule réponse qui me vienne est : « Parce que ma mère est morte » (…) Mais aurais-je été celui que je suis aujourd’hui, si ma mère n’avait pas disparu si vite ? A l’évidence non » écrit-il. Mais une autre mort le hante également, celle de son frère Laurent, mort du sida à l’âge de 36 ans. Un frère homosexuel qu’il admirait.
La mort évidemment, mais aussi l’amour. L’amour qu’Elie Semoun a éprouvé pour Annie, qui lui a donné un fils Antoine, en 1995, et dont il a divorcé en 2002 ; pour Juliette aussi, celle pour qui il a quitté Annie et avec qui il a vécu « dix ans d’un amour tourmenté, mouvementé, plein de nuits blanches, de rendez-vous secrets, d’explications, d’incompréhension… » et qu’il a « aimée d’un amour hors du commun, qui m’a fait vivre la réalité de mes fantasmes d’adolescent ».
Mais également l’amitié, à commencer par celle avec Dieudonné. Leur rencontre, leurs galères, leurs débuts, leur succès, mais aussi leur éloignement et la pente dangereuse empruntée par Dieudonné. Elie Semoun confesse que malgré ce qu’est devenu son ancien complice, il reste très attaché à lui en raison d’une rare complicité et d’une fusion dans l’humour comme il n’en a jamais connue d’autre. Avec Franck Dubosc, avec lequel il a fait ses célèbres Petites annonces, et dont il s’est éloigné après le film.
On croise d’autres personnes qu’Elie Semoun aime par dessus tout comme Arthur, Gad Elmaleh ou Muriel Robin avec laquelle il dit avoir une relation quasi filiale. On découvre que l’humoriste est cousin avec Patrick Bruel et qu’il est fâché avec Laurent Ruquier et Michel Drucker qui n’ont pas apprécié ses moqueries.
On y parle peu de ses films, mais on découvre au fil des pages un homme sensible, touchant, drôle, même au quotidien, avec ses doutes, ses failles, ses faiblesses. Un personnage à découvrir même si vous n’êtes pas fans de ses personnages parfois caricaturaux.
Elie Semoun, Je grandirai plus tard, Flammarion