Flashforward

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Ce roman a inspiré une série télé qui n’a pas dépassé la première saison. C’est vrai qu’en le lisant j’ai pensé à un film, qui mélange quelques histoires liées pas trop fouillées. Aucun personnage n’est vraiment approfondi et les épisodes successifs font plus l’effet d’un étalage de réflexions sur des sujets plus ou moins variés et plus ou moins approfondis que du développement d’une idée majeure.

L’histoire est celle du « flash » qui a frappé le monde en 2009 (le roman date de 1999) lorsque, de façon plus ou moins provoquée par une expérience du CERN, toute l’humanité a perdu conscience pendant près de deux minutes ou, plus exactement, a vu sa conscience déplacée vers une date future (21 ans plus tard dans le livre, 6 mois dans le feuilleton télé). Flash qui a entraîné une quantité énorme d’accidents et de morts, entre autres celle de la fille de Michiko, l’une des héroïnes. Et qui, par le biais des visions du futur, entraînera nombre de conséquences individuelles, jusqu’au suicide du frère de Théo qui y a vu son échec. Quant à Théo, il cherche à savoir qui, vingt et un ans plus tard, va l’assassiner. Et puisque le futur n’est pas figé, comme la mort de son frère le prouve, à éviter cet assassinat.

Le roman présente les conséquences immédiates. La plus importante, celle qui, à mon avis, aurait réuni une grande partie de l’humanité dans la volonté de punir et d’empêcher à jamais la réédition de l’expérience, je veux dire la réaction des croyants et autorités religieuses plus ou moins intégristes (et, 2001 l’a montré, plutôt plus que moins), est totalement ignorée par Sawyer qui ose prétendre que les autorités religieuses auraient approuvé cette recherche de la connaissance ! Il fait prendre à Benoit XVI (qui a eu l’idée de nommer le pape cité dans le roman ? si en 1999 Sawyer pouvait raisonnablement prévoir que le pape de 2009 ne serait plus JPII, en revanche il ne pouvait savoir à l’avance le nom que porterait son successeur) une position totalement contraire aux idées du pape actuel. Et les penseurs et théologiens musulmans seraient certainement, des plus intégristes aux plus modérés, unanimes dans une fatwa de condamnation à mort de tous les physiciens auteurs d’un tel blasphème que ce « flash ». A mon avis, si un accident comparable à celui-ci se produisait, l’effet dévastateur à terme serait apocalyptique, les religieux de toutes obédiences recherchant et exterminant quiconque oserait considérer les visions comme positives ou envisager de les reproduire.

Toujours est-il que, dans le roman, l’ONU essaie de renouveler le phénomène. Sans succès une première fois, avant qu’on ait découvert ce qui a rendu possible le flash. Et sans réel succès au deuxième essai, parce que la projection dans le futur dépasse la durée de vie des gens (sauf exception, qui ouvre une autre idée : la recherche de l’immortalité).

À cause de l’erreur signalée plus haut, je ne verrai le roman que comme un joli exemple de wishful thinking... un conte de fées électronique. Agréable à lire, en déconnectant l’esprit critique et à oublier vite fait après lecture.

Flashforward, de Robert J. Sawyer, trad. Thierry Arson, illustration de Sarry LONG, Milady

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