Chroniques de Blackstone (Les)

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Il fallait s’y attendre, le succès phénoménal de "La Ligne Verte" de King, extraordinaire feuilleton au parfum de chef-d’œuvre, a fait des émules. Avec l’arrivée des "Chroniques de Blackstone", John Saul est donc le premier, sur le marché francophone s’entend, à essayer de se glisser dans la brèche ouverte par King. Évidemment, avec John Saul, la surprise est toujours au rendez-vous… Attention, je ne parle pas des bouquins eux-mêmes, mais du passé littéraire de notre ami. Parce que jusqu’ici, il nous a tout fait. Le pire ("Hantise", une histoire de fantômes à la con, tout juste bonne à coincer la porte de l’armoire normande) et le meilleur ("Foudre Noire", un thriller solide et bien charpenté). Alors, avec les "Chroniques", restait à savoir s’il s’agissait d’une bonne ou d’une mauvaise surprise…

Au risque de vous paraître normand, je dirais, ni l’un, ni l’autre… Je m’explique. "Les Chroniques de Blackstone" prennent pour fil conducteur l’asile de la petite ville des États-Unis (oui, Blackstone, c’est le nom de la ville imaginée par Saul, un peu son Castle Rock à lui…), asile désaffecté dans les couloirs duquel déambule un personnage énigmatique. Le but de cette silhouette ? Récupérer, dans une chambre secrète, des objets, qu’elle s’empresse d’adresser à une série de personnes triées sur le volet. Dans les trois premiers volumes, nous avons donc, dans l’ordre, une poupée, un médaillon et un briquet. Constant également, le sort des gens qui reçoivent ou s’approchent de ces objets : ils meurent atrocement. Jusque-là, me direz-vous, rien de bien feuilletonesque, on se trouve plutôt face à la structure d’une série télé, proche de celle qui fut, il y a quelques années, produite dans le sillage de "Vendredi 13". Et je vous dirais que vous n’avez pas tort. Alors, pour lier la sauce, Saul nous fait partager la vie et les déboires d’Olivier Metcalff, journaliste et perturbé par d’étranges visions. On imagine ainsi dès le second volume que le jeune journaliste possède sans doute une des clés de l’énigme des morts violentes de Blackstone, mais nous allons devoir attendre le sixième opus pour en avoir la certitude.

Le problème de ces "Chroniques" ne vient pas de leurs qualités propres : Saul sait écrire, il sait planter des personnages et ses mini-descentes aux enfers sur cent pages ne manquent pas de charme. Le problème c’est, encore une fois, que King est passé par là avant lui. Avec une histoire qui tenait vraiment en haleine sur six volumes, sans donner l’impression de se répéter. Avec des personnages plus attachants, un verbe plus personnel, une ampleur bien plus importante. Certes, il est triste de devoir mesurer les qualités d’une série par rapport à une autre, mais le lecteur qui se sera déjà plongé dans "La Ligne Verte" ne manquera pas de le faire et de trouver ainsi matière à redire aux formules trop apparentes employées par John Saul. Mais rendons tout de même à César… Il me tarde de lire le dernier volume afin d’en apprendre un petit peu plus… Mais je survolerai, sans doute à tort, le quatrième et le cinquième épisode.

John Saul, Les Chroniques de Blackstone, Volumes 1,2,3, J’ai Lu

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