Ruisseau rouge (Le)

Notre histoire se passe à deux périodes : avant la guerre, en 1913-1914, et juste à la fin, lors de la bataille de la Lys, printemps-été 1918.

L’assassinat d’un ingénieur, dont le sang va colorer en écarlate le ruisseau du village, donne le coup de départ de l’intrigue. La fin, c’est en fait la solution de l’enquête commencée à l’époque mais que la guerre a fait trainer. De toute manière, c’est avec le temps que les éléments se sont mis bien en place et il fallait ce recul pour voir le tableau au complet.

On suit la vie d’un village, Robecq, de ses habitants et de leurs guerres intestines entre rumeurs et calomnies, les rivalités de clocher comme on dit. Un thriller sous les bombes, une tranche de vie rurale.

Je n’ai pas trop envie de rentrer dans un résumé mais plutôt de parler de l’écriture et du contexte de lecture.

J’avoue, j’ai mis du temps à le commencer : je ne suis pas amateur de récit de guerre. Mais l’année du centenaire, il fallait faire un effort.

Et du voyage, je ne fus pas déçue ! Finalement, même si la guerre et sa cruauté, son sang, ses tripes, restent présents, l’ensemble est d’une modernité étonnante.

Et c’est du à l’excellente maitrise de Patrick S. Vast de la grammaire française, piquée d’un vocabulaire riche et soigné.Patrick Vast a joué sur l’emploi du passé et du présent pour donner une profondeur temporelle au récit : tout ce qui s’est passé en 1913-1914 est au passé et le présent rend les événements de 1918 comme contemporains. Soulignons aussi les notes de bas de page qui auraient pu facilement devenir très indigestes dans un roman historique et qui au final sont peu nombreuses.

Les personnages sont très bien décrits, parfois attachants même si rustres. On reconnait presque certaines figures de nos campagnes. Il y a de la violence oui, des crimes, des compromis, des arrangements, des arnaques, du sexe… mais le tout sous une plume maitrisée et délicate.

Au final, un très bon moment, 100 ans en arrière !

Le ruisseau rouge par Patrick S. Vast, illustration de Frédéric Lopez, Pôle Nord Éditions