Rosewater T1

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 
Traducteur: 

Ce roman, qui possède deux suites, reprend une idée déjà utilisée, d’une toute autre manière, par deux romans et une nouvelle de Ian McDonald, Evolution’s Store (aka. Chaga), Kirinya et Tendeleo’s Story, celle du météore extra-terrestre dont l’arrivée sur Terre créerait une faune différente. Il est possible que Thade Thompson n’ait pas lu ces romans, bien que situés au Kenya, et ait exploité une idée différente. D’autant plus que son roman nous présente donc un visiteur extra-terrestre qui, après un atterrissage destructeur à Londres et une attaque militaire contre lui, s’est enfoui dans la terre, puis a creusé jusqu’à ressortir au Nigeria, dans un endroit désert autour duquel s’est créé Rosewater, d’abord camps de migrants attirés par le Dôme, la part de l’extra-terrestre hors du sol, et par les nanoformes qu’il envoie, qui guérissent certains malades, transforment d’autres en monstres, et créent des « ranimés », des morts sans pensée, que les militaires essayent de détruire.

Raconté par Kaaro, un jeune auquel les nanoformes ont donné la capacité d’entrer dans la xénosphère, variante de la noosphère de Teilhard de Chardin, qui comporte toutes les informations et pensées recueillies par les nanoformes. Par la nanosphère, il obtient la capacité de lire les pensées de ses voisins, de retrouver objets et gens auxquels ceux-ci pensent. Il a alors été recruté par le S45, un service secret au service du gouvernement nigérian, pour différentes missions.

 

Bâti en alternance de différentes histoires, différentes aventures du même narrateur, d’une façon qui paraît excessive parce que non vraiment nécessaire à créer un fiT, mais uniquement pour transformer la lecture en jeu de piste, le roman nous raconte donc comment Kaaro va découvrir peu à peu les complications de l’invasion de la Terre. Le roman s’achève donc sur la situation de la Terre ou, plus précisément, du Nigéria, au moment où Kaaro se retire du S45. Mais l’histoire est loin d’être finie.

 

On sent dans le roman une particularité de la SF telle qu’elle se développe au Nigéria et insiste sur les particularités de la vie dans ce pays, déchiré entre les restes de traditions et une version caricaturale du progrès, avec son accompagnement de crimes et de corruption particulièrement sensible au Nigéria.

 

Même si l’arrivée de l’extra-terrestre et ses conséquences, dont la disparition des USA par fermeture totale au reste du monde, justifie de placer le récit dans un futur relativement éloigné, imaginer que la situation décrite nous envoie à 2066 me paraît excessif. D’autant plus que les personnages se réfèrent systématiquement à des écrivains, des chanteurs, des artistes du vingtième ou du début du vingt-et-unième siècle. Sans oublier une référence à D. Trump qui est le comble de l’anachronisme dans une histoire supposée postérieure à 2044 pour ce qui en est le début.

L’auteur a voulu citer les références accessibles à son lectorat. Le Nigéria qui apparaît dans ce roman ressemble trop à celui de maintenant. C’est dommage. Espérons que les autres volumes nous apporteront des surprises.

 

Rosewater T1, par Thade Thompson, traduction d’Henry-Luc Planchat, J’ai Lu, collection Nouveaux Millénaires, 2019, 381 p., couverture d’après Ernst Haeckel, 19€, ISBN 978-2-290- 17418-7

Type: