Rencontre du cercle de la Rotonde : Tournai, 29/11

Vendredi 29 novembre 2013 à 18h

Bibliothèque de Tournai

AuditoriumAuditoriumAuditorium

Bd des Frères Rimbaut, 2

Tél. : 069 25 30 90

Entrée libre

Site : www.lecercledelarotonde.be

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Par le biais de la fiction, la littérature ose aborder toutes les questions qui traversent personnes et sociétés, y compris les plus difficiles, comme celle de la perversité, infantile ou adulte, individuelle ou collective. Trois écrivains y donnent des réponses en des genres, atmosphères et styles très différents.

Auteur excellant dans la veine fantastique, Alain Dartevelle (Prix R. Duterme 2012 pour Amours sanglantes) vient de publier Dans la ville infinie chez l’éditeur suisse L’Age d’Homme, dans la collection ‘La Petite Belgique’, dirigée par Jean-Baptiste Baronian. La couverture (‘Vertigo’, du peintre Léon Spilliaert) et le titre mènent à croire qu’il s’agit de récits axés sur Infinity City. Mais plutôt que sur son architecture et ses artefacts futuristes, l’attention se porte davantage sur ses moeurs dissolues ; les 8 nouvelles entrelacées dévoilent des personnages mus par des pulsions sadiennes, tolérées par une société hyper hiérarchisée et décadente, tétanisée par l’imminente ‘Fin de l’Histoire’. Enfants et femmes y sont jetons de guerre ou objets de plaisir jetables, dans un cynisme porté au paroxysme. L’art de mettre en scène les jeux pervers de la société culmine dans le fantasme pur, chaos organisé.

Madame Cléo, le roman de Michel Joiret qui a reçu en 2012 le Prix du Parlement de la FWB (éd. M.E.O.) traite du fantasme et de la perversion sous le mode du monologue amoureux, relatant le parcours chahuté d’un « enfant de la guerre », protégé par la délicieuse Madame Cléo jusque dans les tumultes charnels de l’adolescence, évoluant jusqu’à l’âge adulte et ses trahisons, adultères et désirs meurtriers. Le récit dévoile les pensées intimes du narrateur, ses émois et détestations, en ses expériences les plus marquantes, y compris dans un hôpital psychiatrique suite à une tentative de suicide. Il y traite des ravages de l’ambiguïté dans les rapports humains, ces « non-dits » qui peuvent agir sur la « douleur d’exister, toute crue », par le pire comme le meilleur. L’écriture y est sensuelle, inspirée des saveurs de la Tunisie qu’elle évoque, libérée de toute censure. A l’instar de la revue Le Non-dit, animée par Michel Joiret qui vient de fêter, avec son 100ème numéro, ses 25 ans d’existence.

Juriste de formation, Geneviève Damas est devenue comédienne par vocation, metteur en scène et auteur de pièces de théâtre (primées par de nombreux prix), de nouvelles et d’un roman très remarqué, Si tu passes la rivière (Luce Wilquin, 2011). Si L’épouvantable petite princesse, pièce publiée en 2007 chez « Lansman Jeunesse » traite de la cruauté juvénile, par le biais d’Adélaïde, qui ordonne à ses parents « qu’on enferme tous les autres enfants, qu’on les fouette et leur arrache les cheveux un à un », c’est sur le mode de l’humour qu’elle fait basculer l’absurdité des dérives humaines. Entre un langage dénudé à la Beckett, souvent poétique comme chez Paul Willems, et un jeu sur les langues, elle a inventé la sienne, empreinte de belgitude, de sons et de mots imbibés de leurs racines multiples, pour dire ce qu’il y a d’universel et de singulier dans les comportements, ainsi que la pièce Paix Nationale/Nationale Vrede (Lansman, 2012) en témoigne. C’est également Molly, héroïne (à vélo ou au château) qui interroge les frontières entre désir et réel, ligne blanche entre la tolérance et l’insupportable.

Marie-Clotilde Roose

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