Récursion

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Ça commence comme un thriller ordinaire : « Barry Sutton, flic désabusé de la police new-yorkaise, enquête sur une vague de suicides... ». Et on remarque tout de suite, à la lecture des dates, que l’histoire ne se passe pas dans notre ligne temporelle : il aurait au moins fallu placer l’histoire dans un futur proche, pas en 2018. D’autres indices de la chose apparaîtront au fil du récit, d’ailleurs... Et on se retrouve assez vite dans une réflexion sur le paradoxe du papillon de Bradbury, mêlé à une affaire policière qui tourne d’ailleurs à la catastrophe politique et sociétale...

 

L’idée philosophique sous-jacente est que le temps est une réalité de l’esprit et que, comme dans certains films (La jetée, Je t’aime je t’aime, L’armée des douze singes), le voyage vers le passé n’est possible qu’à l’aide des souvenirs. Et ce sont les souvenirs des deux héros du roman, Barry et Helena, laquelle a inventé la machine à retourner dans le passé pour le changer, qui vont leur servir à essayer de réparer la catastrophe qu’entraîne cette invention... 

 

Conformément aux règles des ateliers d’écriture, le roman alterne d’ailleurs les épisodes consacrés à Barry et ceux, au départ très antérieurs, consacrés à Helena. Tout en s’efforçant de justifier les apparents paradoxes, car c’est d’abord un roman sur les paradoxes temporels. Mis à part la sous-évaluation de leur amplitude, la catastrophe n’intervenant qu’après plusieurs changements, alors qu’un seul aurait pu suffire à justifier la réponse chaotique, la spéculation est assez bien menée, ce qui permet au lecteur blasé de pardonner la base « thriller » : « Seuls Helena et Barry, en joignant leurs forces, ont une chance de l’arrêter (la catastrophe) ».

 

Récursion, de Blake Crouch, traduit par Antoine Monvoisin, J’ai lu, Nouveaux Millénaires, 2021, 380 p., 19,90€, ISBN 978-2-290-23315-3

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