Quand les ténèbres viendront
Isaac Asimov fait partie de ces auteurs qui ont façonné ma vision de la science-fiction lorsque j’étais adolescent. Au même titre que Heinlein, Bradbury, Clarke, Williamson, E.E. Smith, Hamilton, Vance et Herbert, il m’a fait découvrir de nouveaux horizons, là où personne n’avait été avant (sauf l’Enterprise). C’est dans la collection Denoël Présence du futur que j’ai d’abord découvert les nouvelles de l’auteur, puis son cycle Fondation qui m’a marqué.
Denoël, qui reste fidèle à l’auteur, réédite dans sa collection Lunes d’encre, les principales nouvelles d’Asimov. Le recueil porte le titre de la première nouvelle : Quand les ténèbres viendront.
En anglais, il s’agit du recueil Nightfall and other stories. Jamais sorti en intégrale en français. À l’époque, Denoël l’a coupé en trois tomes. C’est donc une grande première de retrouver un volume unique représentant une vingtaine de nouvelles.
J’aurais dû sauter de joie en relisant ces nouvelles qui se sont parfois perdues quelque part dans ma mémoire. Ce n’était pas le cas, car 40 ans se sont écoulés depuis la première lecture et les textes d’Asimov, s’ils restent originaux, le sont beaucoup moins aujourd’hui.
À l’époque de l’écriture de ces nouvelles, Asimov se basait principalement sur des dialogues et peu de narration. Aujourd’hui, ce style est un peu surfait et donne l’impression que l’auteur n’y connait pas grand-chose en technologie malgré le fait que ce soit un scientifique. C’est probablement parce que la science-fiction de l’époque n’avait pas besoin d’être aussi bien détaillée qu’elle l’est aujourd’hui. Les questions philosophiques l’emportaient sur la science pure. Et même ces deux domaines, Asimov ne fait que les effleurer dans ses textes. Il ne se risque pas à développer en profondeur les différents aspects des situations qu’il crée. Dans ce sens, ses histoires restent accessibles mêmes aux plus néophytes de la science-fiction.
Je ne passerai pas en revue chaque nouvelle, mais quelques-unes ont retenu mon attention.
Quand les ténèbres viendront date de 1941. Sur Lagash, le jour est permanent grâce aux six soleils du système solaire. Ses habitants pensent que la fin du monde va arriver lorsque la lumière de leurs soleils disparaîtra. On assiste à une confrontation entre les croyances et la science.
Hôtesse m’a davantage surpris par son originalité. Inviter un extraterrestre pour des raisons scientifiques et puis lui extorquer le secret de sa présence sur Terre. Et si les terriens avaient en eux un virus qui décimerait la population des autres mondes ?
Vide-C était plus dans la lignée que j’attendais. La nouvelle fait référence à un vide-cadavre, porte donnant sur l’extérieur d’un vaisseau qui permet d’éjecter les morts. Dans la perspective de prendre le contrôle du vaisseau piraté par des extraterrestres, un homme va utiliser ce vide-C pour s’emparer du poste de pilotage. Pas mal.
Un livre toujours intéressant et facile à lire qu’il faut replacer dans le contexte des années où il a été écrit. Un recueil qui présente une quantité infime de la production importante de l’auteur, mais qui se focalise plus sur le début de sa carrière. C’est la première fois que Nightfall and others stories sort intégralement en français. Une lacune qui est maintenant comblée.
À collectionner pour les amateurs, et à découvrir pour les nouvelles générations de lecteurs. À ces derniers, je conseille de lire aussi la trilogie de Fondation sortie chez le même éditeur qui reste un chef-d’œuvre.
Quand les ténèbres viendront, Isaac Asimov, Denoël Lunes d’encre, 2015, 576 pages
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