The Prodigies

Réalisateur: 

La ligue des ados extraordinaires



Le club des cinq

Jimbo Farrar est un brillant mathématicien doté d’une intelligence hors du commun qui dirige la Fondation Killian pour surdoués, qui a été créée des années plus tôt par son mentor et protecteur, Charles Killian. Après avoir décelé les dons de Jimbo après le décès tragique de ses parents, ce magnat de la presse à la tête de la multinationale Killian Network avait décidé de l’adopter et de l’élever aux côtés de sa fille unique Mélanie.


Persuadé qu’il doit exister d’autres prodiges comme lui quelque part sur le sol américain, Jimbo imagine un programme informatique spécifique dans le but de les localiser. C’est ainsi qu’il repère cinq ados surdoués, trois garçons et deux filles, capables de manipuler à distance l’esprit et donc le corps du commun des mortels. Grâce à Jimbo, ces cinq ados, mal dans leur peau, découvrent qu’ils ne sont pas les seuls au monde à posséder de telles capacités. Il les réunit sous couvert de leur participation à un jeu télévisé, baptisé « American Genius ».

Pour la 1ère fois de leur vie, les cinq prodiges, malmenés par la vie depuis leur tendre enfance, semblent enfin heureux mais ce bonheur est malheureusement de très courte durée car, une nuit à Central Park, ils sont sauvagement brutalisés par une bande de voyous qui ne voient en eux que des « monstres de foire ». Après avoir été traumatisés par cette lâche agression d’une rare violence, les cinq prodiges décident d’unir leurs forces mentales pour se venger du monde entier pour lequel ils n’éprouvent plus que de la haine. Mus par une volonté autodestructrice, ils se mettent à semer violence et destruction partout sur leur chemin, au gré de leurs envies tout en laissant libre cours aux diverses frustrations, tentations et pulsions qu’ils ressentent.

Jimbo se retrouve alors face à un choix radical : céder aux pulsions destructrices qui le taraudent lui aussi depuis des années et rejoindre leur rang ou tenter de les arrêter à tout prix en luttant contre eux au risque d’y perdre la vie ainsi que sa femme qu’il aime plus que tout.

Young soul rebels

S’inspirant du roman originel, les scénaristes n’ont pas hésité à procéder à de multiples changements : la réduction du nombre de jeunes prodiges, la modification de leurs âges respectifs, la capacité qu’ils possèdent désormais de pouvoir contrôler les corps et les esprits de n’importe qui comme de vulgaires marionnettes (ce qui nous donne l’impression que les Prodiges ne sont plus que des copies des X-Men), l’histoire de Jimbo dans son rapport avec sa femme, etc. Ils ont également rajouté des éléments comme la présence de nouveaux personnages ou encore le jeu de télévisé American Genius (inspiré d’American Idol) auquel participent les jeunes prodiges, ce qui accroit le décalage entre la solitude ainsi que la souffrance morale ressentie par les cinq ados et le monde artificiel des shows télévisés où tout est scénarisé d’avance et où seul compte l’audimat au détriment des concurrents qui y participent.


Toutes ces modifications ont été faites (à tort ou à raison) dans le but de réactualiser les thèmes du roman paru en 1981, même si ces derniers restent plus que jamais d’actualité comme l’éternelle incompréhension existant toujours entre les adultes et les ados, celle-ci finissant parfois par pour pousser ces derniers à exprimer leur mal-être au travers d’une escalade de violence souvent purement gratuite. Si le réalisateur et les scénaristes ont pris une certaine distance avec l’histoire originelle, The Prodigies n’en conserve pas moins son principal contenu ainsi que son atmosphère sombre et violente.

Les lumières de la ville

Après avoir pensé pendant un temps adapter cette histoire (destinée aux adolescents et aux adultes) en animation traditionnelle dessinée à la main à la façon d’un manga, dans un univers à la Ghost in the Shell, en faisant réaliser le film au Japon, l’idée finit par être abandonnée au profit d’une animation faite en MoCap (motion capture) et en 3D.


Ce thriller fantastique dont l’action se déroule en majeure partie à New York dans un décor contemporain, à la fois réaliste et très stylisé, bénéficie d’une identité graphique propre (à mi-chemin entre les comics et les mangas) où on passe sans cesse, par l’intermédiaire de trois niveaux de visualisation différents, du point de vue « normal » des adultes sur la vie à celui déformé du ressenti des cinq prodiges lorsqu’ils sont en proie au stress, à l’angoisse ou à la colère, et dans lequel les adultes leur apparaissent alors sous l’aspect de terrifiantes créatures.

Malgré un superbe travail sur la lumière et les ombres ainsi qu’une mise en scène à grand spectacle digne d’un blockbuster hollywoodien, la répétition du ralenti à la John Woo dans les scènes d’action (qui a tellement été utilisé au cours de la dernière décennie) ne fait qu’alourdir le propos et surtout par lasser le spectateur en raison de son usage systématique.

On regrettera aussi la quasi absence d’expressions sur le visage des différents personnages dont l’aspect est, en outre, bien trop lisse sans parler de leurs coiffures qui sont tellement rigides qu’elles ressemblent à des casques. Du coup, il devient extrêmement difficile, voire carrément impossible, pour le spectateur de pouvoir s’identifier à l’un (ou l’autre) des personnages ou d’éprouver la moindre empathie à leur égard. Par ailleurs, le fait que la MoCap ait été réalisée en deux fois (la corporelle au Luxembourg et la faciale en Belgique) n’a visiblement pas arrangé les choses en ce qui concerne le résultat final qui laisse nettement à désirer en comparaison des autres films d’animation récemment réalisés avec le même procédé.

The Prodigies

Réalisation : Antoine Charreyron

Film d’animation avec : Jeffrey Evan Thomas, Jacob Rosenbaum, Dominic Gould, Moon Dailly Monira, Isabelle Van Waes, Lauren Carter, Dante Bacote, Sophie Chen, Nilton Martins, Alain Figlarz.

Durée : 1 h 36

Sortie le 8 Juin 2011

Sections: 
Type: