Prendre un enfant par la main

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Lorsque vous lâchez la main de votre enfant, êtes-vous certain de pouvoir la serrer de nouveau un jour ?

Quatre ans après la disparition de leur fille Clémentine dans le naufrage d’un voilier, Sarah et Marc sont rongés par la culpabilité et la tristesse. Jusqu’à ce que de nouvelles voisines emménagent sur le même palier avec leur enfant, Gabrielle, dont la ressemblance avec Clémentine est troublante. Au contact de cette adolescente vive et enjouée, Sarah reprend peu à peu goût à la vie. Mais lorsque le destin de Gabrielle bascule dans l’indicible, les démons que Sarah avait cru pouvoir retenir se déchaînent une seconde fois.

 

Depuis combien de temps n’avais-je pas englouti un livre en une seule journée ? Depuis combien de temps n’avais-je pas versé, et ce plusieurs fois, quelques larmes en lisant un roman ? Je ne me le rappelle même pas… Mais c’est arrivé avec Prendre un enfant par la main de François-Xavier Dillard.

Jai découvert l’auteur avec ce roman, bien que Fais-le pour maman fasse partie de ma bibliothèque en attente depuis déjà deux ou trois ans. Ne me demandez pas pourquoi je ne l’en ai jamais sorti, je ne saurais vous répondre, c’est le grand mystère inhérent aux énormissimes pal. Un premier rendez-vous manqué que je promets d’honorer bientôt. Il se trouve aussi que j’aurais dû faire la connaissance de l’auteur en octobre dernier. Une rencontre-dédicace en médiathèque, à l’occasion de la sortie de Prendre un enfant par la main justement, qui a été annulée au dernier moment pour cause de confinement. Deuxième rendez-vous manqué. Alors quand j’ai vu que NetGalley France proposait ce titre en SP, je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de cette opportunité et je les en remercie, ainsi que les Éditions Belfond.

Dès les premières lignes je me suis retrouvée envoûtée par ce roman. Envoûtée… je ne trouve pas d’autre mot pour expliquer ce qui m’est arrivé. Je l’ai lu en deux fois : la première moitié le matin d’un dimanche pluvieux et la deuxième pendant l’après-midi. Deux moitiés qui correspondent à deux parties bien distinctes du roman. La première partie ressort du drame commun qui a touché plusieurs familles, à deux époques différentes et géographiquement éloignées : la perte d’un enfant. La pire des terreurs pour moi, comme pour beaucoup d’autres mères, et de pères aussi j’imagine. L’analyse psychologique des personnages est plus que poussée et c’est ce qui a motivé mon attachement et mon empathie à leur égard, ce qui a suscité mes larmes aussi. Cette impression de vivre en même temps qu’eux l’atrocité que ce doit être de perdre un enfant et la facilité à faire un transfert et à s’imaginer dans leur peau. Les thèmes de cette première partie sont axés sur l’amour familial, le traumatisme, la douleur, le deuil, la résilience. La culpabilité surtout, l’odieuse culpabilité qui mine, sape et détruit tout ce qu’il pourrait rester malgré tout. Cette culpabilité que je connais si bien et qui me touche particulièrement…

 

Les gens disent qu’avec le temps… conneries, bien sûr ! Il ne se passe rien d’autre avec le temps que la certitude de son chagrin et la conviction que la douleur sera toujours présente… 

 

La deuxième partie, elle, est complètement différente. Je ne m’y attendais pas du tout en fait et j’ai presque été déçue de ce changement de cap. Presque seulement. Au départ seulement. Elle revêt la forme d’une enquête policière et en même temps d’un thriller psychologique assez intense avec la mise en lumière de Gabrielle, qui est le seul personnage à s’exprimer, dans les chapitres qui lui sont consacrés, à la première personne. Lors d’un nouveau drame, les passions s’exacerbent, les douleurs profondes ressortent. Les deux intrigues se rejoignent, on commence à comprendre les liens entre elles et à entrevoir une fin. Et pourtant nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Il y a une certaine forme de suspense aussi, bien amené et surtout bien entretenu. Les thèmes abordés sont les mêmes, avec quelques-uns supplémentaires que je ne puis dévoiler sans déflorer l’histoire.

 

Aujourd’hui, Gabrielle est là et c’est suffisant. Pas suffisant : essentiel… Pas essentiel : Vital. 

 

Enfin le style m’a tout à fait convaincue. Il n’est pas à proprement parler extraordinairement riche, je ne me suis pas exclamée sur une tournure ni n’ai trouvé de mot inconnu et mystérieux dont j’aurais pris plaisir à découvrir le sens sur Google, mais il est plus que solide et agréable à lire, tour à tour percutant  pour susciter le choc ou empreint de douceur et d’une grande sensibilité afin de nous émouvoir. De toute façon, une histoire seule, même très bonne, n’aurait suffi à me séduire autant. Il fallait aussi que l’emballage soit en accord avec l’intérieur. Et c’est le cas, indéniablement.

En conclusion je dirai seulement : pfiou, quel roman ! Monsieur Dillard, j’ai hâte de lire les autres !

Parue sur Beltane (lit en) secret

 

Prendre un enfant par la main, François-Xavier Dillard, Belfond, 19.00€

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