Pour la vie par Mathilde Guillaume

Une odeur de sang et de désinfectant sature l’air ambiant. Un grésillement discontinu fait office de fond sonore. Au comptoir se tient une jolie brune avec des rastas, une flopée de piercings et de nombreux tatouages – rien d’étonnant dans cet endroit. Elle est au téléphone quand je passe la porte du magasin. L’entrée du salon ressemble à un véritable cabinet de curiosités. Le comptoir est en bois sculpté, agrémenté d’éléments en fer forgé. Une vieille caisse enregistreuse est posée dessus. Des tabourets hauts en cuir sont alignés devant l’accueil. Des trophées de chasse se mêlent aux objets anciens remaniés mode steampunk. De grands tableaux, fruits du travail des artistes résidents, ornent les murs et sont proposés à la vente. De plus petites planches de dessins sont présentées sur des chevalets.

— Un des flashs vous intéresse ?

Je me retourne pour voir que la jeune femme de l’accueil n’est plus au téléphone et me sourit.

— Pardon ?

— Voulez-vous vous faire encrer un de ces dessins ? Les flashs sont moins chers que les projets personnels. Par contre, comme il s’agit de projets qui tiennent à cœur aux artistes, aucun changement ne peut être fait sur le motif.

— En réalité, j’ai déjà un projet bien précis en tête.

— Vous connaissez nos artistes ? Baronne Samedi fait des projets réalistes sombres, souvent accompagnés de lettrages. Lili Corne est spécialisée dans le new school hyper coloré. Mister Hyde propose quant à lui un style graphique, avec des dessins travaillés sur ordinateur ou à main levée directement sur le corps en fonction des projets. Je peux vous orienter vers la personne la plus appropriée en fonction de ce que vous avez en tête.

— Le travail de Baronne Samedi me passionne depuis un petit temps déjà et c’est par elle que j’aimerais me faire tatouer.

— Vous avez de la chance, elle vient de finir avec son client précédent, elle sera prête pour discuter de votre projet dans dix minutes, si vous pouvez patienter.

— Bien sûr, ça fait si longtemps que j’attends ce moment, dix minutes ne changeront pas grand-chose, lui dis-je en souriant timidement et m’installant dans un canapé en cuir brun près de la vitrine. Je tourne les pages du book de Baronne Samedi pour passer le temps.

 

*

Une jeune femme métisse au crâne entièrement rasé, jeans déchirés et top noir à l’effigie d’un vieux groupe punk, sort de l’arrière-salle. Son aura déborde de confiance en soi et de peps.

— Baronne, la jeune demoiselle là-bas aimerait discuter d’un projet avec toi.

— Cool, viens près du comptoir. Je vais prendre des notes pour ton projet et te faire une ébauche rapide aujourd’hui. Le rendez-vous sera pour dans quelques semaines, mon agenda est déjà bien rempli ces jours-ci !

Je m’approche timidement. En avançant, je cherche mentalement les mots justes pour parler de ce projet – intimement lié à un passé douloureux. Tout est clair dans ma tête, mais expliquer mes malheurs personnels à de parfaites inconnues me semble tout à coup insurmontable. Je m’assieds sur un des tabourets hauts en face des deux jeunes femmes. En un rien de temps, Baronne me met à l’aise grâce à des questions simples, mais efficaces qui lui permettent d’esquisser mon dessin.

— Tu connais un peu mon travail ? Tu sais comment je procède ?

— Oui, je connais bien votre travail et je l’apprécie énormément : dessins réalistes noirs avec lettrages. C’est exactement ce que je recherche.

— Tu peux me tutoyer, si tu veux. Parle-moi du motif que tu veux encrer.

— Je voudrais un rat. J’ai vu que tu en as déjà réalisé quelques-uns et je les trouve magnifiques. Je ne veux évidemment pas le même dessin. Chaque tatouage est unique et appartient au tatoué qui le porte. Je ne voudrais d’ailleurs pas que quelqu’un porte mon histoire sur sa peau… J’aimerais que mon rat soit debout sur ses pattes arrière, à côté d’une pomme coupée en deux. Je voudrais aussi que les pépins qui tombent du centre de cette pomme soient en train de s’ouvrir, signe qu’ils vont bientôt donner naissance à un arbre.

— C’est une super idée ! Tu sais déjà où tu veux le placer ? Tu veux aussi un lettrage ?

— Sur la cuisse. C’est un projet que je fais pour moi, pas forcément pour le partager avec le monde extérieur.

Je baisse les yeux, ne voulant pas croiser le regard de ces femmes. J’ai peur d’être jugée, même si je sais que je dois apprendre à vivre avec les fantômes du passé.

— Je voudrais qu’il soit inscrit « Rat-clure » en lettres imprimées en dessous du dessin.

Je sens le regard de Baronne posé sur moi : elle essaie de lire en moi comme dans un livre ouvert. Malheureusement pour elle, mes pages sont soit violemment arrachées, déchirées et jetées au loin, soit blanches. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je viens me faire tatouer.

— Est-ce que ce tatouage a une signification spéciale pour toi ?

— Oui… Je vais devoir vous parler un peu de moi. Je m’appelle Pom. Le pommier était l’arbre préféré de ma maman. Elle aimait en sentir l’odeur dans le vent et voir les pétales de ses fleurs tomber en pluie colorée au printemps. Elle est morte en me donnant naissance. Mon papa a voulu lui rendre hommage en m’appelant comme le fruit de son arbre préféré. Après tout, j’étais le fruit de leur amour, même si la fleur qui m’avait formée pendant neuf mois était à présent fanée. Mon père a fait du mieux qu’il a pu pour m’éduquer seul, mais il était très – voire trop – protecteur. Je me sentais oppressée par cet amour paternel, tellement puissant qu’il m’étouffait. J’étais comme une princesse de conte de fées enfermée en haut de sa tour : j’avais tout ce qui suffisait à mon bonheur, mais j’avais une soif insatiable de liberté, une envie irrépressible de découvrir le monde par moi-même et chaque nouvelle forme d’enfermement m’amenait plus proche du point de rupture. J’avais seize ans quand j’ai rencontré un garçon séduisant, il en avait vingt-cinq. J’ai cru au prince charmant, qui venait me sauver sur son beau cheval blanc. Je me suis enfuie de chez moi avec lui.

Les deux femmes m’écoutent attentivement, peinées par mon récit. Elles ne m’interrompent cependant pas, ce dont je leur suis reconnaissante.

— Pour continuer la comparaison avec le conte de fées, je dirais que je l’ai laissé entrer dans ma tour en croyant qu’il volait à mon secours. En fait, il m’a emmené dans un autre donjon entouré de hautes ronces… Pendant tout un temps, j’ai aimé ces ronces. J’étais grisée par la sensation de liberté, de vivre enfin ma propre vie malgré quelques querelles. Je n’avais jamais connu l’amour avant lui, j’ai d’abord pensé que c’était normal. J’ai bien vite réalisé que j’avais juste changé de prison. Mon compagnon était très jaloux, violent et il n’hésitait pas à me rabaisser pour la moindre petite chose. J’ai subi des humiliations morales et physiques pendant des années, mais je n’arrivais pas à sortir de cette relation. Chaque fois que je menaçais de le quitter, il me suppliait de rester, redevenant pour quelques jours le gentil garçon que j’avais aimé au début de notre relation. Aujourd’hui, je suis fière de pouvoir vous dire que c’est fini et que je peux enfin vivre ma vie comme je l’entends !

— Quelle triste histoire. Je suis contente que tu t’en sois sortie. Toutes les femmes n’ont pas la force de se libérer de ces relations toxiques. Je serai d’autant plus heureuse de t’encrer ce projet qui te tient tant à cœur. Je comprends la pomme et les pépins, ainsi que l’imprimé, mais pourquoi avoir choisi un rat, si ce n’est pas indiscret ? Juste pour le jeu de mots ?

— Non, c’est l’animal que j’ai toujours rêvé d’avoir. Pendant et surtout après les crises de colère de mon ex, j’avais besoin de douceur et d’affection. J’aurais adoré avoir une petite boule de poils qui se serait blottie dans le creux de mon cou pour me réconforter. Malheureusement il m’interdisait de prendre un animal, disant que ça ne servait à rien à part à faire du bruit et à engendrer des frais inutiles. Me faire tatouer un rat, c’est une manière de lui dire : « Tu ne pourras plus jamais m’interdire quoi que ce soit ».

Baronne me fixe un instant puis semble prendre une décision. Elle me fait un signe de tête.

— J’aimerais te parler de quelque chose mais pas ici, on va passer à l’arrière-boutique pour être plus tranquilles.

Intriguée, je me lève et la suis alors qu’elle emporte son matériel à dessin dans la pièce du fond. Cet endroit n’a plus rien à voir avec l’entrée de la boutique. Les murs sont blanc immaculé. Il y a trois espaces délimités par des cloisons en métal. Des feuilles de calques avec les projets qui vont bientôt être tatoués sont aimantées aux murs métalliques. Un siège modulable en cuir attend dans chaque alcôve que le prochain client s’installe. C’est dans ce fauteuil que Baronne m’invite à m’asseoir, alors qu’elle se place sur un tabouret en face de moi.

— Tu sais que mon nom d’artiste est Baronne Samedi. As-tu une idée de l’origine de ce pseudonyme ?

Mon regard perplexe et mon absence de réponse l’invitent à continuer.

— Il y a quelques années, j’étais comme toi. À la botte d’un mec qui ne me respectait pas. Lorsqu’il m’a lâchée pour la quatrième fois, j’ai décidé de partir loin pour me changer les idées. J’étais déjà tatoueuse mais ce voyage a changé ma vie. Je me suis retrouvée en Louisiane, à La Nouvelle-Orléans, invitée en guest pour tatouer durant un mois dans le salon Voodoo Parlor. J’étais dans la capitale du jazz, de la culture créole et surtout de la magie vaudou. Une native a ressenti ma peine lorsque je la tatouais et m’a prise sous son aile. Elle m’a enseigné la pratique de la magie et m’a aidée à faire disparaitre la douleur.

— Tu veux dire qu’elle t’a fait oublier ton ex ?

— En fait, je dirais plutôt qu’elle a contribué à faire disparaitre l’objet de mon malheur, dit-elle avec un sourire espiègle.

— Tu sous-entends… que tu l’as tué ? Je ne veux pas me salir les mains et puis jamais je n’aurais la force de commettre un meurtre !

— Pas si vite ! Je ne t’ai pas dit que je l’avais tué de mes mains. La magie vaudou est complexe et sa portée est vaste. Son panthéon compte de nombreuses divinités. Celui qui nous intéresse, c’est le Baron Samedi. Il est l’esprit de la mort et de la résurrection. Tu ne vas que lui proposer l’âme de ton tortionnaire via un long rituel. Si le Baron estime qu’il mérite de mourir, il lui volera son temps de vie et l’incarnera dans une autre entité. C’est là que j’interviens.

— Je déteste mon ex mais je ne sais pas si j’en suis au point de vouloir sa mort. Tout est fini à présent.

— J’ai bien écouté ton histoire et je te comprends. Je sais pour l’avoir vécu à quel point c’est dur de lâcher prise et surtout comme c’est facile de rechuter. Cette mauvaise expérience m’a marquée à jamais et je vois dans tes yeux que c’est pareil pour toi. Les cicatrices qu’il t’a laissées ne partiront jamais. Je peux t’aider à en acquérir une nouvelle qui les couvrira toutes, les visibles comme les autres. Attention toutefois : le Baron n’apprécie pas qu’on le dérange pour rien. Si tu lui mens par orgueil ou vengeance, il le saura et tu en paieras le prix.

Mes pensées sont confuses. Je n’aurais jamais envisagé cette possibilité. Tout ce que j’ai fait, c’est fuir le plus loin possible. J’ai une chance que tout s’arrête définitivement. Dois-je la saisir ?

— Je vais y réfléchir.

— Je ne te force à rien mais je peux t’aider si tu le veux. Sache cependant que, si culpabilité il y a, toi seule en auras la responsabilité. Je ne ferai que guider tes pas. J’ai assez de renseignements pour te faire ton projet. Donne ton mail et ton acompte à l’entrée, je t’enverrai ton dessin ainsi que les instructions à suivre si tu veux aller au bout de ce dont on vient de parler.

*

J’arrive cinq minutes à l’avance pour le rendez-vous. Comme c’est mon premier encrage et que j’ai accepté l’offre vaudou de Baronne, nous avons convenu de trois rencontres pour achever le tatouage et le rituel. La jolie brune me fait signe de passer à l’arrière : Baronne Samedi est prête à me recevoir.

C’est dans l’arrière-salle que la magie opère, que la chirurgie se déroule. Tout est stérilisé, sous contrôle. Je découvre cet endroit pour la seconde fois, d’un œil bien plus anxieux. Le tatouage est réputé douloureux. Étant donné le nombre de gens qui s’y adonnent, je suppose que c’est une douleur supportable mais je ne peux que présumer.

— Tu peux enlever ton pantalon, je vais placer le calque sur ta cuisse.

La pose du calque laisse une impression de froid sur ma peau. Durant cette première séance, les contours de mon projet vont être tracés. Le dessin est magnifique. J’ai à la fois hâte et peur de commencer : peur de l’inconnu et d’une nouvelle souffrance, mais également hâte de vivre à nouveau et de m’investir dans cette aventure.

J’ai suivi à la lettre les instructions de Baronne : chaque matin et chaque soir, je devais me placer devant mon miroir, répéter une incantation trois fois et boire cul sec un shot de rhum – la boisson favorite du Baron Samedi. Si mes rendez-vous sont étalés, c’est aussi parce que l’alcool fluidifie le sang – il n’est pas recommandé de boire avant de se faire tatouer – et qu’il ne faut pas que je sois trop affaiblie par la perte de sang.

— Tu es prête ?

Je ne sais pas si je le suis, mais je réponds par l’affirmative.

— Tu peux t’allonger. Je vais commencer, détends-toi et pense au monde tel qu’il sera sans ton bourreau des cœurs. N’oublie pas les offrandes de rhum toutes les demi-heures.

Le grésillement de la machine se met en route. Je vois Baronne tremper le bout de ses aiguilles dans un petit pot d’encre. Je serre les dents en attendant le contact. Une sensation de brûlure envahit la zone touchée par la machine et un léger picotement reste en écho sur ma peau une fois que les aiguilles se lèvent.

— Regarde un peu par ici.

Baronne passe le bout de son doigt ganté de latex sur le mélange de sang et d’encre à la surface de mon épiderme. Elle trace un symbole sur mon front, censé attirer l’esprit du Baron Samedi et lui communiquer ma demande.

Deux heures plus tard, Baronne m’annonce que c’est terminé pour aujourd’hui. Je suis fatiguée mais soulagée : cette première étape est finie et le résultat est à la hauteur de mes attentes. La tatoueuse me demande de noter le nom de mon ex sur un mouchoir, qu’elle passe ensuite sur mon tatouage, effaçant les dernières traces de sang et d’encre. Elle prend ensuite la bouteille de rhum, en verse sur ma cuisse, puis sur le bout de papier. Elle finit le rituel en récitant une formule tout en brûlant le carré froissé, qui s’embrase et se consume rapidement grâce à l’alcool. Après les recommandations d’usage, je quitte le salon de tatouage, l’esprit apaisé.

*

Je m’avance vers la porte du salon de tatouage le sourire aux lèvres. Baronne est devant en train de fumer une cigarette. Elle me dit de passer directement à l’arrière. Elle me rejoint quelques minutes plus tard, suivie par une légère odeur de tabac froid.

— Aujourd’hui, on passe aux ombrages. C’est souvent ce qui est le plus douloureux, parce que beaucoup plus d’aiguilles te piquent en même temps, mais ça prendra beaucoup moins de temps que la première fois. On continue toujours l’invocation ?

— Bien sûr ! Mon ex m’a recontactée la semaine dernière pour me dire qu’il ne se sentait pas bien, qu’il avait besoin de moi et que sa maladie était sûrement due à mon absence. Il a encore une fois essayé de me faire culpabiliser mais je n’ai pas cédé. Ça m’a même plutôt motivé pour la suite ! Je ne veux plus avoir à supporter ça. J’en ai marre. Je veux être libre.

— Très bien, allonge-toi comme la dernière fois, ça sera très bien.

Je ne suis pas encore sûre que la magie soit vraiment efficace mais si ce n’est pas le cas, c’est une drôle de coïncidence. Je n’ai plus peur de la douleur. J’ai même hâte de sentir les aiguilles pénétrer ma peau et mordre ma chair. L’encre rentre et mes soucis s’effacent. Je comprends mieux pourquoi de plus en plus de gens se font tatouer. Je ferme les yeux et pense à mon avenir. La brûlure est plus forte, plus intense. Je ressens les vibrations de la machine à travers tout mon corps, tout mon être. Après une heure, Baronne m’annonce qu’elle a fini. Je suis au bord des larmes – larmes de douleur et larmes de joie. Mon calvaire arrive à sa fin. Plus qu’un rendez-vous.

*

— Bon, plus que le lettrage. Vu comme tu as tenu pour les ombrages, il ne devrait pas y avoir de problème. Est-ce que tu as eu des nouvelles de ton persécuteur ?

— Oui, il y a quelques jours. Son meilleur ami m’a appelé. Il a dû être emmené à l’hôpital d’urgence. Un mal inconnu le ronge, empêche qu’il reprenne des forces. Selon son ami, c’est comme si quelqu’un aspirait sa vie petit à petit. Il appelle sans cesse mon nom et demande à me voir, mais je refuse. Son meilleur ami ne m’en veut pas. Il sait tout ce que j’ai enduré. Il n’a rien fait pour l’empêcher. Il est un peu responsable de mon malheur passé mais je peux comprendre. L’amitié avant tout, dis-je avec un petit sourire triste sur les lèvres.

— Le Baron semble penser, comme toi, qu’il ne mérite pas de vivre. Je suis heureuse de pouvoir participer à ta libération et à ta renaissance. On s’y met ?

Je me sens un peu coupable. Lorsque Baronne lèvera ses aiguilles pour la dernière fois, le rituel sera complet. Plus rien ne pourra empêcher sa réalisation. Pendant la progression du lettrage, je repense à tous ces mauvais moments passés, toutes ces humiliations, tous ces coups encaissés sans rien dire. Plus rien ne me lie à lui à part de mauvais souvenirs. Il faut que je fasse en sorte qu’il ne puisse plus faire de mal à personne. C’est un mal pour un bien. À présent, je ne regrette plus ce choix. Quand le « e » final est posé et que le rhum est versé, je ressens une sensation étrange. Comme si un souffle étranger parcourait mes poumons, les doutes qui m’oppressaient encore la poitrine il y a quelques instants s’envolent. Je respire enfin. Je suis libre.

*

Je passe une dernière fois la porte du salon. Je viens officiellement pour faire les retouches de mon tatouage, après cicatrisation. Il n’en a cependant pas besoin, je le sais. Il est parfait. En fait, c’est surtout pour remercier Baronne et le Baron Samedi pour leur aide que je reviens à la boutique. Ma vie a tant changé depuis le mois dernier. J’ai renoué contact avec mon père, j’ai pris un appartement et j’ai trouvé un travail dans une petite librairie de quartier. J’ai aussi un nouvel ami qui ne me quitte jamais et qui court sur ma peau jour et nuit. Quand Baronne me parlait de transfert de vie et de récipient pour la contenir, elle ne parlait pas au figuré.

— Pom ! Comment vas-tu ? Montre-moi comment va ton nouveau bijou de peau !

Je découvre mon épaule.

— Il est magnifique, regarde par toi-même.

Je souris à la tatoueuse. Nous sommes toutes les deux ravies du résultat de notre collaboration. Encré à vie, mon rat est ma fierté, même si je suis la seule à pouvoir réellement l’apprécier à sa juste valeur. Il est plein de vie, grâce au Baron Samedi. Un rêve devenu réalité. Mon rat s’appelle Liberté.

 

Ou en PDF http://www.phenixweb.info/sites/default/files/Pour-la-vie-mathilde-guill...

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