Poster Girl

Je n’ai pas lu Divergente, je découvre donc l’écriture de Veronica Roth. Ce roman est lui aussi de la catégorie « young adult » et raconte, comme c’est généralement le cas, comment l’héroïne va passer à une vision adulte du monde, alors que, depuis son emprisonnement, elle se complaît dans ses souvenirs et est tout à fait ignorante de l’évolution du monde extérieur.
Parce que nous sommes dans un futur possible, tout à fait dyschronique (rétablissons Chronos dans ses droits, l’histoire se passe dans un temps futur, pas dans un lieu imaginaire) : les États-Unis ont disparu, le pays où l’action se passe est une mégalopole centrée sur Seattle, qui a connu un régime techno-écolo-dictatorial, la Délégation, dans lequel l’héroïne, Sonya, encore enfant et fille d’un des dirigeants, a vu son portrait affiché partout sur des affiches de propagande, ce qui fait qu’on la surnomme Poster Girl (la traductrice a écrit, dans le texte, la Fille de l’affiche, mais on comprend l’éditeur d’avoir préféré son surnom original pour le titre). Puis, dix ans avant l’histoire du roman, une révolution a installé un nouveau régime, le Triumvirat ; ceux des membres importants de la Délégation qui n’ont pas été tués comme le fiancé de Sonya ou qui ne se sont pas suicidés comme son père, sa mère et sa sœur, sont enfermés dans un quartier-prison, l’Objectif, proche des digues qui protègent Seattle de l’engloutissement. Et voila que, après qu’une loi nouvelle a rendu la liberté aux plus jeunes enfants prisonniers, mais pas à Sonya, trop âgée, un représentant du Triumvirat vient lui proposer de retrouver sa liberté en échange d’une enquête : elle doit retrouver une adolescente volée à ses parents par les dictateurs. Cette enquête va permettre à Sonya de faire nombre de découvertes sur le passé, celui du pays, celui de ses parents et même le sien, mais aussi sur le présent…
Un récit cohérent, intéressant, sur un monde possible… À travers le roman d’apprentissage et l’enquête policière, le roman évoque, aussi, un certain nombre de questions politiques, psychologiques ou sociologiques applicables à notre présent. Sans être une œuvre majeure, il mérite une lecture au-delà du seul récit.
Poster Girl, de Veronica Roth, traduction Alice Delarbre, Pocket n° 17734, 2024, 411 p., couverture de Pierre Béronie, ISBN 978-2-266-30617-2