MAINGUET Pierre 01
Petite présentation à nos lecteurs : qui êtes-vous ?
Né il y beaucoup trop longtemps à Bruxelles, mais de parents ardennais et j’y tiens !
Professeur retraité de l’Institut des Arts de Diffusion. Passionné de musique classique. Je pratique la photo, les collages quotidiennement comme l’écriture. Faux sage et hypocondriaque de naissance, j’amadoue sournoisement mes angoisses multiples et variées.
Je préside une association qui s’appelle la Maison des Artistes, à Court-Saint-Étienne. Tous les deux ans nous organisons un parcours d’artistes (plus de septante participants cette fois-ci) et l’autre année un parcours musical. Plus de cinquante concerts chez les habitants et en d’autres lieux de la commune. De Schubert au hip-hop en passant par la musique folk… J’anime un cinéclub mensuel dans une autre association, le Courlieu.
Comment en êtes-vous venu à l’écriture ?
Dès l’adolescence, j’étais un lecteur acharné. A quinze ans, Montherlant me fascinait, de même qu’Henri Michaux… Le goût d’écrire m’est venu très tôt, mais je ne l’ai vraiment fait qu’à partir de cinquante ans. Arrivé à cet âge, je me suis dit : c’est maintenant ou jamais, mon petit bonhomme ! Et Peter Manneke est paru deux années plus tard aux éditions Luce Wilquin. Puis Tant de choses à vous dire co-écrit avec Anne Claire Cornet. Puis Mines de rien. Puis Le silence ne répond jamais chez Academia-l’Harmattan…. Et je pense que je n’arrêterai pas de sitôt !
Comment écrivez-vous ? Avec acharnement ? Avec de la musique ?
De la musique en permanence. Du lever au coucher du soleil, même avant et plus tard aussi. Classique uniquement. CD ou radio. De préférence France Musique ou Musiq3.
L’acharnement n’est pas mon fort. La patience, le long cours oui !
Quelles sont vos autres passions ?
Le collage. Je découpe, déchire, entaille de luxueuses revues d’art pour reconstruire des formes étranges ou surprenantes. C’est aussi fascinant que l’écriture. On se laisse mener par des formes, des couleurs, des rythmes toujours renouvelés. C’est plus instinctif que l’écriture. Pour moi, les deux disciplines se complètent.
Pourquoi l’écriture ? Quel est, selon vous, le rôle de l’auteur dans notre société ?
Je n’ai jamais pensé avoir un rôle quelconque dans notre société et je suis toujours surpris par les réactions des lecteurs qui découvrent mille et une choses dans ce que j’écris. Un témoin, peut-être. De moi-même et du monde tel que je le ressens. Tout témoignage, pourvu qu’il soit sincère et tente d’aller au plus profond de soi ou de ses personnages, trouvera un écho chez le lecteur. Faire rêver, sourire, émouvoir, peut-être réfléchir quelques secondes sont déjà de sacrées ambitions…
Quel est votre auteur préféré ?
Jim Harrison. Pour le moment !
Qui sont vos héros dans la vie réelle ?
Donald Trump ! Son absence totale de décence et de retenue me fascinent. Les psychiatres vont se régaler avec lui…
Chaque personne honnête devrait avoir l’humilité de reconnaître que nous sommes chacun nos propres héros. Déchus ou flamboyants, qu’importe ! Qu’est-ce qui nous intéresse vraiment à part nous-mêmes… en compagnie d’autrui ! Mais aussi, quoi de plus passionnant que ces « autrui », également héros de leur destinée. La terre est peuplée de héros…
Comment est venue l’idée du Silence ne répond jamais ?
Après le suicide conjoint d’un couple de personnes proches. Tous deux souffraient d’un cancer. Ils l’ont fait en toute lucidité, sobrement, discrètement. Pas question de névrose ou de désespoir. Un suicide bien propre, à l’insuline. De quoi réfléchir, non ? C’est ce que j’ai fait… J’ai beaucoup lu sur le sujet. J’épinglerais particulièrement la sublime lettre d’André Gorz à son épouse. Ensuite le personnage de Nelson m’est advenu. Par son intermédiaire, je voulais alors me mettre dans la peau de quelqu’un qui se posait cette question ultime avec une certaine froideur mais aussi avec détermination. Quelqu’un de paradoxal aussi, amoureux de la vie bien que celle-ci ne l’ait pas épargné, d’où est venue l’idée du « carnet rouge » dans le roman.
Quelles sont les idées maitresses de votre livre ?
Et bien non ! L’idée maîtresse du livre n’est pas que l’amour nous sauve de la mort ! Je dirais plutôt que quoi qu’il advienne, la vie vaut d’être vécue jusqu’au bout. Je pense que la plus grande des qualités est la curiosité. Curiosité envers les êtres et les choses, et Nelson, bien que déterminé à en finir, retrouve au fil des événements cette curiosité qui l’avait abandonnée. Mais il est également difficile de se dépêtrer d’un passé trop lourd qui peine à trouver sa juste place. C’est aussi le combat de Nelson.
Finit-on toujours par prendre le dessus plutôt que de « mourir de trop aimer » ?
A chacun sa vérité, comme disait l’autre ! En l’occurrence Pirandello. Impossible de généraliser à ce propos.
La scène du cimetière est-elle libératoire ?
Et comment ! Infiniment jouissive ! Oser dire les choses. Dans la vie, trouver la manière juste de le faire pourrait nous éviter bien de déboires, d’accord ! Il est vrai qu’il est parfois bon de se taire, mais cette scène bouscule tous les interdits et Nelson mène son petit jeu à la limite du pensable. Aller jusqu’au bout, c’est ce qu’il s’était dit et peut-être retrouve-t-il là un plaisir qu’il ne croyait plus possible. Il a osé. Cela peut également être salvateur.
Y a-t-il quelque chose que vous auriez voulu dire sur votre livre mais que personne ne vous a encore demandé ?
J’ai envie de dire un mot du Cap’taine Philo, un des personnages du livre. Aussi fou que cela puisse paraître, il a existé. C’était le fils d’une prostituée bruxelloise. Son regard bovin, ses montres de contrebande et son côté prédicateur, tout est vrai. La vie nous apporte souvent des cadeaux improbables.
Last but not least une question classique : vos projets ?
J’ai en chantier un nouveau roman. Il s’appellera sans doute Cabotages.
J’attends la décision de mon éditeur (!!!) à propos d’un autre que je lui ai déposé. C’est Sugar free…
J’exposerai mes collages en mars 2017 au Parcours de Court-Saint-Étienne.
Pour le moment, ça suffit…
Critique du Silence ne répond jamais ici
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