Partis avec l'autobus vers l'au-delà...

La géométrie de l’au-delà va changer : Jacques Sternberg est parti la redessiner


Eh oui, il vaut mieux (essayer d’) en rire qu’en pleurer. Jacques Sternberg a quitté ce monde mercredi dernier 11 octobre 2006, et laisse à tous ceux qui ont (en partie) découvert la SF grâce à ses courtes nouvelles aussi percutantes que surprenantes, un regret immense.

Auteur plus surréaliste que vraiment SF ou fantastique, doté d’un sens de la formule et d’un humour absolument unique, il nous avait, dans les années 50 et 60, offert un grand nombre de livres qui font honneur à toute bonne bibliothèque.

Qui a lu La sortie est au fond de l’espace ou Entre deux mondes incertains ne peut plus lire de la SF sans un regard amusé en coin.

Mais il ne faut pas oublier ses autres œuvres comiques, comme Un Jour ouvrable, L’Employé, C’est la guerre, Monsieur Gruber, etc…

Posséder ne serait-ce qu’un numéro du Petit Silence illustré est un must.

Même ses romans « sentimentaux » comme Sophie, la mer et la nuit, publié au Livre de Poche ou Le cœur froid, en 10/18, aussi éloignés soient-ils de la SF, ne déçoivent pas le lecteur.

Depuis quelques années, l’âge et la maladie l’avaient enfermé dans une quasi-réclusion. La mort lui rend-elle sa liberté ? Son fantôme viendra-t-il nous secouer, comme ses livres ont su le faire ?

Adieu Jacques, si tu nous manques déjà, tes œuvres nous permettent de te conserver un peu.

*

Je reprends, en ne la retouchant que occasionnellement, la page qui vient d’être mise à jour sur Wikipedia. Elle dit l’essentiel, le reste est à chercher dans les œuvres de Jacques Sternberg.

Jacques Sternberg (Anvers, 17 avril 192311 octobre 2006) est l’auteur de romans et de nouvelles touchant à la science-fiction et au fantastique.

Biographie : Il est né d’un père diamantaire d’origine russe mort à Auschwitz. Il commence à écrire dès l’âge de 15 ans et se tourne vite vers le fantastique et la science-fiction. Il pratique le métier d’emballeur, puis s’installe à Paris dans l’espoir de se faire éditer. Son patron lui dira « Sternberg, bonne chance ; nous perdons un mauvais écrivain mais un grand emballeur. ».

Ses débuts seront difficiles, son style étant inclassable.

Il est décèdé le 11 octobre 2006 d’un cancer du poumon.

Son œuvre : Jacques Sternberg était romancier, pamphlétaire, essayiste, journaliste, chroniqueur, préfacier, etc…

Il a également écrit le scénario du film Je t’aime, je t’aime d’Alain Resnais.

Avec 1089 textes répertoriés à ce jour, J. Sternberg peut se targuer d’être le nouvelliste le plus prolifique du XXe siècle ! Après avoir participé en 1962, avec Jodorowsky, Topor et Arrabal, à la fondation de Panique, il fit beaucoup dans les années 1970 pour la diffusion et la reconnaissance de la nouvelle française des XIXe et XXe siècles, de la nouvelle étrangère aussi avec la série des anthologies Planète : Les Chefs-d’œuvre du fantastique, Les Chefs-d’œuvre de l’épouvante, etc. Depuis toujours, il ne cessait de militer pour le genre de la nouvelle :

« Écrire un roman de plus de 250 pages est à la portée de n’importe quel écrivain plus ou moins doué […] Mais écrire 270 contes, généralement brefs, c’est une autre histoire. Ce n’est plus une question de cadence, mais d’inspiration, cela demande 270 idées. »(préface aux Contes glacés)

« ...je ne vibre vraiment qu’en écrivant des nouvelles - avec chutes et sujets bien précis - et je naufrage généralement au cours d’un roman. D’ailleurs, je n’en lis presque jamais, je m’y ennuie. Même en dessous de trois cents pages, je les trouve presque toujours épuisants, interminables, et si souvent radotés par d’autres. »(Nouvelles Nouvelles, n° 23, été 1991, p. 40)

« Après avoir publié une vingtaine de romans généralement étirés en une suite d’épuisantes anecdotes, il écrivit un jour un recueil de nouvelles sans se rendre compte qu’il s’attaquait à un genre qui supportait mal le manque absolu d’imagination et la prolixité dans le vide. »(Contes griffus, p. 134)

Il y fait également preuve d’un sens de l’humour indéniable :

« Quand les énormes insectes venus d’autre part virent pour la première fois des hommes de la Terre, ils notèrent, stupéfaits et très effrayés : ce sont d’énormes insectes. »(Contes brefs)

Bibliographie (liste non-exhaustive)Nouvelles (recueils)

- La géométrie dans l’impossible (1953)

- Entre deux mondes incertains (1957)

- La géométrie dans la terreur (1958)

- Manuel du parfait petit secrétaire commercial (1960)

- Univers Zéro (1970)

- Futurs sans avenirs (1971)

- Contes glacés (1974)

- 188 Contes à régler (1988)

- Contes griffus (1993)

- Dieu, moi et les autres (1995)

- 300 contes pour solde de tout compte (Belles Lettres, Paris, 2002)Essais

- Une succursale du fantastique nommée science-fiction (1958)

- Lettre ouverte aux Terriens (1974)

- Profession mortel (Belles Lettres, 2001) (autobiographie)Romans

- Le délit (1954)

- La sortie est au fond de l’espace (1956)

- L’employé (1958)

- L’architecte (1960)

- Un jour ouvrable (1961)

- Toi, ma nuit (1965)

- Attention, planète habitée (1969)

- Le cœur froid (1971)

- Sophie, la mer et la nuit (1975)

- La banlieue (1976)

- Suite pour Eveline sweet Evelin (1980)

- Le Shlemihl (1989)

- Histoires à dormir sans vous (1990)

- Histoires à mourir de vous (1991)Autres publications

- Dictionnaire du mépris (1973)

- Topor (1978)

- Théâtre. Kriss l’emballeur, Une soirée pas comme les autres (1979)

- Dictionnaire des idées revues (1985)Profession mortel : fragments d’autobiographie (2001)

Christophe

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Ce 29 septembre, Michel Demuth est lui aussi monté à bord de l’autobus du dernier voyage.

Né à Lyon, le 17 juillet 1939, Jean-Michel Ferrer, son véritable nom, publie très jeune, en 1958, Marginal II, sa première nouvelle dans la revue Satellite. Y paraîtront plus de 10 nouvelles comme Le retour de Yerkov et un roman La Cité des étoiles.

De la revue Galaxie, aux fanzines comme Mercury et Lunatique, il écrit beaucoup de 1960 à 1967 pour Fiction et développe un cycle « Galaxiales », une histoire futuriste qui chaloupe de 2020 à 4000, de l’Eté étranger à Le sceau de Syoise.

Cette œuvre ne sera jamais achevé : Michel Demuth s’est consacré à sa fonction au sein de Fiction et à une carrière de traducteur des œuvres anglophones. On lui doit les traductions du célébrissime « Dune » de Frank Herbert.

Rédacteur en chef de Galaxie, il devient directeur de collection chez Opta, au Livre de poche et de la collection Le Masque.

Il s’est aussi un peu adonné au scénario de BD avec Yragael, avec Phillipe Druillet.

Ses derniers textes sont parus dans Bifrost et il a coordonné un recueil de romans chez Omnibus sur le thème des « Catastrophes »

Il obtient le Grand Prix de la Science-Fiction Française en 1977 pour les Galaxiales.

Une bibliographie est disponible à cette adresse :

http://home.nordnet.fr/ aleyssens/auteur/demuth.htm

Véronique

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Commentaires

Bonjour,

Je voulais vous signaler que La dernière goutte, éditeur, réédite le roman de Jacques Sternberg intitulé "Le Délit".

Toutes les informations sont disponibles sur notre site Internet :

www.ladernieregoutte.fr

Bien cordialement,

La dernière goutte