Parasite

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Au coeur de la forêt de Raismes, près de Valenciennes, quatre adolescents repèrent un monastère en ruine. Ils y découvrent une crypte condamnée, où résonnent encore les pratiques d’un culte païen. Ils ne sont pas seuls. Tapie dans l’ombre, une menace les guette… 

 

Parasite… Un parasite est un organisme qui s’infiltre en vous. Il vit à vos dépens et met votre organisme en danger, l’affaiblissant, le pompant, modifiant l’être que vous êtes pour se nourrir et user de vous.

Quoi de plus terrifiant qu’être à la merci d’un hôte indésirable ? Quoi de plus terrible qu’être livré à ce parasite ?

4 jeunes adolescents enfourchent leur bicyclette pour vivre les derniers instants de leurs vacances d’été. 1982 … J’avais 16 ans en 1982 et même si j’étais alors plus âgée que ces mômes, je me souviens très bien de mes préoccupations 2 ans plus tôt. Partir à vélo explorer les forêts environnantes, faire les 400 coups avec mes potes, nous foutre la trouille, penser avoir découvert le Graal au détour d’un chemin sous la forme d’une vieille ruine que nous pensions être les premiers à explorer, fumer en cachette croyant nos parents assez stupides pour ne pas s’en apercevoir et nous croire immortels… surtout nous croire immortels, et bêtement nous croire immortels.

Quand j’ai découvert les premières pages de Parasite, j’ai été immédiatement projetée dans les années 80 auprès de gamins qui auraient pu être mes amis, qui ressemblaient à s’y méprendre à mes amis. Et c’est troublant. Arnaud Codeville nous livre là une peinture extrêmement réaliste de ces années-là. On a tous croisé et fréquenté des Alexandre, Samuel, Chloé et Ben ; mieux, on a tous de ces petits en nous. Leur univers n’est ni caricatural ni banal, il est juste le reflet de la réalité. L’auteur aborde leur vie comme un portrait de la société minière des années post 30 glorieuses et ce portrait est douloureux car il nous renvoie à des heures difficiles dans le Nord de la France. Arnaud Codeville profite de son récit pour aborder des questions plus profondes comme la situation dans les bassins houillers qui terminent leur histoire après déjà 20 ans de crise. Il parle d’alcoolisme, de chômage, de violences familiales, de décès. Ces gosses en ont déjà bien bavé avant de faire la rencontre de leur vie. Et cette rencontre va bouleverser leurs jeunes existences déjà bien malmenées.

J’avais un jour dit que ce que j’aime chez un auteur, c’est sa capacité à me raconter son histoire en provoquant chez moi des ah, des oh, des rires, des larmes, de l’inquiétude voire de la peur et surtout du wiiiiz. Bref de me surprendre ! Ce roman a provoqué tout ça chez moi.

Les personnages ont une épaisseur qui est déroutante. Ils sont toujours vrais et ont cette étonnante capacité qu’ont les adolescents à garder leur âme de mômes à l’approche de l’âge adulte. Vous savez, cette incroyable aptitude à rire malgré les pires situations, ce don qu’on perd en gagnant du poil au menton. En outre, le style très visuel, très cinématographique d’Arnaud Codeville permet à ce récit d’offrir des accents de véracité troublants, très propices à la peur. La plume de l’auteur prend de l’assurance et cela pour notre plus grand plaisir. Plus sûre mais aussi plus fine elle progresse de roman en roman et ce que j’avais perçu avec La tour de sélénite qui se confirmait avec 1974 éclate dans Parasite.

 

Un parasite n’est jamais bienveillant, il est dangereux pour son hôte. Peut-être est-il déjà en vous ?

Je ne peux que vous souhaiter de ne pas sortir indemne de cette lecture et qu’elle vous accompagne au-delà du sentiment de peur sur un continent qui porte le nom de Terreur.

 

Parasite  par Arnaud Codeville, auto édition,  ISBN 2955299146 , 16 €, http://www.arnaudcodeville.fr/

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