Pandemonium Follies

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4ème de couverture

Imagine... Des hectares de terre recouverts de stèles immenses dont les épitaphes, vulgaires mensonges laissés à la postérité, témoignaient de langues que plus personne ne comprenait. Imagine les miroirs, noirs du reflet de tous les morts qui s'y étaient noyés. Imagine, le cortège infernal qui s'étendait du levant au ponant comme autant d'armées d'enfants livrés à eux-mêmes, déambulant, fous et hagards, incapables de savoir comment se diriger. Imagine que tout cela soit vrai. Que tout ce que l'on t'a dit, que tout ce que l'on t'a appris, n'existe pas. Que tout n'est que mirages. Mirages et illusions. Que la vérité, elle, est ailleurs.

 

Selon le poète John Milton (1608-1674) Pandemonium serait la capitale des enfers, l'endroit d'où Satan régnerait sur ses légions de démons. Depuis, ce nom est entré dans le langage courant. Il désigne désormais le lieu où règnent la corruption, le chaos, le désordre et la fureur.Pandemonium follies regroupe en ce sens plusieurs textes appartenant à des genres littéraires différents, de ceux que l'on nomme mauvais (Fantasy, Polar, Science-Fiction, Fantastique).

Avec ce second recueil de nouvelles, Jean-Pierre Favard nous livre un mélange qui, comme précisé dans le quatrième de couverture, touche à tous les mauvais genres. Certains textes sont inédits, d’autres non.

Espérons que les lecteurs se montrent suffisamment curieux pour accepter de découvrir d’autres horizons. Et ce voyage, justement, l’auteur nous le propose avec tout le brio dont on le sait capable.

Cette diversité m’a justement ravi car elle décuple le plaisir de la lecture. Du même auteur, j’avais déjà littéralement dévoré Le destin des morts, qui naviguait de manière prononcée sur les eaux du fantastique avec les hantises pour fil conducteur, et L’asch Mezareph qui croisait l’histoire et l’ésotérisme.

Preuve de la grande maîtrise littéraire dont il fait preuve au sein de ce nouveau recueil, Jean-Pierre Favard ajoute toujours sa petite touche personnelle là où on ne l’attend pas tout en se permettant le luxe de croiser les genres dans une sorte de shaker géant duquel ressort, au final, un cocktail… délicieux !

Vous y croiserez un soupçon de Fantasy dans L’écuyer mais de légère, cette touche s’approfondira rapidement dans Désolation (et son mémorable Korrigan) qui fait irrémédiablement penser aux romans de R.E. Howard tant les thématiques abordées étaient chères à cet auteur mythique. Je ne connaissais pas Jean-Pierre Favard dans ce registre et je dois reconnaître qu’il tire fort habilement son épingle du jeu.

Un hommage marqué aux vieux films noirs, précisé d’entrée de jeu par la mention de la présence du personnage de Humphrey Bogart,  se fait dans Un cadavre sur les bras, une nouvelle gorgée d’humour… noir.

Le mystère est aussi présent, notamment au travers du superbe Witch Inc.

Camping sauvage, que j’avais déjà eu le plaisir de lire dans l’anthologie Ténèbres 2013, rappelle ces vieux films d’horreur avec veillées de feu de camp cauchemardesques.

Le truc nous livre un texte touchant oscillant entre romantisme et science-fiction tandis que Le petit livre noir se veut une ode à la créativité à travers la littérature.

Welcome to Punkland se fait sous forme d’un reportage au sein d’une société utopique. Non dénuée d’humour et de réflexion sociale, cette histoire est un petit bijou.

11 août 1999 nous renvoie aux prédictions de Paco Rabanne au travers d’un récit de survivance dans une ville envahie de zombies. Jouissif !

Le recueil s’achève sur Mal barré (au jour du jugement dernier). Nous y suivons un raté de compétition au gré des péchés capitaux. Prévisible mais amusante.

Vous l’aurez compris, un recueil de nouvelles à découvrir rapidement !

 

Pandemonium Follies de Jean-Pierre Favard, illustration de Sébastion Hayez, La Clef D’Argent, 12 €,  mars 2014

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