Heavy Liquid

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On l’appelle « S » ou encore « Le stooge ». Son job consiste à dealer du Heavy Liquid, cette métal-drogue rarissime que s’arrachent les mafieux et les hommes d’affaires. L’autre jour, il est tombé sur la perle rare. 14 kilos de Heavy Liquid volée au gang des Clowns. « Le stooge » s’en est mis quelques gouttes de côté, histoire de se faire un petit shoot de temps à autres, puis il a revendu l’ensemble à un riche collectionneur d’œuvres d’art. Un client plutôt zarbi qui va lui proposer un second contrat. Non pas pour voler du Heavy Liquid, mais pour retrouver la plus grande artiste de cette fin de 21ème siècle, Rodan Esperella. Il espère que celle-ci lui sculptera une œuvre fondue dans du Heavy Liquid. Une mission qui verra le passé du « Stooge » ressurgir.

Ce thriller futuriste est un événement. Ce n’est pas moi qui le dit, mais c’est l’éditeur lui-même. Et « Dargaud » a raison lorsqu’il lance un tel mot à la face de la presse. Car avec « Heavy Liquid », nous avons droit à tout ce qui fait un bon récit, bien noir. Un super anti-héros, des personnages contrastés, une plongée dans les Enfers, des dialogues percutants, un amour maudit, des courses poursuites haletantes et un cadre futuriste à la sauce Philip K. Dick.

Sans trop vous en dire, imaginez simplement un métal mystérieux. Nul ne sait d’où il vient, qui l’extrait et le diffuse sur le marché. Ce métal, lorsque vous le chauffez, explose. Une simple goutte et c’est de la nitro puissance 1000. Et ce n’est pas tout. Chauffez-le au bain-marie et vous obtenez une drogue hallucinogène hors du commun. Sur la langue, dans l’oreille, glissez-la n’importe où sur vous. Aussitôt, vos sens s’accélèrent, vous percevez les battements de cœur autour de vous, les conversations, vous les synthétisez dans la seconde, vous ressentez les émotions de centaines d’individus en même temps, limite si vous ne voyez pas l’invisible.

Autre aspect incontournable de cette bd. Une plongée dans les abîmes de New York. Des quartiers sombres, livrés aux mafias. Des caméras qui vous filment de partout. Des gadgets électroniques qui se glissent sous votre peau. D’autres qui vous permettent de voir ce que voient les caméras, de lire dans votre ADN. Plus besoin d’émissions de télé. Un type se fait tabasser au coin de la rue, un mec tire sa meuf dans un parc, c’est la vraie vie, la sale vie qui s’affiche sur vos écrans. Dans les mains d’un chasseur de primes comme « Le stooge », tous ces gadgets électroniques deviennent rapidement un outil monstrueux pour pister les gens.

« Heavy Liquid » est bel et bien le thriller noir futuriste le mieux réussi du moment.

Titre : Heavy Liquid

Scénario et dessin : POPE Paul

Editeur : Dargaud

Parution : octobre 2007

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