Etres de lumière (Les)
Bonjour à toutes et à tous ! (Vignettes clicables !)
Aujourd’hui, une superbe découverte graphique ! J’ai découvert chez un bouquiniste une série de grande qualité, Les êtres de lumière, en deux tomes, par Jean Pleyers, qui dessine également la série Jhen, sur des scénarios de Jacques Martin, dans la droite ligne d’Alix.
Ces deux albums, publiés en 1982 et 1984 aux éditions Les humanoïdes associés, ont été réédités en 1993 aux éditions Hélyode. Surtout, ne vous fiez pas au premier aspect des couvertures, qui pourraient rebuter, évoquant plus une bande dessinée de série Z !
Certes, nous sommes loin du récit contemporain à la Jorodowsky. L’histoire d’un peuple obligé de changer de galaxie en transformant leur lune en vaisseau, menacé par un autre peuple et un complot anarchiste, est sérieuse, menée au premier degré, sans humour. Elle évoque plus Edgar P. Jacobs, les récits SF des années 50, encore remplis de monstres, de figures extraordinaires, de batailles homériques à coups de fusil laser, certains récits de Métal Hurlant parfois aussi, par la réflexion sociologique et politique présente dans le récit.
Mais justement, ce type de récit est paradoxalement aujourd’hui très dépaysant, inédit ! Surtout servi par un graphisme flamboyant, des découpages évoquant là aussi Black et Mortimer dans leurs grandes aventures scientifiques. Les êtres de lumière empruntent la même forme de bande dessinée très littéraire, où le texte est très présent, tant dans les dialogues que les apartés explicatifs fort nombreux. Il faut bien prendre soin de tout lire pour bien ressentir le récit !
Nous sommes avec ces deux albums dans une invention permanente tant graphique que narrative. Des surprises nous attendent à chaque page, ainsi qu’une gestuelle des personnages des plus expressives dans leur bataille pour la survie. Sans cesse, le récit repousse les limites de l’imaginaire, explorant les possibilités graphiques les plus évocatrices ! Jean Pleyers tente et réussit de nous rendre par l’image la possibilité d’autres civilisations.
Un exemple de narration bien construite je trouve. La première planète où les Zoriens pensent s’installer à la fin du premier album est la Terre. L’on pense alors être parti pour une histoire classique d’invasion, même vu du point de vue de l’envahisseur. Et bien non ! Une guerre atomique provoquée par l’arrivée des Zoriens rend la Terre impropre, les Zoriens repartent ailleurs... Les Terriens n’auront pas été présents plus de sept pages, simple étape dans un prodigieux périple !
Un exemple de graphisme édifiant, l’Omniscient Ordinateur, OO, qui gouverne la Lune-vaisseau, tué par les anarchistes. Cette tête-cerveau, plantée sur une colonne verticale sans fin provoque la terreur lorsqu’on la découvre au détour d’une page...
A bien relire les deux tomes, je me suis rendu compte également que pour un récit du début des années 80, les thèmes sous-jacents sont toujours d’actualité, tels l’ordinateur à base biologique, les astéroïdes ou lune transformés en vaisseau, la fabrication d’êtres vivants soumis aux travaux pénibles, la résistance qu’engendre tout pouvoir, la dissimulation de la mort d’OO, véritable divinité pour le peuple, par le pouvoir qui craint une révolte.
La question de la colonisation, de l’affrontement entre autochtones et envahisseurs est aussi récurrente, presque obsédante dans le récit. A cet égard, la fin du tome 2 Le péril extrazorien et donc du récit, est remarquable, apportant non pas tant une morale qu’un appel à reconsidérer le sens même du mode de vie sédentaire zorien, c’est-à-dire le nôtre...
Vivre sur une planète n’est peut-être pas le seul mode de vie galactique !
Une histoire à découvrir pour les vrais amateurs de Science-Fiction, les deux tomes étant indissociables ! Les albums sont en vente d’occasion à bas prix sur Price Minister, j’ai vérifié !
Vous pouvez aussi visiter le mini site de Jean Pleyers.