PETROSKY Stanislas 01
Après la lecture de Requiem pour un fou, une évidence s’impose : vous êtes belge ! Avouez-le ! Pouvez-vous nous dire quand vous avez été enlevé et exfiltré vers la France ?
Vu qu’au départ je me suis déclaré Arménien, ce qui est complètement faux, pourquoi ne pas être Belge ? J’adore ce pays, ma marraine en littérature, Nadine Monfils, est une éminente dignité du Plat Pays, alors oui, j’avoue, je suis Belge et vive la bière !
Maintenir ce rythme de sauvage tout au long d’un roman, même court, c’est épuisant ? Ou c’est une tendance d’écriture naturelle ?
Je vais dire que pour moi, c’est naturel, que je suis plus un sprinter qu’un coureur de fond. C’est ce que j’aime lire, du roman court, prenant et qui « claque », ce que l’on nomme le roman de gare, ce bouquin qui doit être lu le temps d’un voyage en train…
Vous n’y allez pas avec le dos du goupillon à l’encontre du clergé organisé… Ça va ? Vous n’avez pas eu de souci avec Familles de France ? Ou les allumés de la Marche pour Tous ?
Aucunement, au contraire, j’ai des prêtres qui me lisent et qui aiment… Jamais je ne suis blasphématoire, j’exagère les comportements, c’est tout, mais je ne suis pas plus violent envers la religion que Don Camillo…
Votre inspiration, c’est clairement San A., avec un zeste d’eau bénite et quelques litres de nitro… Ce n’est pas paralysant de s’inscrire dans les traces d’un géant comme Frédéric Dard ?
Frédéric Dard, certes, mais Audiard, Blondin, Fallet, Simonin, Malet Boudard… Toute une génération qui écrivait de cette façon, presque du parlé, inspiré de la brève de comptoir.
On me compare souvent à San-Antonio, c’est un honneur, mais je n’ai nullement cette prétention…
La structure de votre histoire, elle est là, bien au chaud dans un coin de votre cerveau ? Ou l’écriture se résume surtout à une foire d’empoigne où vous tentez de ne pas vous faire dévorer par votre propre imagination ?
Je pars toujours d’un fait de société qui me dérange, me révolte… c’est mon point de départ. Après, on va dire que Requiem me dicte comment le traiter...
L’humour, l’aspect décalé, ça passe ou ça casse… Notre époque s’affole tout de même un peu et marche au premier degré. Vous ne préféreriez pas écrire un petit polar inoffensif pour TF1 ?
Non… j’aime le politiquement incorrect, j’aime remuer les gens dans leurs fauteuils, pas méchamment hein, qu’ils se gaussent de rire en lisant quoi.
Mais, un jour, je montrerai que je ne fais pas qu’écrire de l’humour, pour changer, je ferai pleurer !
Y a-t-il un roman que vous auriez rêvé d’écrire ?
Plus d’un…
Il y a des livres qui sont des « grandes claques dans la gueule », je ne sais pas moi, Voyage au bout de la nuit de Céline, Enfermé.e de Jacques Saussey, Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte de Thierry Jonquet, Les vacances d’un serial killer de Nadine Monfils, Un long moment de silence de Paul Colize, (merde, deux Belges, je suis fait !) Y-a-t-il un Français dans la salle de San-Antonio, Du sang dans la sciure de Joe R. Lansdale… j’arrête là.
Préparez-vous la suite de Requiem pour un fou, intitulé Les lacs du Connemara, maintenant que Michel Sardou nous a quittés ?
Merde, son suicide au vin rouge n’était pas un fake ?
Trêve de plaisanteries, la suite des aventures de Requiem, oui, bien sûr, mais avec un autre sujet, l’hommage à Johnny est rendu, Au suivant (tiens, encore un Belge...)
Avec qui voudriez-vous écrire un roman à quatre mains ?
Vu le nombre que nous sommes dans ma tête, c’est déjà le cas… Sérieusement, je ne sais pas, c’est compliqué, c’est surtout quitte ou double, et pas encore à l’ordre du jour je dirais.
Qui vous parait plus intéressant comme personnage principal ? Un nain dont la tête disparait dans un grand chapeau ? Une girafe colleuse d’affiches pour le FN ? Ou un plombier-zingueur transformiste sosie de Dalida ?
Le plombier sans hésiter… Il serait tueur à gage, un plombier dézingueur en fait, et son numéro de transformiste serait l’une de ses couvertures…
Critique de Requiem pour un fou ici