PAGE Bridget 01

Auteur / Scénariste: 

Bonjour, Mme Page, et merci d’avoir accepté de vous soumettre au jeu des questions…

 

Vous habitez depuis toujours dans la Sarthe. À la ville, vous êtes secrétaire médicale et vous avez plongé en écriture tout récemment, puisque le premier volume de votre trilogie, Diary of Rebirth-Apprivoiser, est sorti en autoédition le 20 décembre dernier à la fois en broché et en numérique…

Vous avez depuis sorti le tome 2, Chérir, le 20 janvier dernier et le tome 3, Résister, est sorti le 20 avril, toujours en autopublication.

 

Alors, question traditionnelle, comment et pourquoi avez-vous décidé, un jour, de prendre vous-même la plume ?

Il y avait cette vibration qui résonnait en moi depuis des années. Cette espèce de bruit de fond dont on peine à se débarrasser et qui ne cesse de se rappeler à votre bon souvenir.

C’est ce qu’était l’écriture pour moi jusqu’en juillet 2015 : un bruit de fond persistant, agaçant, entêtant.

Et puis est arrivée cette opportunité. C’était le pur fruit du hasard qui se matérialisa par le concours Bêta d’une plateforme française, qui surfait sur le succès de l’américaine WattPad avec une identité toute personnelle, et la possibilité d’offrir des conseils aux écrivains en herbe. Il s’agissait d’écrire une histoire sur un thème et dans un genre proposés, chapitre après chapitre. Les lecteurs « likaient » les écrits qui leur plaisaient et débloquaient, par leurs votes, le chapitre suivant. Pour moi, l’aventure commençait, et il était hors de question d’y mettre fin.

Vous avez fait vos débuts sur la plateforme Fyctia en participant à un concours de longue haleine puisqu’il durait trois mois si je ne m’abuse, mois au cours desquels vous avez rédigé la quasi-totalité des deux premiers tomes de Diary of Rebirth. Vous avez brillamment décroché la seconde place et revendiqué jalousement votre indépendance puisque vous avez dès la fin du concours averti les organisateurs que vous souhaitiez reprendre l’intégralité de vos droits sur votre texte et l’autopublier. Parlez-nous de votre expérience et de votre choix de vous autopublier…

L’expérience était enthousiasmante et effrayante à la fois. J’écrivais les chapitres au fur et à mesure et, rapidement, la demande dépassa mes capacités d’écriture. J’ai dû m’adapter et proposer deux chapitres par jour pendant plus d’un mois et demi, avant de revenir à un rythme moins soutenu qui m’a permis de publier jusqu’au dernier jours du concours. Les retours des lecteurs étaient enthousiastes, et moi totalement prise de court. Arrivée sur la plateforme avec une petite dizaine d’amis qui me firent l’amitié de voter pour mon histoire, je me suis retrouvée rapidement avec un lectorat d’inconnus qui aimaient mon histoire. Je n’en revenais pas.

Au bout de trois mois, je terminai en effet en seconde position et participai à la phase 2 : le choix du jury. Je ne m’attendais pas à être sélectionnée. Mon histoire était trop torturée pour de la romance conventionnelle, j’en étais consciente.

Je me suis alors dit que ces trois mois d’écriture ne pouvaient rester lettre morte, et que je devais faire en sorte que ce roman existe, quelque part. L’autoédition a été la solution la plus évidente. J’y ai travaillé avant même de connaître les résultats du concours et, le 20 décembre 2015, sortait le tome 1.

 

Vous imposez-vous un rythme d’écriture ? Avez-vous un rituel qui vous permette d’entrer en fiction ?

J’écris principalement tôt le matin, avant d’aller travailler. Je m’installe devant le PC, sans même avoir une idée de ce que sera le chapitre du jour. Et puis, le premier mot vient. Les autres suivent, comme une source d’eau vive qui me mène d’une traite au bout du chapitre. Tout coule de source, avec une grande facilité, je le confesse. Je me relis une fois et je passe au suivant.

Différents blogs d’écriture se sont montrés très élogieux quant à Diary of Rebirth. De nombreux lecteurs attendent avec impatience la sortie du tome 3 ce 20 avril. Qu’est-ce qui, selon vous, est à l’origine de cet engouement pour l’histoire de Greg et Annabelle ? Votre roman surfe-t-il sur la vague Cinquante nuances de Grey ou s’en distingue-t-il ? S’il s’en démarque, en quoi ?

Si la lecture de Cinquante Nuances de Grey m’a menée à la new romance, la comparaison, à mon humble avis, s’arrête là. Mon histoire reprend les codes de la littérature romantique New Adult, c’est évident. Toutefois je crois que cette histoire est différente par une certaine noirceur qui la traverse de part en part. La base du traumatisme vécu par l’héroïne est dérangeante, et aurait pu se révéler scabreuse. La manière de la traiter pour la transmuter en quelque chose de beau, de fort, de rédempteur fut sans doute l’opération la plus délicate. Il n’est pas question de domination, de sexualité exacerbée, de plaisir dans la douleur. Bien au contraire, il s’agit de renaître au plaisir et à l’amour quand tout n’a été que douleur et désespoir.

 

Vous avez choisi un récit en « je » et une trame en alternance de points de vue. Pourquoi ce choix ? N’est-il pas difficile, pour une seule et même personne, d’incarner différents personnages et de se limiter strictement à sa perception de la situation ? En clair, faut-il souffrir d’une forme de schizophrénie pour rédiger suivant cette méthode (rires) ?

C’est étrange que vous me posiez cette question parce que je me la suis posée des dizaines de fois : qu’est-ce qui, chez moi, fait que je me sens à l’aise dans la tête d’une jeune femme abusée, dans celle d’un macho imbu de lui-même addict au sexe ou dans l’esprit malade d’un pervers psychopathe ? Je l’ignore… J’imagine que chacun de ces points de vue reflète une part de moi-même, ma part d’ombre, ma part de lumière, ma part de folie. J’ai adoré revêtir le costume de chacun de ces personnages et, lorsque je posais le premier mot d’un chapitre, je devenais le narrateur avec ses émotions, ses peurs, ses joies, ses travers.

 

Vous venez d’apposer le mot « fin » à Diary of Rebirth. Avez-vous déjà un ou de nouveaux projets sous le coude ? Si oui, pouvez-nous nous en dire quelques mots en exclusivité pour les lecteurs de PHÉNIX-WEB ?

Je travaille actuellement sur un roman en trois tomes. Chacun de ces opus reflétera un style littéraire, une ambiance différents. Résolument thriller/polar pour le premier, drame psychologique pour le second et romance pour le troisième. Ce tout formera une histoire sombre, torturée qui s’ouvrira peu à peu à la lumière.

 

En dehors des protagonistes, quel est le personnage qui vous a le plus touchée et quel est celui qui vous a occasionné le plus de difficultés ? Pourquoi ?

Contre toute attente, Ava Brown m’a finalement touchée. Au fur et à mesure de l’écriture du tome 3, je me suis demandé ce qui amène une femme brillante à basculer dans la folie, et je n’ai pu m’empêcher de lui inventer un passé, une blessure qui apporte un autre éclairage sur ce qu’elle est devenue, sans pour autant justifier ses crimes. Je ne veux pas spoiler ce tome 3, mais le dernier chapitre à la mettre en scène m’a beaucoup émue.

 

Indubitablement, le plus jouissif, mais aussi le plus complexe et déstabilisant, fut de me mettre dans la tête des « loups », ces tueurs pervers qui sont à l’origine du traumatisme de l’héroïne. Lorsque je me glissais dans leur peau, je devais faire abstraction de ma féminité, de ma sensibilité, de ma conscience, pour me laisser aller à un univers où la notion de bien et de mal n’existe plus, où l’abject et la cruauté sont rois, où le but unique est de se réjouir de voir l’autre souffrir, de se nourrir de cette douleur. Ce fut parfois extrêmement difficile, psychologiquement parlant, et il m’est arrivé de rester quelques jours sans pouvoir écrire une ligne.

 

Enfin, dernière question, que diriez-vous aux lecteurs pour les convaincre de découvrir votre histoire ?

Diary of Rebirth n’est pas une énième histoire de millionnaire autoritaire et de jeune écervelée énamourée. Cette histoire parle de deux êtres éprouvés par la vie, chacun à leur manière, qui vont se sauver l’un l’autre. La partie ne sera pas facile, loin de là ! Ils traverseront des moments très pénibles, mais ce qui en surgira se révélera infiniment beau, et surtout salvateur. Malgré le sujet difficile, l’humour n’est pas exempt et, croyez-moi, avec un sujet pareil, ce n’était pas gagné d’avance. Pourtant, ces deux-là étaient indubitablement faits l’un pour l’autre, et leur chemin est, à mon sens, une formidable leçon de vie et d’espoir.

 

Cirtique de Diary of Rebirth ici 

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