Outaouais

Outaouais, c’est le nom d’une vaste province canadienne située au nord-ouest de Montréal, Une région couverte majoritairement par la forêt. En 1847, c’est encore une région sauvage, peuplée par les tribus d’Indiens plus ou moins hostiles, les loups, les ours. Une région piégeuse avec ses soudaines bourrasques de neige, ses pluies torrentielles, ses crues qui emportent tout sur leur passage. C’est là que se rend presque malgré lui Martin Sullivan, un jeune Franco-irlandais solide comme un roc. L’Irlande crève la faim, la vermine et les maladies s’installent, les Anglais malmènent les habitants. Dans la petite ville de Sligo, personne n’a le droit de remuer le petit doigt sans l’autorisation du tyran local Deaglán Mullargh. Il interdit par la force à quiconque de quitter le pays. Aussi, lorsque la jeune Kate McBride, dont les parents ont été assassinés par les fils Mullargh, vient chercher du secours, Martin Sullivan n’hésite pas et tue l’un des garçons. Poursuivi par la rage du despote, il s’embarque à bord du Carrick comme marin et Kate comme cuisinière. Leur arrivée dans le Nouveau-Monde, est catastrophique, entre naufrage, isolement sanitaire sur une île peuplée d’immigrés victimes de typhus ou de choléra que les autorités locales sont impuissantes à soigner. Martin Sullivan, sain, parvient à quitter cet enfer en laissant Kate malade derrière lui. Le hasard de ses rencontres va le faire devenir bucheron, mais aussi officier de police à la recherche de criminels impliqués dans le trafic d’enfants. Mais depuis l’Irlande, Mullargh prépare sa vengeance.

Un nom, deux auteurs, quatre mains. Un récit qui réinvente le roman d’Aventure avec un grand A, comme on n’en fait plus depuis un moment, et qui fait penser aussitôt à ceux du Franc-comtois Bernard Clavel avec le Royaume du Nord, mais surtout ceux de James Michener dont Colorado Saga, et c’est tout juste si l’on ne s’attend pas à croiser Pasquinel sur les quais de Montréal. Une histoire épique et flamboyante. Un personnage central au destin tumultueux, Martin Sullivan, devenu Martin Soulevent, autour duquel gravitent des personnages hauts en couleur et attachants, comme Papy Paddy, Apolline, Jason Oldbear, Louise Makitotosinew… Trois femmes vont diriger la vie de Martin, la jeune et innocente Kate McBride qui le prend d’abord pour son grand frère puis voudrait l’épouser, la troublante et aguicheuse Sinead O’Leary, promise au fils Mullargh et qui parvient à monnayer sa traversée en usant de ses charmes, et enfin la mystérieuse Odahingum, une Indienne Anishinaabée qui doit se faire passer pour son épouse et pour la cuisinière des bucherons, et qui est animée par le désir de venger le meurtre de sa sœur. Chacune à sa manière lui permettra aussi de murir, de devenir quelqu’un, de se trouver.

Outaouais est un roman rare et précieux comme on n’en fait peu de nos jours, le temps étant plutôt au polar classique. Une raison de plus pour ne surtout pas passer à côté de cet exaltant récit.

Je remercie les éditions M+ pour leur confiance.

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