Voleuse du Père Fauteuil Intégrale (La)
Jeune et timide journaliste le jour, Ariane se transforme en intrépide cambrioleuse la nuit. Sur sa route, elle rencontre l’Homme Mystère. Un cambrioleur d’une autre époque, mi-homme, mi-bête, il est à la fois victime et instrument de ces satanés passéistes. Ariane leur préfère les progressistes, ces bourgeois intellectuels qui parlent de demain, de l’avenir, de comment le monde se reconstruira de manière plus juste. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de penser à l’Homme Mystère. Il est si mystérieux, si attirant. Pauvre Ariane, si seulement l’Homme Mystère ne servait pas ces maudits riches exploitant les pauvres gens.
Tiraillée par ses doutes, Ariane rencontre Andrée, jeune passéiste à son tour, qui cache sous ses habits masculins une vraie femme, au tempérament libre, très libre. Ariane cédera à ses avances. Puis avec elle, elle découvrira la face cachée des progressistes, elle apprendra combien derrière les paillettes, les petites gens bossent jusqu’à épuisement et combien l’argent passe de la poche d’un riche à celle d’un bourgeois avant de s’en retourner à un autre riche. Lancée dans une croisade de justice, Ariane s’acoquinera avec les anarchistes, les féministes, les bandits en tous genres, avant de suivre sa propre destinée. Et sous nos yeux ébahis, c’est toute l’effervescence de la fin 19ème qui s’offre à vous.
Maintenant, au-delà de toutes ces belles paroles, qu’est-ce que « La voleuse du Père fauteuil » ? Avant tout, c’est un récit de la Nouvelle Bande dessinée, porté par une écriture forte et dense. Que ceux qui préfèrent l’action et fatiguent rien qu’à la vue de quelques phylactères, passent leur chemin. « La voleuse du Père Fauteuil » est faite pour ceux qui aiment voir leurs 12 euros ne pas disparaître en une demi-heure de lecture. Le style fait la part belle à la grande écriture. Stendhal, Hugo ou Zola apprécieraient beaucoup. Quant au dessin, l’expression des visages et la gestuelle des personnages, quelle force, quelle dynamique. Un style qui rappelle le travail théâtral. Et puis, chaque élément joue son rôle. Un petit bonhomme, un arbre au loin, qu’on n’avait pas aperçu de prime abord, nous apparaît soudainement et trouve écho avec le texte. Une construction graphique qui frôle la perfection !
Attendez-vous donc à passer du temps sur cette BD. Mais, si vous le prenez, vous ne le regretterez pas, croyez-moi. Vous ressortirez avec cette délicieuse sensation d’avoir vécu les événements comme si vous y étiez, tels « Germinal » ou « Le ventre de Paris » de Zola.
Titre : La voleuse du Père fauteuil - intégrale
Scénario : OMOND
Dessins : YOANN
Couleurs : HUBERT
Nbre de pages : 154
Editeur : Poisson Pilote - Dargaud
Parution : juin 2008