Nous
Un déçu d’Octobre
Ingénieur naval de formation, Evgueni Zamiatine (1884-1937) a commencé à publier dans les années 1910 et sera poursuivi par la police tsariste pour son livre Au diable vauvert. Chaud partisan de la révolution de 1917, il déchante cependant rapidement dans les années suivantes. En 1931, il est autorisé par Staline à partir en exil et s’établit à Paris où il travaille avec Jean Renoir au scénario des Bas-Fonds. Zamiatine meurt à Paris en 1937. Après avoir publié L’inondation, La Caverne et Lettres à Staline, les éditions Actes Sud publie Nous, ouvrage très curieux et, par certains aspects, prophétique.
La description d’un futur totalitaire
Le roman se présente sous la forme d’un journal, celui de D-503, un ingénieur qui travaille à la mise au point de l’Intégral, un vaisseau spatial destiné à explorer l’espace et à apporter les bienfaits du « bienheureux joug de la raison » aux civilisations extraterrestres. D-503 se pose peu de questions, l’Etat s’occupe de lui et lui a même donné une compagne, O-90. Pour autant, il ne se sent pas satisfait. Il va rencontrer une rebelle au système, U, dont il va tomber amoureux (ce qui nous donne envie de fredonner Sex crime d’Eurythmics) qui va bouleverser sa façon de voir le monde...
On retrouve des échos du 1984 d’Orwell, ainsi que du Meilleur des mondes d’Huxley. Le roman est parfois difficile, abscons, âpre aussi. Il serait cependant dommage de passer à côté tant sa force évocatrice frappe l’imaginaire.
Evgueni Zamiatine, Nous, traduit du russe par Hélène Henry, Actes Sud « exofictions », mars 2017, 232 pages, 21 €
Ajouter un commentaire