Nexus
Nous sommes dans ce roman au seuil de la Singularité, car la recherche bio-informatique a mis au point une drogue qui permet la programmation mentale, mais aussi la mise en circuit des cerveaux. Avec de nombreux risques, comme le contrôle des pensées d’autrui, mais aussi avec la possibilité d’un accroissement énorme de l’empathie. Kaden Lane, son ami Rangan et les autres membres de leur labo veulent développer cette possibilité, mais aussi éviter les dérives. Le gouvernement américain veut exclusivement interdire tout progrès qu’il ne contrôle pas et se réserver la nouvelle drogue en tant qu’arme. Kaden est obligé d’accepter de devenir un espion, chargé de découvrir l’état des recherches chinoises, d’espionner le professeur Su-Yong-Shu. Mais les excès et la paranoïa des services américains vont précipiter la crise...
Ce roman n’est que le premier d’une trilogie, mais il montre, entre autres, comment les idées réactionnaires et paranoïaques des gouvernements et des polices américaines pourraient, une fois de plus, produire et causer les catastrophes mêmes qu’ils prétendent vouloir éviter. Mais Ramez Naam, ingénieur informatique et concerné par la recherche sur l’amélioration de l’humain et ses aspects éthiques, a donc présenté un aspect fictionnel d’un scénario assez probable, celui où loin de permettre un développement équilibré, les contrôles et interdictions gouvernementales aboutiraient à provoquer dérives et crimes incontrôlés, parce que mafias et fous seraient les seuls développeurs effectifs, les savants honnêtes et responsables se trouvant exclus...
Un extrait : « Il serait préférable que tout cela soit légalisé. On trouve de tout sous le manteau, et sans trop de problèmes. Personne ne respecte les interdictions. Mais personne non plus ne s’intéresse aux questions de sécurité… Confiner ces trucs au marché noir, c’est se dispenser de les contrôler. Il vaudrait mieux les vendre au grand jour, les réguler, leur imposer des règles de sécurité. »
Le second tome de la trilogie vient de paraître aux Presses de la Cité ; ce premier tome a reçu le Prix Bob Morane 2015.
Nexus, par Ramez Naam, traduit par Jean-Daniel Brèque, Pocket n°7202, 2016, 597p., cat. 11, ISBN 978-2-266-26004-6
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