Montagne russe : Wanted
J’entends déjà les rabat-joie et les faux intellos crier au summer movie décérébré, au film pop-corn, au blockbuster bourrin. Méfiez-vous de l’avis de ces gens-là, comme dirait Brel, car c’est un peu comme si vous sondiez un amateur de thé dansant sur la dernière attraction de Port Aventura.
Car oui, « Wanted » du surdoué Timur Bekmanbetov (les deux Scuds « Night Watch » et « Day Watch » sont de sa signature) est une véritable montagne russe qui vous propulse, vous secoue, vous renverse, vous explose dans un monde de comic (celui de Mark Millar en l’occurrence) où règne une confrérie de tueurs millénaires.
Oubliez donc tout réalisme des scènes d’action époustouflantes et accrochez vos harnais de sécurité. Vous y verrez entre autre une voiture atterrir sur le flanc d’un autobus pour mieux négocier un virage à angle droit, un train dérailler d’un pont après avoir été traversé par une Lada, un zoom avant vertigineux sur un wagon s’écrasant au fond d’un précipice,
une Mustang se servir d’une Corvette comme d’un tremplin pour effectuer un salto au-dessus du toit ouvrant d’une limousine blindée, des balles éviter les obstacles, arracher les ailes des mouches, traverser des Donuts et des canettes de soda avant de se loger dans un crâne. Ma scène favorite étant celle où les touches d’un clavier d’ordinateur qui a percuté la face d’un blaireau, volent en l’air pour former un « F U C K Y O U » ponctué d’une ratiche.
Dans « Wanted », vous verrez… le mot est faible, disons plutôt vous contemplerez Angelina Jolie avant sa grossesse, belle à se damner, aussi à l’aise dans un rôle à la Lara Croft que l’était Laurence Olivier dans du Shakespeare. Elle est entourée d’un casting quatre étoiles où sont impliqués Morgan Freeman, Terence Stamp et un acteur prodigieux : James McAvoy, qui a pris 15 kilos pour un rôle très physique. Retenez son nom si vous ne le connaissez pas déjà, c’est le nouvel Edward Norton.
Quant au scénario, il tient la route.
Sous une avalanche d’effets qui poussent encore plus loin la syntaxe mise au point par Fincher, les frères Scott ou Wachowski, un scénario alambiqué n’aurait pas résisté au choc (rappelez-vous « Matrix 2 » et « Matrix 3 »). Il n’empêche que « Wanted » assure son lot de rebondissements dramatiques, aborde avec malice les thèmes du destin et du libre arbitre, et se paye même le luxe d’un coup de théâtre oedipien et d’un dénouement cornélien.
Bref , que du plaisir à ne pas bouder et surtout du talent. Avec Sergei Bodrov (« Mongol ») et Timur Bekmanbetov, le cinéma russe est en train de bouger fort.