Mongol

Le fabuleux destin de Temoudjin

 

L’amour est une grande aventure

A l’âge de 9 ans, Temoudjin entreprend un voyage avec son père, un puissant chef de clan, voyage au cours duquel il fait la connaissance de Borte, une fillette intelligente et malicieuse de 2 ans son aînée, qu’il choisit pour fiancée. Après avoir fêté cette alliance dans le respect des coutumes locales, Temoudjin s’engage à revenir chercher sa promise lorsqu’il aura atteint l’âge de se marier. Sur la route du retour à leur campement, son père est assassiné et son clan attaqué par Targutal, un rival jaloux qui s’apprête également à tuer Temoudjin pour devenir le nouveau chef. Il n’aura la vie sauve que parce qu’il arrive à s’enfuir mais cela ne sera que pour mieux revenir et se venger. Commence alors pour le courageux et intrépide gamin une incroyable vie d’aventures, parsemée de rudes épreuves au cours desquelles il n’aura de cesse de retrouver la femme qu’il aime et qui l’aidera, par la suite, à devenir Genghis Khan, le légendaire chef des forces armées mongoles et l’un des plus grands conquérants que l’Histoire ait jamais connus.

 

Guerre et amour

L’intrigue démarre alors que Temoudjin est âgé de 9 ans (on situe sa naissance aux alentours de 1160) et se termine en 1206, au moment où se déroule l’assemblée des peuples tartares et mongols au cours de laquelle il fut élu Chef suprême de toutes les tribus unies et désormais nommé : Genghis Khan. Cette assemblée marqua le début des campagnes militaires mongoles de conquête qui aboutirent à la création d’un gigantesque empire qui s’étendait des côtes chinoises au cœur de la Russie. Le but du film est ici de nous montrer, au-delà des clichés, ce qui se serait passé dans la première partie de la vie de ce guerrier hors du commun avant qu’il n’entre dans l’Histoire comme étant un envahisseur sanguinaire qui soumettait ou détruisait et ne laissait derrière lui que cendres et désolation. Il n’existe aucune véritable biographie le concernant. Seul un long poème (écrit par un inconnu quelques années après sa mort, intervenue en 1227) relatant ses exploits a traversé les siècles pour arriver jusqu’à nous. De par l’essence même d’un poème, ce texte est donc forcément subjectif, le lyrisme l’emportant sur les faits réels. De plus, sa vie comporte un trou de 10 ans au cours duquel personne ne sait ce qui lui est exactement arrivé. Le scénario a donc, en quelque sorte, comblé ce manque par un supposé mais vraisemblable long emprisonnement dans les sinistres geôles de Tangut. Tout au long de l’intrigue, la vie mouvementée de Temoudjin est inextricablement liée à celle de sa femme, Borte, qui changea le cours de son destin.

Frères ennemis

A la place de l’image de conquérant impitoyable, de maître de guerre sanguinaire et de stratège hors pair que l’Histoire nous a transmise de Genghis Khan, Sergei Bodrov préfère nous en montrer une “réalité” nettement plus nuancée et bien plus complexe. Il s’attache alors à nous conter l’enfance et la jeunesse de l’homme caché derrière sa légende. Pour cela, il entremêle habilement la petite histoire (amour profond qui liait Temoudjin à Borte et à leurs enfants) à l’Histoire avec un grand “H” (luttes de pouvoir entre les différents clans, trahison entre frères de sang, guerre d’unification des diverses tribus mongoles puis conquête des pays voisins).

Au travers d’une reconstitution minutieuse des mœurs et des lois qui régissaient la façon de vivre des diverses tribus nomades mongoles de l’époque (qui traversaient les étendues sauvages à dos de cheval et déplaçaient leurs campements ainsi que leurs troupeaux au gré des saisons), le spectateur se retrouve plongé au cœur de l’action dans des paysages naturels de toute beauté (le film a été tourné en Mongolie, en Chine et au Kazakhstan), allant de taïgas denses aux étendues arides du désert de Gobi tout en passant par de vastes steppes et pâturages.

Si on est bien loin ici des archétypes d’un blockbuster hollywoodien, cela n’empêche nullement Mongol de rivaliser avec panache et brio avec des films comme Troie ou Alexandre. Le résultat est, tout à la fois, épique et romantique tandis que le casting est irréprochable. Quant aux trois scènes de batailles, elles sont grandioses (tout d’abord celle qui se déroule dans la forêt où les Merkits se sont cachés derrière de gros rochers puis celle de la montagne où le clan s’est réfugié derrière une barricade qu’ils ont érigée en vitesse et enfin la grande bataille dans la plaine où s’affrontent sauvagement les deux frères de sang désormais devenus ennemis) et la bestialité des combats, menés aussi bien à pied qu’à cheval et filmés souvent en gros plans, ne nous est pas épargnée avec la vision du sang qui gicle et des blessures béantes. Grand spectacle, aventures épiques, drame humain et émotions en tout genre sont donc au rendez-vous de cette page revisitée de l’Histoire.

Mongol

Réalisation : Sergei Bodrov
Avec : Tadanobu Asano, Sun Hong Ley, Khulan Chuluun, Odnyam Odsuren
Sortie le 9 avril 2008
Durée : 2 h 04

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