Métaphysique du vampire

Métaphysique du vampire, par Jeanne-A Debats, comporte quatre nouvelles. Chacune d’elle conte un moment clé de la vie du héros, un vampire qui porte le pseudonyme biblique de Raphaël. Sobriquet étonnant pour une créature de l’ombre. Mais quand on sait que le buveur de sang travaille pour l’Église catholique, on ne s’étonne plus de rien.

Le première novella, éponyme, se déroule au 20e siècle. Notre sympathique chauve-souris, mandatée par le Vatican, s’allie à des divinités vaudous pour combattre un ennemi réchappé de la Seconde Guerre mondiale. Un vampire contre les nazis, voilà un sujet original qui plus est traité avec beaucoup d’humour. Le ton est moderne, les tournures stylistiques délicieuses. A travers les frasques de Raphaël, l’auteur fait l’apologie de la bisexualité. Un thème joliment irrévérencieux.

La deuxième nouvelle, Lance, est, quant à elle, proprement désopilante. En pleine occupation, notre vampire doit sauver une crèche d’un dragon embauché par Hitler. Pour ce faire, il sera aidé par un Lancelot sorti tout droit du Moyen-âge. Inutile de dire que le chevalier n’est pas celui que l’on croit. Le récit est égayé par l’emploi d’une mythologie grecque travestie mêlée à des légendes médiévales détournées pour notre plus grand plaisir. On notera un passage particulièrement hilarant où le héros affronte des sirènes d’une manière peu orthodoxe.

Dans Ovogénèse du vampire, Raphaël remonte le temps pour combattre l’un de ses anciens amants. Ce « retour vers le futur » vampirique est l’occasion de découvrir plus avant les penchants atypiques d’un Raphaël gentiment déviant.

Avec la Fontaine aux serpents, Jeanne-A Debats joue la carte de la SF. Un univers politico-futuriste où le sexe est omniprésent – sadomasochisme, sextoys à demi vivants. Univers comme toujours au service d’une idéologie courageuse. Ici l’écrivaine s’attaque aussi bien à la phallocratie qu’au féminisme radical. Même les fascistes et les végétariens en prennent pour leur grade. Seuls les transsexuels et les homosexuels sont épargnés. Ce qui en dit long sur les convictions de l’auteur.

Avec Métaphysique du vampire, Jeanne-A Debats signe une œuvre originale où le fantastique est prétexte à défendre un idéal de justice. Ici on encourage le droit à la différence qu’il s’agisse de religions, d’origines ethniques ou de préférences sexuelles. Tous les fondamentalismes sont condamnés. Ce avec force humour.

Un ouvrage plaisamment écrit qui vous fera certainement passer un bon moment !

Métaphysique du vampire, Jeanne-A Debats, éditions Hélios.