Messagère de l'ombre (La)

En 1943, le monde est ravagé par la guerre. À Venise, la jeune Stella brûle de prendre part à la lutte contre les nazis et elle est recrutée par la Résistance italienne et jetée dans la gueule du loup. Durant la journée, la jeune femme travaille comme traductrice pour des officiers allemands et intercepte des informations stratégiques. La nuit, elle risque également sa vie en faisant passer des messages pour la résistance et en rédigeant un journal clandestin.

La grande originalité de ce roman réside dans la localisation de l'action. Nous sommes assez habitués à lire des histoires de la Seconde Guerre mondiale se situant en France, mais beaucoup moins dans d'autres pays. L'Italie étant fasciste et mussolinienne bien avant l'accession au pouvoir d'Hitler, on en oublie qu'une grande partie de la population italienne se trouvait du côté de la résistance pendant le conflit. On oublie également que l'Italie a subi l'occupation nazie au même titre que la France (même si les conditions de départ de cette occupation différaient).

La messagère de l'ombre nous plonge dans cette résistance, à travers le personnage de Stella, jeune Vénitienne qui lutte contre l'occupant et la dictature. Nous vivons avec elle la difficulté de jongler entre un travail officiel en proche collaboration avec l'ennemi et les activités clandestines - souvent nocturnes - des partisans. Le risque d'être prise n'est jamais bien loin, le danger est omniprésent, la nécessité de se composer un masque indéchiffrable toujours plus impérieuse. Comme tant d'autres à cette époque, la jeune femme rejoint les rangs des anonymes qui ont harcelé les Allemands et préparé l'arrivée des troupes alliées. Entre privations, rationnements et crainte pour leurs proches, ces héros de l'ombre sont très justement dépeints dans le roman.

Venise en est un personnage à part entière, qui prête ses ruelles et ses canaux à la cause partisane, abritant dans ses recoins obscurs le relais des messages. Mandy Robotham utilise la magie vénitienne présente dans l'imaginaire collectif pour mieux explorer un pan méconnu de son histoire. Tour à tour menaçante ou protectrice, la ville lutte aux côtés des hommes pour retrouver sa liberté. Par son écriture solide et passionnée, l'autrice crée un presque huit-clos dans la célèbre lagune, où le destin des protagonistes vient se colleter à la grande Histoire.

Je regrette juste les quelques chapitres se passant en 2017 : ils n'apportent rien à l'intrigue, allant même jusqu'à couper dans l'élan de lecture. Autour d'un pseudo-mystère, ces passages donnent envie de les sauter. Si je ne l'ai pas fait, c'était uniquement par crainte de rater une information cruciale. L'histoire de Stella se suffit amplement à elle-même.

La messagère de l'ombre de Mandy Robotham, chez City éditions, ISBN: 978-2824617053, Prix 19,90 €