Fantômes d'Ombria (Les)

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Entre deux lectures, entre deux livres, je dérive, libre mais en malaise…

Je cherche un livre où m’enrêver au loin...

Et c’est sur celui-ci que je tombe comme lorsqu’on tombe quand on commence à s’endormir et qu’on chute, qu’on chute jusque sur le matelas avec comme une racine qui vous attache au lit…

Voilà, c’était pile poil le livre où dériver sans attache, sans amarre, un livre où les mots vous délient du réel par des images à la manière des montres voilées de Dali.

L’histoire : Celle du monde d’Ombria, un monde entre deux ombres, laquelle est celle de la réalité, quelques pages plus loin, je ne saurais le dire. Mais je suis comme attachée à ce monde par quelques personnages qui y déambulent comme des funambules, comme des gargouilles s’accrochent en équilibre sur les murs en ruine des cathédrales.

Ah ! oui, c’est peut être bien de la littérature gothique. Quoique je ne sache pas la définir. Ce sont les cathédrales et l’ombre de Fulcanelli qui m’y font penser…

Vous me direz et l’histoire, qu’en dis tu ? Ah ! oui, l’histoire ? Parce que c’est si important que cela ?

Bon, l’histoire, celle d’un roi qui meurt laissant sa maîtresse enfantine et son enfant sans protection, celle d’une sorcière qui veut être une reine et d’une reine qui veut être une sorcière. Tout est double. Tout est confus. Tout est dans les ombres… Entre les ciels, entre les eaux, tout est flou…

Trois personnages comme des pions sur un échiquier dessiné par Eischer (perspectives impossibles) tentent de sauver leur réalité…

Cela se lit comme un puzzle qu’on assemble pièce à pièce pour mieux le démonter parce que cela ne convient pas. Il y a plusieurs solutions…

C’est une histoire qui laisse la place à nos propres rêves, à nos créations, à nos imaginaires… Une dérive soyeuse entre ombre et lumière comme la caresse d’un fusain crisse sur le papier…

Je suis sortie de cette lecture comme si j’avais bu la tasse et que j’étais restée sous l’eau juste un peu trop longtemps. Juste de quoi voir des phosphènes...

Enfin, moi, c’est l’effet que ça m’a fait...

A lire comme on fait un rêve, en se laissant aller.

Les fantômes d’Ombria de Patricia-A McKillip, traduction de Pascal Tilche,
Points (2 mars 2007)

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