Don, Le dernier souffle T1 (Le)

Inconfortable position que celle du clan Thirsk : Fergys Thirsk, grand général des armées de Morgravia et frère de sang du Roi s’interpose entre ce dernier et la lame qui le visait et trouve la mort lors d’une bataille opposant ses troupes à celles de Briavel, l’ennemi traditionnel de son royaume. Les deux héritiers du clan, Wyl et sa jeune sœur Ylena doivent alors assumer leur rôle plus tôt que prévu, toutefois assurés de la bienveillance royale. C’est ainsi que Wyl Thirsk deviendra, à peine âgé de quatorze années, général à son tour – assumant la traditionnelle responsabilité des mâles de son clan – tandis que sa jeune sœur sera nommée pupille de la couronne.

Le seul obstacle au bonheur de Wyl réside en l’héritier du trône lui-même, Celimus. Tandis que Wyl n’aspire qu’à devenir son frère de sang, comme son père l’était pour le roi, Celimus se complait dans la débauche et persécute son jeune vassal, voyant en ce dernier un moyen efficace d’atteindre son père, qu’il déteste depuis la mort de sa mère. Forcé d’accompagner un prince qu’il a juré de protéger, Wyl se trouvera dans l’obligation d’assister au procès en sorcellerie d’une jeune femme aux yeux vairons, Myrren. Lors de l’instruction de ce procès, il s’opposera à l’inquisiteur et assistera la jeune femme dans la mesure de ses moyens, s’attirant les foudres de son prince. Au cours de l’exécution, il recevra le dernier souffle de Myrren, à la fois don magique désintéressé et parfait instrument de sa vengeance.

Vous voulez en savoir plus sur la nature de ce Don ? Alors lisez ce livre. Il est hors de question que je prenne la responsabilité d’en dévoiler plus. Sachez néanmoins que vous ne le regretterez pas. Au dos de ce roman figure une citation de Robin Hobb : « voici typiquement le genre de livre où l’on se dit : allez, un dernier chapitre… ». Elle résume à mon sens parfaitement ce roman, qui entraîne le lecteur dans une intrigue et ne lui laisse qu’une envie, en savoir plus, découvrir ce qui doit arriver…

Et pourtant, les éléments de cette intrigue ne sont pas forcément des plus originaux. Il s’agit bien d’une idée en partie banale, en partie nouvelle, mais qui trouve toute son ampleur grâce à la virtuosité de l’auteur. D’un trait précis et acéré, Fiona McIntosh campe un monde parfaitement viable sous les yeux de ses lecteurs captifs, une petite touche à la fois, distillant les informations de manière insidieuse, au détour d’une phrase, naturellement, préférant emmener ces derniers plutôt que de leur infliger de longs développements qu’ils pourraient être tentés de lire en diagonale. Du grand art. Une seule réserve me paraît nécessaire et est relative à un certain ralentissement du rythme en cours de roman. Les suites futures devront donc transformer ce remarquable essai.

C’est justement ce qui a rendu cette critique particulièrement difficile. Aucun autre sentiment ne pouvait en effet se dégager de ma lecture que cette simple phrase : j’ai aimé ce bouquin, rien à dire de plus. Il a tout naturellement trouvé sa place dans ma bibliothèque, juste à côté de mes auteurs favoris et ce monde est devenu, en une nuit, partie intégrante de mes rêveries, sans s’imposer de manière outrancière, sans en évacuer d’anciennes, sans vagues, juste comme ça…

Par ailleurs, la nature du Don fait au jeune héros étant l’un des ressorts de ce roman, je suis dans l’impossibilité de vous en dire plus sans déflorer ce dernier. Vous êtes donc condamnés à l’acheter et le lire…d’urgence !

Fiona McIntosh, Le dernier souffle, tome 1, le Don, Traduction : Frédéric Le Berre, Couverture : Sarry Long, Bragelonne, 512 p.