Suprématie

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Suprématie se présente sous la forme d’un gros pavé de plus de 660 pages édité par Bragelonne. L’éditeur montre qu’il est devenu incontournable même en science-fiction. Ce livre est le dernier choix fait par Jean-Claude Dunyach en temps que directeur de la collection SF.

Derrière le pseudonyme de Laurent McAllister on retrouve en fait deux auteurs. L’écrivain Yves Menard et l’astrophysicien Jean-Louis Trudel. Ces deux auteurs n’en sont pas à leur coup d’essai. Ils nous donnent ici un vrai space opera pur et dur qui nous conte les aventures d’un vaisseau hors norme, le Dhoukh/Harfang commandé par le capitaine Alcaino.

Un jour des représentants de la cité des Arts viennent demander l’aide d’Alcaino et de son vaisseau le Doukh. Ce dernier est le seul de sa génération. Il dispose d’une IA capable d’assumer le commandement si nécessaire et d’un armement qui le met à l’abri de l’ennemi. La technologie du vaisseau permet au commandant de visualiser les lieux de manière virtuelle. Les auteurs ont un goût très prononcé pour les nouvelles technologies et n’hésitent pas à le montrer dans ce livre.

La ville d’Art ne veut pas être assimilée par les Suprémates qui imposent une paix forcée aux mondes qu’ils contrôlent. On assiste très vite à des scènes de batailles spatiales dans lequel le Doukh est confronté aux vaisseaux Suprémates. S’il gagne aisément en les pourchassant, ce n’est pas pour autant que les Suprémates se sentent vaincus. Les habitats du système rebelle sont à leur tour détruits par ceux-ci. Ce carnage va amener Alcaino à réagir en élaborant un audacieux plan qui vise tout simplement à détruire la capitale des Suprémates. C’est-à-dire à s’attaquer à la planète la mieux protégée de l’amas. Malgré la puissance de son vaisseau, Alcaino se lance dans une quête spatiale et temporelle très risquée pour arriver à son but.

Je noterai tout de même deux critiques à ce livre qui est excellent. La première c’est d’avoir opté pour un vaisseau invincible. Cela enlève une partie du suspense. C’est ce qui s’appelle le complexe de l’Everest qu’on pourra lire sur le site de la revue Solaris (http://www.revue-solaris.com) sur la page Comment ne pas écrire des histoires. Mais ceci passe encore car les auteurs ont élaboré une histoire vraiment originale.

La deuxième critique vise l’utilisation d’une mesure du temps décimale et non sexagésimale. Le lecteur lira des kilosecondes, voire des hectosecondes, et il devra en permanence convertir dans sa tête les unités de temps et se dire : ah oui, ça ne fait que deux heures, ou trente-cinq minutes, ou trois jours. Dès la première page on apprend que le Doukh a une longueur de quinze microsecondes-lumière. En terme plus simple, ça veut dire un millionième de la distance parcourue par la lumière pendant une seconde multiplié par quinze. Est-ce que ce n’était pas plus facile de dire dès le départ que le Doukh faisait 4,5 kilomètres ? Ce sont des détails, mais des détails qui irritent.

C’est bien écrit, c’est complexe et très technologique. On ne va pas bouder son plaisir de lire un vrai space opera. Je dirai donc que c’est un excellent nouveau space opera (et francophone de surcroît) et que le lecteur y trouvera certainement son bonheur. La seule chose que j’espère, c’est que lors de la réédition de ce livre, les unités de temps soient converties en sexagésimale. C’est tout.

Suprématie, Laurent McAllister, illustration de Paul SWENDSEN, Bragelonne

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Commentaires

J’ai tellement aimé ce livre que j’en ai fait une parodie illustrée, mettant en scène... Laurent Mc Allister ainsi que d’autres auteurs de SF rencontrés lors de congrès : Le Petit Suprématie Illustré.

Il y a 4 parties, la 4e partie donne aussi les liens vers les trois premières parties.

La Savante folle
(et accessoirement auteure de SF)