Zaya
Bonjour à toutes et tous,
Courte chronique bande dessinée aujourd’hui, avec une sortie récente, le premier tome de Zaya, dessinée par Huang Jia Wei auteur chinois et scénarisée par le talentueux Morvan.
Sans trop en dire, la trame est assez classique. Une tueuse employée par une organisation criminelle, devenue mère et sculptrice, est rappelée pour une mission. Un mystérieux tueur décime en effet les effectifs de la dite organisation...
Plus donc que l’histoire efficace mais déjà vue, quoi qu’il conviendra d’attendre les prochains tomes pour en juger définitivement, c’est bien le dessin et le découpage des cases qui procurent un grand plaisir de lecture.
Non sans rappeler le trait de Nicolas de Crécy, Huang Jia Wei mêle dans un style steampunk l’ancien et le futuriste. La délicatesse du trait, l’uniformité des teintes, les grandes cases, les visages impassibles où le lecteur projette son imaginaire ; tout cela contribue au régal de l’œil.
Science-fiction féminine, le mot est lâché.
Qui contraste favorablement avec nombre de séries guerrières, souvent violentes, et qui n’amènent en général pas grand chose au genre...
Les héroïnes féminines sont plus nombreuses aujourd’hui dans la SF et contribuent aussi à intéresser les femmes aux récits futuristes. Mais Zaya apporte à mon sens un récit vraiment féminin, au final universel en réalité, où la douceur se mêle à la violence, sans qu’il soit bien possible de les distinguer...
Il n’y a pas par exemple des personnages doux et des personnages violents, mais des êtres qui possèdent les deux caractéristiques en eux. Zaya n’a donc rien d’un récit manichéen mais appartient bien plus au trouble.
Cette série est donc plus originale qu’elle peut en avoir l’air au premier abord. Elle possède peut-être la secrète ambition non pas de satisfaire le lecteur masculin friand de violence, mais d’amener à la lecture les femmes, qui sont tout de même - et heureusement - une part importante des lectrices de SF, tout en restant encore minoritaires.
Dans Zaya, pas de gros effet de manche. Chaque case parfois proche du cinéma d’action, parfois proche de la peinture, contribue à l’histoire, au rythme assez étonnant. On a l’impression de faire du surplace, alors que non, la narration progresse.
Mais à son rythme assez indolent, sans se presser au long des 80 pages. Ce qui doit arriver doit arriver.
Le dessin aurait sans doute mérité de prime abord une histoire plus originale. Néanmoins, Zaya reste une série à suivre, d’un graphisme de grande beauté.
Zaya
Scénario : Jean-David Morvan
Dessin : Huang-Jia Wei
Edition : Dargaud
80 pages