Petite mort (Une)

Tim est un opportuniste. En amour comme en affaires, il précipite ses choix sans jamais s’inquiéter des conséquences. Le mensonge ? Il maîtrise. Il bosse dans la pub et du moment que des millions de Russes boient du « Flite », la marque américaine pour laquelle il travaille, peu importe le discours. Mais un soir de spleen, il connaît un rêve étrange. Tim se tient debout sur une falaise. Au loin, deux individus marchent ensemble, puis un éclair s’abat sur eux. Une prémonition ? Un souvenir enfoui ? Tim est perdu, il erre, il roule vers l’inconnu, lorsque, surgi de nulle part, un enfant apparaît sur la route. L’accident est évité de justesse. Le lendemain, les jours d’après, dans une cage d’ascenseur, dans la rue, au milieu d’un bar, l’enfant réapparaît. Il interroge la foule, le douanier à l’aéroport. Personne n’a vu le jeune garçon.

Tim est-il sujet à des hallucinations ou est-il hanté par ses fantômes ? Vous le saurez en lisant cette bd qui mérite plusieurs lectures. D’abord la surprise. Une seconde fois pour la compréhension, chercher les pistes, les indices dispatchés par Alan Moore. Une troisième pour ceux qui désirent coller avec leur propre histoire et trouver leurs propres réponses. Car le récit n’est pas simple. Alan Moore creuse dans la psychologie de son personnage et fait ressortir en nous, ces démons qui nous hantent parfois. Tim est également un reflet de ces créatifs des temps modernes pour qui survie rime avec rendement. Plus le temps de se poser devant une falaise et de peindre comme Cézanne. Aujourd’hui, il faut produire pour exister. La concurrence est rude. Innover se fait rare. Tim appartient d’autant plus à l’espèce moderne des adulescents. Ces adultes qui ont refusé de grandir et qui agissent par caprices. Mais les tribulations de notre psychisme vont au-delà du réel. Elles donnent vie à l’impossible. Elles sont le fœtus qui font naître l’enfant assassin.

Titre : Une petite mort

Scénario : MOORE Alan

Dessins : ZARATE Oscar

Editeur : Seuil

Parution : novembre 2005

Nombre de pages : 108