Graal, la vérité derrière le mythe (Le)

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La leçon essentielle de cet ouvrage passionnant est celle de la diversité : oui, il a existé un Graal bien avant celui du cycle arthurien, oui, le Graal transgresse les frontières de la tradition chrétienne, oui, le Graal est éternel.


Le livre de John Matthews, richement illustré, tente de réaliser une synthèse globale de toutes les légendes relatives à cet objet mystique, à sa signification, à sa symbolique. Il débute par la définition classique : le Graal est le calice utilisé par Jésus lors de la dernière Cène, puis celui qui recueillit le sang du crucifié, dont le flanc fut percé par la lance du soldat Longin. Joseph d’Arimathie s’en empara et s’enfuit en Bretagne. C’est de là, à sa recherche, que partiront les chevaliers de la table Ronde.

Mais, et c’est là tout l’intérêt du livre de Matthews, le Graal est bien plus que cela. Avant tout, il est le récipient contenant la quintessence de la Divinité : image ? sang ? semence ? Celui qui le découvre et le voit communie avec Dieu. Il est bien antérieur à l’idée médiévale, et l’auteur remonte aux sources antérieures, indiennes, égyptiennes, perses ou même préhistoriques, toutes centrées sur ’le vase de vie’. L’Eglise substituera le calice aux chaudrons : ainsi celui-ci s’étoffe-t-il progressivement. "Graal" proviendrait de "cratalem" ou "cratère"’ ou "gerial", tous mots signifiant "contenant". Il pourrait aussi venir de "gradale" (par étapes, graduellement). D’où l’idée de "quête".

Ce sera l’œuvre progressive de Chrétien de Troyes, Robert de Boron ou Wolfram von Eschenbach, les créateurs littéraires, qui scelleront définitivement le mythe. La déviation "San Real" ou Sang royal, serait à l’origine du thème de la lignée sacrée qui inspirera Dan Brown pour son Da Vinci Code.

Matthews va plus loin, encore. La légende s’en va en Orient par le biais des Croisades, et s’allie d’autres objets tels la lance ou le plateau sacrés. Elle se féminise aussi par Marie, mère du Christ, qu’elle contint dans ses entrailles, ou par Dindrane, sœur de Perceval, qui offrit son sang pour sauver un roi lépreux : la femme est réceptacle…

Suit une disgression fouillée sur les familles gardiennes du Graal, qui nous mène des Cathares aux Templiers jusqu’à la Rose-Croix, et le mythe de la Pierre tombée du ciel (la Kaaba des musulmans ?)

"En fin d’analyse, il se peut qu’il n’y ait pas de fin aux histoires du Graal. Même si, par extraordinaire, on parvenait à prouver sans conteste que le vaisseau sacré a été trouvé, ou qu’il peut être codifié, les légendes continueraient à circuler." (p. 147).

Le Graal fut repris par le grand psychanalyste Carl Gustav Jung, par l’écrivain américain Joseph Campbell, dont se serait inspiré Georges Lucas pour Star Wars. Sans oublier, au point de vue littéraire, Charles Williams (War in Heaven), Michael Moorcock avec son héros Ulrich von Bek, Tim Powers (The Drawing of the dark), Roger Zelazny (The last defender of Camelot), Paul Anderson (A Midsummer Tempest), Walter M.Miller et son célèbre Cantique pour Leibowitz, Michael Baigent (L’énigme sacrée), Catherine Fischer et son roman Corberic, ou, bien entendu, Dan Brown.

Quant au cinéma, l’on peut évoquer Indiana Jones et la dernière croisade, Excalibur, Le Roi pêcheur, ou surtout Perceval le Gallois, d’Eric Rohmer.

Curieusement, l’auteur ne parle jamais musique. Rectifions immédiatement, et rendons hommage aux opéras Le Roi Arthus d’Ernest Chausson, et, surtout, à l’immortel Parsifal de Richard Wagner. Avec une discrète petite fleur pour The Myths and Legends of King Arthur and the Knights of the Round Table de Rick Wakeman.

Nous le voyons, le Graal, loin d’être découvert, accompagne l’Humanité de sa préhistoire à notre XXIème siècle. "Pour moi, le Graal reste une idée qui représente un aspect vital de la vie humaine, l’aptitude à communiquer avec une source spirituelle, quel que soit le sens que nous devons donner à ce terme." (p. 160).

Arrivé au terme de notre quête, avons-nous, nous lecteurs, découvert "la vérité derrière le mythe" ? Non, et c’est tant mieux pour le tremplin de notre idéal !

Bruno Peeters

John MATTHEWS, Le Graal, la vérité derrière le mythe, 2006, Editions Le Pré aux clercs, traduit par Thierry Arson, publié initialement en 2005 par Mamelyn (Octopus Publishing Group Ltd, Londres), 174 p., 20 €.

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Commentaires

Bonjour jai une question qui a decouvert le graale svp ?

Le Saint-Graal est un objet mythique car, à ce jour, personne n’a la preuve qu’il existe ni qu’il soit, comme on le lit parfois, le calice de la dernière Cène (le dernier repas de Jésus).

Le fait qu’il n’ait pas été retrouvé enrichi littérature, cinéma et autres récits (De Indiana Jones à Da Vinci code).

Donc il est encore le centre des attentions de certains groupes de chercheurs de trésors qui tentent, par l’analyse des documents qui en parlent depuis 1220, de le localiser.

Un article très complet sur wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Graal