Domestiques (Les)
Un exercice intéressant. Prenez une situation de départ quasi identique. Soit un jeune garçon un rien déboussolé, qui vit avec sa mère, malade, dans une station balnéaire endormie au coeur de l’hiver. Stephen King en a tiré une aventure transcontinentale, une fresque de fantasy, influencée par Tolkien et les aventures chevaleresques. Le Talisman des Territoires est une brique, qui satisfera les amateurs de souffle épique.
Michael Marshall, autrefois auteur de science-fiction qui s’est aujourd’hui réinventé en retors créateur de polars, nous propose avec ces « Domestiques », une fable humaniste, chargée de symboles, puisant ses racines dans les écrits de Dickens et les « glissements du réel » chers à Neil Gaiman.
A sujet identique, traitement évidemment différent. Par petites touches impressionnistes, Marshall nous décrit Brighton sous la pluie comme personne... ce décor étrange, où flottent encore les échos d’une gloire passée. Ensuite, il nous emmène, par la main, dans les méandres d’un de ces petits appartement à l’anglaise, situé en sous-sol, où le cerbère prend des allures de vieille dame espiègle... mais où la mort et la maladie prennent des allures sombres et effrayantes. Enfin, dans un effet de miroir nécessaire à tout conte de fées, Michael Marshall relie ces deux mondes dans un affrontement en quête d’équilibre, de compréhension et de maturité.
Joli roman aux tons gris et orangés, « Les Domestiques » est un roman qui reste dans l’esprit du lecteur, allégorie subtile du temps qui passe, de la maturité et de l’apprentissage de la vie... et de ses multiples perceptions.
Michael Marshall Smith, Les Domestiques, traduit de l’anglais par Julien Simon, illustration de couverture de Anne-Claire Payet, 290 p., Milady