Fils de l'ogre (Le)

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Un village, au Moyen Age.


Benoit est fils de couturière. Sa mère est connue pour la qualité de ses broderies et son commerce est florissant. Un jour, il y a une exécution sur la place publique. Le mécréant est exhibé face à la foule, puis le bourreau lui colle la tête sur un tronc avant d’abattre sa hache. Benoit reste un instant sous le choc de cette tête qui roule sur le sol. Récompensé par le roi, l’énorme brute encagoulée achète victuailles et vêtements. Puis il entre dans la maison de la couturière. Contre toute attente, il fait preuve de bonté et s’intéresse à une broderie de soie. Avant de disparaître, il a un geste affectueux pour le jeune garçon qui patientait sur le pas de la porte.

Benoit n’a pas connu son père. Si bien qu’il est fasciné par le bourreau. Cet homme fort et mystérieux. Peut-être un père de remplacement ? Peut-être même que c’est son vrai père ? Mais sa mère, honteuse, préfère le cacher à son fils ? Benoit a besoin de savoir. Il suit discrètement l’individu jusqu’à sa maison dans les bois et il découvre l’impensable. La reine couche avec le bourreau.

Il y a deux lectures à cette bd.

D’un côté, le modèle du Père. Dans une époque rude et sans pitié, l’homme se doit d’être fort. S’il n’est pas un guerrier, un paladin ou un roi, il doit chasser, battre la terre, ou même voler pour survivre. Pour Benoit, cet homme-père n’existe pas. Du coup, il l’idéalise, il en fait un valeureux chevalier qui a combattu dans d’illustres batailles ou encore un chasseur, fort et fier. Sa mère reste vague quant à sa description. Un homme de paix, dit-elle, afin de ne pas réveiller l’esprit guerrier qui sommeille en chaque adolescent.

Cet absence de modèle sera le point de départ de cette histoire. Puisqu’en s’identifiant au bourreau, Benoit va quitter ses foyers et partir en quête de l’homme en lui. La décapitation de sa mère par le bourreau sera ensuite la bascule vers le point de non retour.

La deuxième lecture du « Fils de l’ogre » tient dans le mal être qui existe en chacun de nous. Le mal être est une incroyable force nourricière, capable de vous apporter non pas courage mais témérité, non pas la vigueur mais la hargne.

Plus qu’un mal être, il s’agit de cette part sombre, le fameux côté obscur, dans lequel on sombre parfois et duquel certains ne ressortent jamais. Chez Benoit, cet homme noir qui vit en lui s’illustre par une haine de l’autre, par un désir de vengeance envers cette vie qui l’a privé de son père, puis de sa mère. Puisque le monde est injuste et cruel, alors il sera sans pitié et sanguinaire. Ne pouvant s’en prendre à qui que ce soit, il se venge sur les créatures les plus faibles. Une souris qu’il massacre à coups de bâton. Un oiseau qu’il abat à la fronde et finit à coups de pieds. Puis Benoit grandit, sa soif de vengeance avec. Il tue le bourreau, car ce dernier a tué sa mère. Il tue des soldats, des nobles, jusqu’à ce qu’il ne craigne ni la Mort, ni personne.

Malheureusement, qui se nourrit de son mal être ne trouve jamais le repos. Il connaît une soif si grande qu’il en devient un meurtrier pire que ceux qu’il tua autrefois. C’est un long chemin que Benoit va parcourir. Un chemin rempli de batailles et de colère, malgré quelques trêves.

En tout cas, le récit possède la force des grands récits épiques d’autrefois. L’auteur nous plongeant dans un dessin en estampes et sans couleur, il donne plus de noirceur à son propos. A l’image des romans noirs, « Le fils de l’ogre » est un récit humain, prenant et bluffant quant à son final.

A lire absolument.

Titre : Le fils de l’ogre

Scénario et dessins : MARDON Grégory

Editeur : Futuropolis

Nbre de pages : 72

Parution : 2009

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