Bar de partout (Le)
Anton, complètement perdu et amnésique, entre dans un drôle de bar, « Le Bar de Partou t », tenu par un certain Bonaventure Babylone (ça ne s’invente pas !). Bar où « le temps était élastique, un simple mouvement occupait une éternité durant laquelle le monde marchait sur la tête ». Chaque client est tenu de raconter son histoire et Anton entame l’étrange carrousel de récits que contient ce recueil. Récits qui ont la particularité de se dérouler chacun dans un pays différent. Nous passons donc de la Slovaquie (ce bar est-il situé à Bratislava ?) à l’Espagne en passant par le Népal, la Bolivie, la Palestine, la France, le Kenya, l’Inde... Curieusement, ces contes ne seront fantastiques que... par l’épilogue qui clôture le livre. Etonnant retournement de situation dont je ne vous révélerai rien, bien entendu.
Claude Mamier est un chercheur, un arpenteur, un défricheur. Il voyage et recueille des contes et légendes traditionnels de tous pays. J’en retiendrai trois, particulièrement bien écrits.
L’odeur des barres de fer est narré par le guide du musée des horreurs de l’époque de Khmers rouges. Mais...qui est-il exactement ?
Le premier car d’une longue série narre l’épopée toute quotidienne d’un jeune Brésilien qui quitte sa favela pour partir, partir loin, faire le tour du monde. Le voilà dans la gare routière de Rio, à observer. Partira-t-il ? Non. Superbe.
Dans L’Homme des plaines sans fin, nous rencontrons Haruna, le guerrier masaï qui veut voir la Mer. Complètement perdu dans la Ville, confronté à un monde nouveau, totalement déconnecté de sa vie au village, il revient pour se fondre dans la Nature : un bijou !
Mais il y a aussi la petite déesse indienne de 5 ans qui doit survivre à sa gloire éphémère, le piétineur de coca adorateur du diable dans une mine bolivienne, ou cette petite Française qui vivra une nuit de cauchemar pour avoir bu un verre de trop.
Chaque nouvelle est comme un éclat de vie arraché aux contes de notre Terre, notre bonne vieille Terre encore si inconnue, que Claude Mamier nous fait découvrir, plus encore, nous fait sentir. Comme s’il était un habitué du Bar de Partout. Comme Anton, finalement, le lecteur n’en sort pas indemne.
Claude MAMIER, Le Bar de Partout, ill. de couverture de Sébastien Bermès, Editions Glyphe « Imaginaires »