Lumière d'été, puis vient la nuit

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Il arrive parfois que l’on se lance dans la lecture d’un roman sans en connaître l’auteur, simplement pour sa couverture particulièrement réussie, son résumé en page 4 et, c’est bien le cas ici, son titre. Je ne saurais dire précisément ce qu’il a éveillé en moi, mais c’est bien ce titre avant toute chose qui m’a attiré.

À travers huit nouvelles plus ou moins longues, de 10 à 40 pages, l’auteur se fait narrateur de chroniques intéressant les habitants d’un petit village des fjords islandais. Tout le monde se connaît, tout le monde est attaché à ce petit bout de terre perdu sans église, sans cimetière, et tout le monde tente de survivre vaille que vaille entre les fermes, le bureau de poste, la coopérative locale. Tour à tour poétiques, drôles, émouvantes et tristes, ces sept chroniques de village mettent en scène des situations diverses confinant parfois au loufoque, tel ce directeur de l’atelier du tricot qui plaque tout, travail, famille, maison, pour se consacrer uniquement à l’astrologie au point de se ruiner en livres anciens ; ce gamin un peu simplet qui ne rêve que de peindre des oiseaux et dont le père voudrait qu’il prenne sa succession comme policier ; ces employés de l’entrepôt qui sont persuadés qu’il est hanté parce que construit sur les lieux d’un ancien drame ; ce brave paysan à la vie bien rangée qui succombe aux charmes sportifs de sa voisine au point de tout perdre ; ce couple, lui parti bourlinguer durant des mois, elle qui attire la convoitise des tous les mâles du village et qui attend le retour de son ancien amant ; ce routier satisfait de sa vie dans son camion ; ce diplômé en droit obsédé par les chiffres, engagé par les anciennes ouvrières de l’atelier du tricot pour fair capoter un projet de restaurant et qui finit ivre et nu dans le lit d’une solide fermière très nature ; enfin, ces deux célibataires qui se cherchent longtemps, s’évitent, ne se déclarent pas, jusqu’au drame stupide. Assurément la nouvelle la plus triste du récit et celle qui le clôture, peut-être aussi pour bien signifier que tout peut arriver dans le quotidien de ce village. Il ne faudrait cependant pas s’arrêter à ce détail pour ne pas savourer ce Lumière d’été, puis vient la nuit, un roman frais et qui fait du bien, indiscutablement. Une échappée poétique entre absurdité et réalisme, très réussie.

Je remercie les éditions Folio pour leur confiance.

Jón Kalman Stefánsson - Lumière d’été, puis vient la nuit -éditions Folio - Janvier 2022, 8,20€

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