Littérature fantastique belge (La)
Auteur d'un célèbre Panorama de la littérature fantastique de langue française paru chez Stock en 1978 et réédité à La Renaissance du Livre en 2000, directeur des Éditions Marabout à leur grande époque fictionnelle des années 1970, Jean-Baptiste Baronian distille sa science dans un petit opuscule à conserver précieusement, comme un flacon d'essence fantastique. Il est publié par les éditions de l'Académie Royale de Belgique. Baronian, académicien, donne ainsi ses lettres de noblesse au fantastique. En quelques 60 pages, il brosse l'historique du genre en nos contrées, de Charles De Coster à Bernard Quiriny : toute une gageure ! Par les écrits de Maeterlinck, Rodenbach ou Verhaeren, il tente de circonscrire les origines, symbolistes, pour vite rejoindre l'inspiration naturaliste d'un Eekhoud ou d'un Stiernet. La littérature belge oscillera dès lors entre ces deux pôles. Tous ces écrivains sont natifs des Flandres, mais écrivent en français, ce qui l'amène à s'interroger sur l'influence des paysages flamands, sans trop insister, pourtant. Il cite ici quelques auteurs néerlandophones (Daisne, Lampo, Bertin) qui, selon lui, ne forment pas école mais des cas isolés. L'origine culturelle ne serait donc pas déterminante. Puis il revient sur sa théorie, déjà développée dans ses écrits précédents, du fondement du fantastique belge : un fantastique de réaction, de rébellion, avant tout anti- conformiste. Jean Ray (l'Imaginaire pur et total, comme Lovecraft, explique-t-il), Thomas Owen ou Jean Muno, le confortent dans cette direction, qu'il n'a garde d'écarter des traditions surréalistes picturale ou littéraire de ce temps. Sans théorisation officielle, le fantastique belge reste, selon sa belle expression, une « rivière souterraine et sauvage ». Il rappelle, fort heureusement, l'impact des éditions et rééditions initialisées par Marabout et du Prix Jean Ray créé en 1972, le tout sous son égide. Mais il n'oublie pas de citer quelques revues actives dans le domaine de la diffusion du fantastique en Belgique, telles Audace, Magie rouge, ou... Phénix.
Baronian termine son petit ouvrage en promouvant quatre auteurs majeurs du renouveau actuel : Alain Dartevelle, Michel Rozenberg, Christopher Gérard et Bernard Quiriny. Coda en hommage à un de ses auteurs préférés, Gérard Prévot : « Ce qui m'enchante dans le fantastique, c'est qu'il régente le réel, qu'il lui donne un air acceptable ».
Opuscule certes concis et petit quant au nombre de pages, mais au contenu dense et, au final, très complet.
Jean-Baptiste Baronian, La littérature fantastique belge - une affaire d'insurgés, Académie Royale de Belgique, coll. L'Académie en poche, 63 p.
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