Les robots

C’est aux alentours de 1495 que Léonard de Vinci réalisa le premier schéma d’un robot « humanoïde ». Mais il faudra attendre 1738 pour trouver le premier robot opérationnel construit par Jacques de Vaucanson, à savoir un androïde flûtiste. Et c’est en 1817, qu’Ernest Théodore Amadeus Hoffmann produisit une nouvelle intitulée « L’homme au sable », décrivant une femme mécanique à l’allure de poupée. Les littératures de l’imaginaire avaient alors capté ce personnage incontournable qu’est le robot.

Pour les origines du terme, les avis sont partagés. On parle tantôt de « robota », « travail de cerf ou d’esclave » en tchèque, ou encore de « robotnik », « le travailleur » en polonais. En un mot, ce terme appartient aux langues slaves.
De même, pour certains, il a été introduit dans la pièce de théâtre de l’écrivain tchèque, Karel Čapek, « RUR », « Rossum Universal Robot ». Mais celui-ci alloue la paternité du terme à son frère Josef. Pour d’autres, ce terme a été utilisé dans une autre pièce intitulée « Olipec » de Josef Čapek, justement. Mais on en vient à pinailler, en disant que le terme réel employé dans cette dernière pièce est « automate », que c’est bien « RUR » qui a marqué l’avènement du mot robot, devenu si célèbre depuis.


Enfin, de l’automate au robot, il n’y a pas bien loin, et cela nous amène à 1942, avec « Runaround » , et le développement du concept par Maître Asimov en personne, créant le terme robotique, et les trois lois qui en découlaient :

Première Loi : Un robot ne peut ni porter atteinte à un être humain, ni rester passif devant un être humain exposé à un danger.

Deuxième Loi : Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi.

Troisième Loi : Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’est pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi.

À cela peut s’ajouter des variantes, mais l’idée générale est que le robot est, par définition, fiable et inoffensif pour l’Humain.

Mais tout n’est pas si simple, même dans le monde des composants électroniques, et il n’est pas dit que le cerveau « positronic » imaginé par Asimov, demeure immuable. Et grâce à cela, dans les romans comme dans les films, le robot n’a pas toujours forcément une existence lisse, et peut réserver des surprises, amener la suspicion. Cela se retrouve dans les romans d’Asimov, mais aussi dans un film comme « I, robot  » d’Alex Provas sorti en 2003.


Mais si l’on revient à l’idée principale et surtout à la signification du mot robot, c’est bien à une parfaite machine que l’on doit avoir affaire, à un travailleur docile. Les robots constitueraient donc le prolétariat des « temps modernes », des sortes de stakhanovistes artificiels. Car si l’on y regarde de près, le « taylorisme » a conduit à la robotisation des ouvriers des usines qui, la technique aidant, ont été remplacés par de véritables machines plus performantes qu’eux et mieux amortissables. La machine se substituant à l’Humain, c’est « Le poinçonneur des Lilas » cher à Gainsbourg qui disparaissait, et un nombre important d’emplois avec.


Aujourd’hui, une célèbre marque japonaise a conçu « Asimo » le bien nommé, qui se contente pour l’instant de serrer la main et d’offrir un bouquet de fleurs. Mais que seront les conséquences lorsqu’il sera capable de recevoir du public ou de répondre au téléphone ?
Une autre firme, toujours japonaise, a elle conçu un robot pouvant souffler dans une trompette. Que se passera-t-il lorsqu’il pourra jouer impeccablement un morceau de Miles Davis ou de Louis Armstrong ?

Demain on verra des robots-réceptionnistes fabriqués sur le modèle des « poupées Barbie », ou des ouvriers du bâtiment sur celui de héros du grand ou du petit écran. Ce seront là, à mon sens, de véritables robots humanoïdes. Je trouve personnellement que l’on a trop tendance à employer ce terme pour des machines encore bien éloignées du modèle humain. Mais lorsque nous y serons vraiment arrivés à ces robots humanoïdes, il est certain que la place des Humains à part entière au travail sera remise en question. Aujourd’hui dans les blocs opératoires, il y a des robots qui assistent les chirurgiens, demain peut-être que des robots plus évolués, mettront les chirurgiens à la porte des blocs opératoires.


Mais, me direz-vous, on peut mettre en pratique les lois de la robotique, ou du moins les adapter. Pas sûr, car le problème ne sera pas que les robots représentent une menace au sens physique pour l’Homme, mais pour sa place dans la société. Et face à cela, y aura-t-il des lois, de la robotique ou autres ?

La science-fiction s’est tout particulièrement intéressée aux robots. Puis, elle s’est peut-être un peu détournée du sujet ces derniers temps.
Mais si demain, l’avancée des technologies fait que les problèmes de chômage ne reposent plus uniquement sur les variations d’un taux de croissance, mais sur une moindre utilité de la main-d’œuvre humaine, alors nous assisterons à un véritable débat de société, que les littératures de l’Imaginaire ont tout à fait le droit, et même le devoir d’anticiper.

Pour illustrer ce thème, je vous recommande entre autre :

- « Les robots » ( Le cycle des robots ) - Isaac Asimov - J’ai Lu

- « Les cavernes d’acier » - id

- le DVD du film d’Alex Provas, « I, robot ». 

Novembre 2006