Les polars ferroviaires

Les trains sont omniprésents dans les chansons de blues ou de country music. Mais on les retrouve également dans les polars, les thrillers en général.

Il faut dire que le train est par définition un véhicule propice au suspense : on est situé dans un monde clos, mais en même temps, le train se déplace, et connaît quelques arrêts permettant de fuir. On peut faire beaucoup de choses à bord d’un train, et surtout échafauder un tas de scénarios. On peut cependant regretter les trains à compartiments qui étaient sans doute mieux adaptés pour de bonnes intrigues policières, que les voitures des TGV.


Ainsi en 1934, Mrs Christie nous offrait-elle « Le crime de l’Orient-Express », dans un espace de luxe, lors d’un périple à bord d’un train mythique. Hercule Poirot se trouvant par hasard à bord, il ne put qu’y avoir un crime, et le plus British des détectives belges s’en donna à cœur joie pour démêler une intrigue des plus complexes, et nous offrir une fin des plus incroyablement troublantes.


En 1950, Patricia Highsmith, la reine du polar psychanalytique, donnait un aperçu de son art avec « L’inconnu du Nord-Express ». Là encore, ambiance ferroviaire et rencontre de hasard sont au programme, comme le permettent si merveilleusement les trains. Tous les ressorts psychologiques chers à la Texane du polar introspectif sont mis en scène dans ce roman, jusqu’à la descente aux enfers de l’un des personnages.

« Compartiment tueurs » de Costa-Gavras en 1965, est un film adapté d’un roman de Sébastien Japrisot. À l’arrivée en gare de Lyon au petit matin, la passagère d’un compartiment est retrouvée morte. L’ennui, c’est que tous les témoins potentiels vont commencer à subir le même sort. L’inspecteur joué par Yves Montand va avoir du pain sur la planche pour arrêter le coupable ! À noter une distribution de classe comme on en trouvait à l’époque : Simone Signoret, Catherine Allégret, Pierre Mondy, Jacques Perrin…


En 1984, Roger Hanin réalisait « Train d’enfer ». Ce film n’est pas anodin, puisqu’il est tiré d’une histoire vraie. En octobre 1983, un jeune Algérien venu rendre visite à une amie à Bordeaux, s’est fait défenestrer du train Bordeaux-Vintimille par une bande d’apprentis légionnaires.

Pour la petite histoire, je dois rapporter qu’à la même époque, il m’est arrivé plusieurs fois d’emprunter ce train.

Le film est très bien mené, et avec une certaine délicatesse compte tenu du tragique fait divers qui l’a inspiré.


Quiconque a pris un train de nuit, ou par un jour gris et froid, a ressenti de l’appréhension. L’inconscient collectif produit sans doute ses effets dans ces moments-là, mais il est vrai que le train favorise l’imaginaire : aussi bien celui de l’écrivain, que celui du voyageur qui se laisse aller à des rêveries parfois angoissantes.
Il n’empêche que faire un voyage en train avec un bon polar rend le trajet moins long et plus agréable, mais de préférence le jour, et dans une voiture fréquentée.

Pour ce thème :

- « Le crime de l’Orient-Express » d’Agatha Christie - Le Livre de Poche.

- « L’inconnu du Nord-Express » de Patricia Highsmith - Le Livre de Poche.

- Le DVD du film « Compartiment tueurs » de Costa-Gavras.

- Le DVD du film « Train d’enfer » de Roger Hanin.

Juin 2007