Les mutants

Sommes-nous des mutants en puissance ? Allons-nous petit à petit nous transformer ? Un peu partout, l’interdiction de fumer prévaut. On fait la chasse au tabac sans aucun doute nocif, mais surtout faute de vraiment pouvoir endiguer la pollution atmosphérique. Ainsi, on limite les dégâts. Mais ne va-t-on pas se retrouver avec des espèces de branchies à la place des poumons ? Et ayant été exposés à des radiations trop fortes, ne verrons-nous pas nos descendants naître avec deux têtes et cinq jambes ? Cauchemar que tout cela ? En tout cas, la vigilance s’impose plus que jamais.

Mais les mutations sont une vieille histoire, et en 1930, c’est de loin que venait le danger dans le roman « L’étoile de fer » de John Taine, puisqu’il s’agissait d’une météorite radioactive provoquant des mutations ramenant l’Homme à l’état de singe.

Avec Philip K. Dick, on aborde encore la menace atomique. Puisque Jones, le héros du roman « Les chaînes de l’avenir » datant de 1956, est un mutant résultant d’une guerre nucléaire. Son pouvoir est de prédire l’avenir tout en étant limité à une seule et unique année, mais il reste de toute façon impuissant quant à la faculté de changer le devenir des choses. Outre l’aspect philosophique de l’œuvre, on assiste là à ce que pourraient amener certaines mutations, conférant de nouveaux pouvoirs à des êtres humains qui ne sont pas à l’origine conçus pour de telles charges.

On peut qualifier d’effrayant le roman de Frank Herbert « La ruche d’Hellstrom » datant de 1973. Il s’agit ni plus ni moins de l’histoire d’un entomologiste qui a installé son laboratoire dans une vallée perdue de l’Oregon, où il dissimule une vaste ruche à l’intérieur de laquelle il tente d’adapter des êtres humains au mode de fonctionnement des sociétés d’insectes. Bien sûr, 1973, c’est encore « la guerre froide », même si elle est alors larvée, et on peut voir dans cette allégorie une critique des systèmes communistes encore bien en vigueur à l’époque, et de l’organisation des sociétés issues de cette idéologie. Je dirai que cela concerne les totalitarismes de façon générale, et ce roman à ce titre ne peut que nous alerter, car tout est toujours et encore possible.

D’insecte, il en est bien sûr encore question dans le film de David Cronenberg datant de 1986, « La mouche ». Lors d’un essai de « téléportation », une mouche passe dans les parages, ce qui aura des conséquence abominables pour le personnage principal. C’est à une grande prouesse d’acteur que se livre Jeff Goldblum que l’on voit petit à petit muter en insecte, dans ce film remarquable qui a été très justement récompensé au festival du film fantastique d’Avoriaz en 1987.

Comme on l’a vu, il existe plusieurs causes aux mutations. Le cas le plus fréquent provenant du danger nucléaire. Mais sans que l’on s’en aperçoive vraiment, nos habitudes quotidiennes dues à l’avènement de certaines technologies, contribuent dans un premier temps à une mutation de nos comportements qui, à terme, pourrait bien avoir des conséquences anatomiques.
À cet effet, je ne puis m’empêcher d’inclure dans cet article, ma très courte nouvelle intitulée « Communication » que je dédie plus particulièrement aux inconditionnel(le)s du SMS.

COMMUNICATION

« En ce siècle lointain, les Terriens avaient tous l’oreille droite en forme de téléphone portable. C’était ainsi ; c’était normal. Mais un jour, naquit un bébé dont l’oreille droite était en tout point semblable à la gauche. On plaignit bien évidemment la pauvre famille à qui le mauvais sort avait envoyé un enfant handicapé. Mais lorsque quelques années plus tard, l’enfant se mit à exhiber le téléphone portable en plastique, que chez les siens on se transmettait de génération en génération, de partout on accourut pour venir se prosterner devant lui, et saluer ainsi le retour du Père de l’Humanité. »

Pour le thème des mutants :

 « L’étoile de fer » de John Taine - Le rayon fantastique.

 « Les chaînes de l’avenir » de Philip K. Dick - Le livre de poche.

 « La ruche d’Hellstrom » de Frank Herbert - Le livre de poche.

 Le DVD du film « La mouche » de David Cronenberg.

Décembre 2006