Les livres qui font peur aux auteurs...

Georges Bormand

- G.J. Ballard : Vent de nulle part

- Colin Wilson : La pierre philosophale



David Bry

Je ne lis pas de livre qui font peur car ... ils me fichent la trouille grave, justement. C’est d’ailleurs pour ça que jamais, jamais je n’essaierai d’écrire des romans d’horreur.

Et que je suis convaincu que les auteurs d’horreur sont encore plus timbrés que les autres :)

François Darnaudet

Les vampires me font peur ! Les romans les plus terrifiants mettant en scène ces zozos-là sont, pour moi, Je suis une légende de Matheson et Salem de King. A ma première tentative de lecture, je n’ai pas pu aller jusqu’au bout du Matheson. Trop peur ! Le King est vraiment très bien construit et très bien écrit.

Ensuite, deux romans très angoissants car très originaux et très talentueux : L’affaire Charles Dexter Ward de Lovecraft et l’incroyable La maison au bord du monde de Hodgson. On a déjà tout dit sur ce chef-d’œuvre de Lovecraft ! Par contre, le Hodgson est moins connu mais cette histoire de type qui vit seul dans une maison qui communique avec un gouffre sans fond d’où surgissent de temps en temps des cochons bipèdes qui cherchent à le tuer est hallucinante.


Un petit cinquième : Le démon des morts de Masterton. Pourquoi ? Ah ! Ah ! Pourquoi ? Jeunes insensés ! Lisez et tremblez !

Ne ratez pas votre Halloween !

Nathalie Dau

Les cinq livres qui m’ont fait le plus peur...
Les chiens de Tyndalos, lu dans je ne sais plus quel Press Pocket. Je n’ai plus jamais regardé les angles de la même façon, après.

- L’affaire Charles Dexter Ward... Et tous les Lovecraft. Si délicieusement malsain qu’un jour je les ai donnés tant je flippais rien que de les voir sur l’étagère de ma bibliothèque.

- Dix petits nègres d’Agatha Christie. J’en ai vraiment fait des cauchemars.

- Simetiere de Stephen King. Méchant King qui fait du mal aux chats !

- La toute première version de la geste arthurienne tombée entre mes mains lorsque j’étais enfant, à cause de la scène du début, quand le diable veut engendrer un fils et envoie un démon visiter une jeune humaine pas pire que les autres mais qui a oublié de faire sa prière du soir. J’étais encore
catholique, à l’époque, et ce texte m’avait terrorisée.

Serena Gentilhomme

Je dois mes premiers frissons à L’Enfer de Dante Alighieri, illustré par Gustave Doré. J’avais alors quatre ans, je m’embêtais à mort dans mon austère famille et j’appris à lire, tout seule, demandant parfois des élucidations sur la correspondance entre les lettres et les sons, grâce à la Divine Comédie. Je ne comprenais pas toujours les vers dantesques en bas des gravures mais cette langue archaïque et mystérieuse m’inspirait une exquise terreur.

Mais la rencontre qui devait déterminer ma vocation horrifique eut lieu début 1961, quand, en cachette, je mis la main sur une lecture défendue : l’anthologie Histoire de fantômes (Storie di fantasmi) que Carlo Fruttero et Franco Lucentini venaient de traduire pour les éditions turinoises Einaudi. Là, je fis la connaissance des plus grandes plumes anglophones. Longtemps, j’eus de la peine à m’endormir de bonne heure après la lecture de la Patte de singe de William Wymark Jacobs et, surtout, de Siffle et je viendrai, de Montague Rhode James. Cette dernière nouvelle me traumatisa à un tel point que, même maintenant, je ne supporte pas de voir traîner chez moi des draps froissés : je me dépêche toujours de les mettre hors d’état de nuire en les repassant en vitesse, après une longue détention préventive dans le sèche-linge.


À la fin des années ’60, après avoir vu le film La Maison du diable de Robert Wise, je fus tentée de lire le superbe roman de Shirley Jackson et le trouvai encore plus effrayant que son adaptation filmique : comme dans les deux textes cités ci-dessus, l’épouvante y est d’autant plus efficace qu’elle est impalpable.

Plus récemment - il y a une dizaine d’années environ -, alors que je me croyais vaccinée question sueurs froides, j’ai été fort agréablement secouée par la nouvelle La robe de soie blanche de Richard Matheson, parue en 1951, dont la traduction française a été publiée en 1997 dans La Grande Anthologie du Fantastique de Jacques Goimard et Roland Stragliati, p.247-252. Je n’en dis pas plus, mais je conseille à tous les assoiffés de peurs diverses qui ne connaîtraient pas encore ce texte, de se précipiter sur ce bijou horrifique : ils ne seront point déçus !

Jess Kaan

- RING 0. parce que l’histoire du bébé qui arpente la ville m’a fichu la chocottes, c’est malsain... Bravo !

- Brume dans le recueil éponyme de Stephen King... Ambiance angoissante à souhait. Le mal n’est pas là où on l’attend.

- Le portrait du Mal de Masterton. La scène de départ avec l’autostoppeuse, cette fille sombre...

- La peur de Maupassant, ambiance oppressante, du vrai fantastique.

- Les rats de James Herbert... une peur viscérale celle des animaux... mon premier « terreur »... la découverte d’un monde nouveau.



Adrianna Lorusso

En principe, je ne lis pas les livres supposés faire peur : soit ils n’y parviennent pas, et c’est un flop, soit ils y arrivent. Or, je DETESTE avoir peur.

Je me suis, toutefois, laissée entraîner à lire « Ca » de S. King.

Le roman semble parler d’un clown qui vit dans les égouts et tue les enfants - ou les adultes quand il met la patte dessus.

Cela ne me faisait pas peur et à vrai dire, j’ai trouvé l’histoire un rien grotesque mais très bien écrite. J’ai donc continué.

Là, j’ai découvert qu’il ne s’agissait pas nécessairement d’un clown. Quelqu’un d’autre voyait un oiseau géant.

Quand j’ai compris que chaque personne voyait sortir des égouts publiques ou des toilettes l’image qui la terrifiait le plus, j’en suis venue à me demander ce que moi, j’aurais vu.

Il était très tard. Maison plongée dans l’obscurité, petits bruits d’origine inconnue (la maison est en bois et elle bavarde). Du coup, mes toilettes ont commencé à m’angoisser...



Frédéric Livyns

- Ca de Stephen King. Ben oui, il m’a foutu la trouille avec son célèbre « Ils flottent tous en bas ».

- Le djinn de Graham Masterton. Qui n’aurait pas peur avec cette histoire de visage hein ???

- Nuit d’été de Dan Simmons. Là, c’est l’ambiance (qui me faisait aussi penser à Ca de King d’ailleurs) qui m’a foutu les boules (de Noël).

- Le vent sombre de Brussolo. Cette histoire de bercer les morts pour les endormir, c’est juste géant !

- Cérémonial nocturne de Thomas Owen. La nouvelle proprement dite, celle qui donne son titre au recueil. J’étais gamin et l’atmosphère me fait encore frissonner !

Bruno Peeters

Les 5 textes qui m’ont fait le plus peur.

- 1. C.A. Smith : L’habitant des gouffres, in Les Abominations de Yondo, Néo

- 2. F. Brown : L’univers en folie (le passage des aveugles nocturnes), PdF

- 3. H.P. Lovecraft : L’appel de Chtulhu, PdF

- 4. J.W. Campbell : Le ciel est mort, AD

- 5. M. Rozenberg : Le paquet, in Altérations, Nuit d’Avril

Christian Perrot

La peur est un sentiment complexe en général, et plus encore en littérature où le lecteur réagit en fonction de son point de vue. Ainsi, un ophidiophobe sera tétanisé en lisant La malédiction de Yig révisée par H.P.L. Lovecraft ; texte sur lequel ne réagira pas un coulrophobe, alors que ce dernier tremblera en parcourant Ça de Stephen King. Difficile également de trouver des livres qui m’ont fait trembler au sens strict du terme (même si certains m’ont laissé un souvenir inaltérable d’ambiance qui « prenait aux tripes »).

Aussi, en me fiant à ma seule perception, je dirais que mon top 5 serait :

- Spectres de Dean Koontz (même s’il ne faut pas se fier à son titre) pour son aspect angoissant qui attrape le lecteur durant une grande partie du roman (la fin est un peu plus « action »).

- L’escalier de l’ombre de Peter Randa pour son exploration du monde des ombres et de la mort qui fascine le lecteur en le scotchant à son fauteuil.

- Krucifix de Serge Brussolo pour son aspect glauque qui prend à la gorge tout en changeant votre vision de la nature.

- Insomnie de Stephen King pour la terrible question qu’il distille : et si c’était vrai !

- Et enfin, La couleur tombée du ciel de H.P.L. Lovecraft (certes, c’est une nouvelle, pas un roman) pour sa démonstration que tout peut devenir néfaste pour l’homme, même une couleur venue d’ailleurs.



Carina Rozenfeld

Ah ! Bonne question ! J’évite les livres qui font peur, donc je n’en ai que deux à proposer.

Simetierre de Stephen King. Je n’ai pas pu le finir parce que je savais où il voulait en venir et je ne pouvais tout simplement pas le lire.

La maison des feuilles de Mark Z. Danielewski. J’ai été terrorisée pendant toute la lecture. Un livre incroyable, qui ne ressemble à aucun autre, mais qui est effrayant au possible.

Brice Tarvel

A vrai dire, aucun livre ou film ne m’a jamais fait peur. Impressionné, oui, mais pas terrorisé. Quand j’étais petit, j’avais peur de la nuit. A présent, ce que je crains le plus, c’est l’administration.

Ma liste, de mémoire et non exhaustive :

- Hôtel de l’enferde Roger Sattler (un Fleuve Noir angoisse qui m’a marqué au début de mon adolescence, car c’était la première fois que je tombais sur une scène aussi horrible, celle d’une brute mâchant une cervelle humaine).

- Shiningde Stephen King (j’ai beaucoup été captivé par le roman et le film, peut-être parce que j’écris et que je me suis parfois quelque peu approché du déraillement).

- Le Chien des ténèbres de Benoît Becker (encore un Fleuve Noir angoisse. Londres, le brouillard, la mort qui rôde, tout ce que j’aime).

- La Nuit sur terre de Pierre Pelot (j’en conserve le souvenir flou d’un enfer sur lequel on pourrait tomber au cours d’une simple balade).

- Cauchemar à louer de Serge Brussolo (Brussolo est un artiste de la peur. Ce roman plutôt que d’autres, peut-être parce que, enfant, il m’est arrivé d’avoir peur de mes propres parents, imaginant qu’ils puissent devenir brusquement dangereux pour moi).


Bien d’autres titres pourraient être ajoutés à cette liste.

Marc Van Buggenhout

- 1. Le village des damnés - John Wyndham

- 2. L’échiquier du mal - Dan Simmons

- 3. Midnight - Dean Koontz

- 4. La maison des damnés - Richard Matheson

- 5. Nuit d’été - Dan Simmons

Daniel Walther

- Robert Aickman Strange stories (2 vol.). Robert Aickman (1914-1981) est un fantastiqueur anglais que je chéris mais que les éditeurs français oublient systématiquement de publier. Quelques textes ont paru dans Fiction et de rares anthologies… Ces lignes s’adressent donc surtout aux lecteurs anglophones, amateurs de demi-teinte et d’horreur feutrée. Deux volumes, édités par Tartarus Pess et Durtro Press, réunissent tous les recueils de R. Aickman, c’est cher mais ça vaut le coup de tâter de cet écrivain mort top tôt. Autres titres : Dark Entries, Powers of Darkness, Cold Hand in Mine, Tales of Love and Death, Night Voices, etc.

- Theodore Roszak L’Enfer des Rêves. Theodore Roszak fut un auteur (romancier et essayiste) surprenant, révolutionnaire qu’Hélène Oswald a largement accueilli dans sa collection au Cherche Midi. Ses romans sont des textes très modernes qui transmettent un frisson réellement né de l’abyssal (in)humain. Des livres-choc qui plantent leurs griffes dans les nerfs du lecteur. Comme « L’Enfer des Rêves », le destin d’une femme qui pénètre ans les rêves d’autrui et ses cauchemars.

- Haruki Murakami Le Japon des séismes. C’est un roman à faire vraiment peur. Le livre de Haruki Murakami est un bréviaire de l’angoisse d’avant les événements de Fuskoshima, et après ceux de Kobé, une errance à travers des cauchemars réels qui ont la peau dure et continuent de faire mal longtemps… Lisez les textes d’« Après le tremblement de terre », 10/18.

- Bram Stoker : Romans et nouvelles réunis par Alain Pozzuoli et Jean-Pierre Krémer chez OMNIBUS . Tous les classiques de Stoker qu’on ne devrait pas cesser de lire sont là ! (Dracula, La dame au Linceul, L’invité de Dracula…) parce qu’il y a toujours quelque chose à tirer de là. Chez ce diable d’Irlandais. Le classique c’est comme un costume british, c’est beau et ça ne se démode pas !

- Restons dans le classique avec l’édition française d’Oliver Onions (1873-1961) parue chez Joëlle Losfeld. Cela vaut la peine de lire Onions, surtout pour des récits comme « La belle qui vous fait signe » (The Beckoning Fair One). A lire pour frémir délicieusement !

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