Les chiens

On connaît bien sûr « Demain les chiens » de Clifford D. Simack, et son postulat de l’espèce canine remplaçant les humains sur la Terre suite à toutes sortes de péripéties.


Mais en 1979, sortait le film d’Alain Jessua « Les chiens », qui par bien des côtés, s’apparente au fantastique, voire à la S-F.

Avec en tête d’affiche, Alain Depardieu et Victor Lanoux qui ne sont pas a priori coutumiers de ces deux disciplines, ce film traite du syndrome sécuritaire et de toute ses dérives.

Dans une petite ville où tout le monde se sent menacé, où l’insécurité est censée être omniprésente, chacun se procure un chien d’attaque afin d’être prêt à riposter.

Le médecin récemment installé, joué par Victor Lanoux, voit ainsi défiler dans son cabinet un tas de gens souffrant de morsures.

Car d’une telle société, ne peut que naître la confusion, où agresseurs et agressés potentiels se confondent, pour à la fin n’engendrer que des victimes.


Et bien sûr comme toujours dans ces cas-là, la surenchère prévaut, et elle est symbolisée par Gérard Depardieu, admirable dans son rôle de dresseur de chiens, prêt à cultiver et à développer la paranoïa ambiante.

Je disais que ce film peut s’apparenter au fantastique, et c’est particulièrement vrai dans une scène où l’on voit un tas de gens installés à une terrasse, tenant chacun en laisse, un chien prêt à mordre. La scène dépasse le degré acceptable de la raison et du rationnel. Et ce film est sans aucun doute visionnaire lorsque l’on se remémore toutes les affaires sanglantes ayant pour origine des chiens dangereux, qui se sont multipliées depuis 1979. Et visionnaire il l’est encore, quand on se rend compte que depuis plusieurs années, on est entré dans une spirale sécuritaire, où ne sont pointés que les supposés remèdes, et ignorées ou laissées de côté les origines profondes de la maladie.

Ce film datant d’il y a déjà 28 ans, nous renvoie finalement en miroir notre société où l’on voudrait s’emprisonner sous une cloche de verre bourrée de micros, de caméras et de radars, et où peut-être bientôt, chacun tiendra en laisse son chien dressé pour attaquer.

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Commentaires

C’etait, en effet, tout à fait judicieux de mettre en parallèle cette fiction ( aux limites du fantastique) vieille de près de 30 ans avec les problèmes actuels liés à l’insécurité et à la recrudescence des agressions canines. Chapeau !

J. lucchesi