Proies (Les)

Réalisateur: 

La traque



Détour mortel

Quim roule dans une région isolée en suivant une route sinueuse. Il se rend au cottage forestier des parents de son ex-petite amie, dont il ne connaît pas l’exacte localisation, dans l’espoir de pouvoir se rabibocher avec elle. En chemin, il s’arrête à une station essence pour faire le plein ainsi qu’une petite pause. C’est là qu’il rencontre Bea, une jeune femme qui lui saute littéralement dessus dans les toilettes pour une brève mais torride étreinte et en profite par la même occasion pour lui dérober subrepticement son portefeuille. C’est au moment de payer son essence que Quim prend conscience du vol et décide de suivre la trace de la jeune femme qui vient tout juste de quitter les lieux.
En tentant de la rattraper, il arrive à un embranchement et choisit d’emprunter une route déserte qui sillonne la montagne. C’est là qu’il perd définitivement son chemin. Alors qu’il tente de se repérer, il devient soudain la cible d’invisibles snipers embusqués sur les hauteurs des collines avoisinantes. Alors qu’il tente d’échapper à la fusillade, il percute de plein fouet sur la route un homme avec sa voiture qui ne tarde pas à devenir inutilisable. Quelques minutes plus tard, il tombe à nouveau sur Bea qui semble, elle aussi perdue, et vit le même cauchemar que lui. Bien que particulièrement méfiants l’un envers l’autre après ce qui s’est passé entre eux dans la station service, ils décident toutefois d’unir leurs forces pour quitter cette région hostile et tenter d’échapper à leurs mystérieux assaillants.

Human nature

Les Proies est un Survival qui se déroule en pleine nature et dans lequel deux adultes, pourchassés dans les bois par des inconnus, fuient pour tenter de sauver leur peau. On est ici aux antipodes de la “cible” ado des Survivals hollywoodiens puisque le personnage de Quim est un trentenaire ordinaire, citadin dans l’âme et accro à la technologie, qui se retrouve, bien malgré lui, dans une situation hors du commun.
Il n’a rien absolument rien d’un héros, il a juste la malchance de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Le spectateur peut donc s’identifier facilement à lui et partager (ou au moins comprendre) sa peur, ses doutes, ses interrogations ainsi que sa lâcheté lorsqu’il se retrouve complètement perdu au milieu de nulle part et pourchassé dans un environnement hostile par des assaillants inconnus qui le traquent comme du vulgaire gibier. Bea, quant à elle, est une jeune femme dotée d’un fort tempérament qui semble n’avoir peur de rien. Réunis bien malgré eux dans la même galère, ils fuient ensemble dans l’unique espoir de rester en vie et tentent de s’entraider malgré leur méfiance mutuelle.

Into the wild

La nature hostile dans laquelle se déroule l’action tient lieu ici de “personnage” à part entière, tour à tour désertique, boisée, rocheuse et escarpée sur laquelle viennent se greffer les aléas d’une météo capricieuse ce qui ajoute encore un lot de difficultés (pluie, soleil, froid nocturne, brume matinale épaisse). Du coup, le chemin à parcourir peut s’avérer parfois être aussi dangereux voire même plus que leurs poursuivants. La fuite éperdue du couple est marquée par la peur qui les étreint et l’angoisse ressentie par les fugitifs est d’autant plus grande du fait qu’ils ignorent totalement par qui ils sont traqués et surtout pour quelles raisons ils le sont.
Brutalement immergé au cœur de cette situation extrême, Quim ne prend pas forcément des décisions héroïques même s’il a pleinement conscience qu’il risque fort de le regretter ensuite pour le restant de ses jours. Dans de telles conditions, c’est son instinct de survie qui prévaut sur son altruisme.
Les Proies empruntent des chemins similaires à ceux de La Chasse du Comte Zaroff avant de brusquement bifurquer dans la dernière partie au cours d’un étrange retournement de situation qui vire à l’affrontement frontal entre agresseurs et agressés dont les rôles s’inversent alors dans une sorte de Règlement de comptes à OK Corral au cœur d’un village fantôme.

Gonzalo Lopez-Gallego opte pour le réalisme et détourne les clichés du genre pour y instaurer de nouvelles “règles du jeu” en montant son film comme un jeu vidéo ce qui n’est pas anodin en raison des motivations qui animent les assaillants (mais qu‘on ne dévoilera pas ici pour ne pas gâcher le plaisir du spectateur), le but étant, du coup, de disséquer la façon dont les personnages (ré)agissent face aux situations extrêmes dans lesquelles on les a plongés.

Les Proies, c’est avant tout un film d’atmosphère, pur et dur, qui ne fait pas dans la dentelle (en raison de la violence et de la cruauté de certaines scènes) et qui doit beaucoup à la fois aux lieux et aux conditions dans lesquels se déroule l’action ainsi qu’à la mise en scène avec l’utilisation de plans subjectifs des chasseurs. Si le début met l’eau à la bouche et intrigue, l’histoire s’essouffle pourtant malheureusement assez vite et il est bien difficile de faire abstraction des invraisemblances qui ponctuent le scénario (ex : comment Quim peut-il courir aussi vite et aussi longtemps alors qu’il a reçu une balle dans la jambe dès le début de la poursuite ?). Quant à la dernière partie, elle risque fort de paraître peu crédible à bon nombre de spectateurs.

Les Proies

Réalisation : Gonzalo Lopez-Gallego

Avec : Lenardo Sbaraglia, Maria Valverde, Thomas Riordan,Andres Juste,Pablo Menasanch, Francisco Olmo, Manuel Sanchez

Sortie le 16 juillet 2008

Durée : 1h 30

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