L'épopée de Xyrus d'Alexanderya

 

La guerre est aussi vieille que la mémoire des hommes, amie de toujours et vieille copine de la mort. De fait, je ne fus pas étonné lorsque mon roi annonça que son royaume était en guerre avec le royaume voisin. A Terrenor, nous sommes belliqueux de nature, nos terres sont peu fertiles alors il nous faut constamment conquérir de nouvelles régions pour les cultiver et nous nourrir. Mais entre savoir que la guerre est chose courante et en vivre réellement une, il est un gouffre. Mes amis chevaliers et moi rentrions d’une mission dans les contrées lorsque nous avons appris la nouvelle en arrivant dans la caserne. « Nous sommes en guerre » furent les premières paroles de mon écuyer Jonas. Il était excité comme une puce de partir pour le champ de bataille, pressé de faire ses preuves et d’honorer le nom de sa famille. 

— Combien de temps durera cette guerre à votre avis, maître Xyrus ? me demande-t-il alors qu’il m’aide à descendre de cheval. Le roi a d’ors et déjà annoncé qu’elle serait brève et que les troupes du nord frapperaient bientôt. Cela veut dire que nous ne combattrons pas ?

Inutile de lui répondre, Jonas est parti dans un monologue qui ne s’arrêtera pas avant que ne s’éteigne son cerveau, c’est-à-dire pas avant le dîner et le vin libérateur.

— Panse-le bien, et vérifie ses fers, dis-je en désignant ma monture, je crois qu’il boîte de la jambe avant gauche.

— Oui, maître.

Je me passerai de lui pour me changer, il y a assez de pages dans la caserne des chevaliers pour que l’un d’eux me prépare un bain et m’aide à retirer mon armure. Je quitte les écuries et avance vers les escaliers en colimaçon qui mènent jusqu’aux chambres, dans les étages supérieurs. Lyros s’y trouve, bien loin de son air enjoué habituel. Il est sombre, presque froid, et taciturne.

— Nous y allons, n’est-ce pas ?

Son regard me suffit, il est assez éloquent. Ce sera notre première guerre, et avec un peu de chance pas la dernière. Jonas est bercé par les récits de batailles antiques et épiques, il ne connaît de la guerre que ces hauts faits tellement romancés qu’on en oublierait qu’avec chaque épée transperçant d’un coup salvateur un ennemi se déverse un flot de sang du même rouge que le nôtre. Lyros et moi étions comme lui pendant nos années d’écuyers à la cour royale, puis, un jour, peu après être devenus officiellement chevaliers, nous sommes tombés dans un guet-apens lors d’un voyage. La mort s’était présentée à nous sous son jour le plus violent. Ce n’était qu’une bande de gueux mais leur rage n’avait d’égal que leur odeur. Trois de nos amis tombèrent sous nos yeux, un autre salement blessé mais le plus dur fut de tuer, pour de vrai. Je me souviens avoir longuement contemplé mon arme rougie par le sang de nos ennemis, elle en prenait la chaleur et ne reflétait plus le soleil ardent qui rayonnait au-dessus de nous. J’appris également ce jour-là à ne jamais oublier d’enduire la lame de suie, j’ai failli mourir d’un coup de dague que je n’avais pas vue à cause de la réflection de la lumière.

 

Nous montons en silence les marches de pierre grise et nous séparons une fois dans le couloir principal. Ce n’est qu’en refermant la porte derrière moi que je me rends compte de l’absence des bruits habituels dans la cour. Ce ne devrait être que fracas de fer contre acier, cris de douleurs et d’efforts mais rien de tout cela. Au contraire, tout n’est que silence. J’avance jusqu’à ma fenêtre, soulève le loquet et l’entrouvre avant de passer la tête au dehors. Je vois quelques instructeurs discuter à voix basse mais aucun combattant. Ils sont probablement tous réunis dans la grande salle des repas à commenter la nouvelle. Un page arrive avec de l’eau chaude. J’ai oublié d’en demander en montant mais il semblerait que Jonas ne soit finalement pas si incompétent. Cette eau sur ma peau est un pur délice, la friction du linge également. J’ai les muscles endoloris par toutes nos chevauchées.

 

Le dîner est à l’image de Jonas et Lyros : nombreux sont ceux qui s’extasient à la simple pensée de monter au combat et les autres sont mornes, conscients de l’envers du décor. Je regarde avec attention chacun des chevaliers présents, nous montrons certainement tous au combat mais peu reviendront ici. Je préfère ne pas me poser de questions quant à ma survie, ce sera entre mon épée et moi. Nous serons liés dans cette épreuve et si je réussis à ne pas la lâcher, elle me gardera en vie. Notre commandant, l’un des proches du roi, nous fait l’annonce officielle de notre envoi sur le champ de bataille. Nous galoperons vers le nord dès demain matin. L’ivresse est une séductrice mais je n’y succomberai pas ce soir. La raison et la mélancolie l’emportent, je remonte dans ma chambre et me glisse sous les draps froids. Ce confort est à savourer, nul ne sait combien de temps nous dormirons sur des lits de camps dans des tentes trouées et soufflées par les vents d’hiver.

 

Comme tous les débuts de campagne, la plupart des soldats partent le coeur léger, sûrs d’un conflit bref dont ils sortiront vainqueurs. Le voyage dure plusieurs jours, sur des routes en bon état – merci au roi d’en avoir assuré la maintenance. Ces précieuses voies pavées permettent d’acheminer les marchandises de tout le royaume vers la capitale. Les éclaireurs ont localisé l’ennemi, nous attaquerons à l’aube.

 

Notre champ de bataille est ce qu’il y a de plus vide : une immense plaine verte. Nous combattrons de manière classique, armée contre armée, à découvert. Le vainqueur aura plein accès au royaume du vaincu.

 

Mon bataillon attaque sur le flanc droit, nous galopons à toute allure, de petites lances dans une main, les rênes dans l’autre. Nous nous fracassons contre une ligne de boucliers rangés. Certains réussissent à la franchir, d’autres y meurent douloureusement. Je suis passé, ma lance s’est plantée dans un bouclier et j’ai tiré mon épée. Je donne des coups à gauche et à droite, les hommes tombent à terre, en sang, et je continue. Trois spadassins se jettent sur moi, j’en tue un mais les autres réussissent à me désarçonner, je tombe à terre mais frappe encore. Ne jamais sous-estimer un homme armé, même s’il est au sol. Je me relève, saisis un bouclier et combats ceux qui se présentent devant moi.

 

L’aisselle, toujours viser l’aisselle, c’est un point faible de l’armure. Cette zone est vulnérable à cause du manque de ferraille qui nuirait à la mobilité du bras. L’homme tombe à terre en hurlant mais je l’ignore : pas la peine de l’achever, la perte massive de sang s’en chargera dans quelques instants. Je continue à avancer, l’épée levée et frappe tout ce qui ne ressemble pas à un soldat du roi. La peur a quitté mon corps lorsque ma lance a tué un premier ennemi. Depuis je n’ai qu’un seul but : survivre. Mon armure est couverte de sang mais je n’en ai cure ; mon épée couverte de suie, de terre et de sang perce et transperce sans discontinuité. Je fais une pause après un énième homme à terre et jette un regard circulaire. Tout est normal, entrelacs de cadavres, de cris d’agonie et de duels mortels. Je ne sais pas si nous gagnions cette bataille. L’ennemi dans ses rouges uniformes me semble en nombre supérieur mais il en faut plus pour me faire perdre pied. Je cherche un visage familier et vois un peu plus loin Lyros, un genou à terre, face à un homme tout de noir vêtu dont même le visage est dissimulé. Mon coeur bondit dans ma poitrine et mon corps l’imite. Je me jette sur l’assaillant sans réfléchir mais je ne peux l’empêcher de planter une dague dans la gorge de mon ami le plus cher. L’homme et moi tombons sur le cadavre de Lyros qui expire et dégage une étrange fumée bleue. Je roule avec l’homme et nous chutons tout les deux dans un gouffre inexistant. Tout est noir autour de nous, je ne comprends pas ce qu’il se passe. L’homme masqué continue de se défendre et me repousse mais je lui enfonce mon poing ganté d’acier là où devrait se trouver sa mâchoire. Je rencontre une résistance, il y a bien un visage sous ce tissu noir.

 

La chute se solde par la rencontre de nos corps avec un sol herbeux humide, nous dévalons le flanc d’une colline à moitié assommés et nous détachons. Mes sens sont perdus, la tête me tourne et mon estomac ne demande qu’à rendre le maigre repas ingurgité ce matin mais je tiens bon et me relève prêt à en découvre. Mon adversaire a perdu sa capuche dans la chute, son visage est couvert de cicatrices et ses yeux sont d’un rouge brillant qui n’a rien d’humain.

— Tu lâcher ça ! me hurle t-il avec force avant de se précipiter sur moi, sa dague brandie.

Je ne sais pas de quoi il parle et à vrai dire peu m’importe, seule son arme m’intéresse. Je le pare sans grande difficulté mais il revient aussitôt à la charge et notre combat continue. Ni lui ni moi ne parvenons à prendre le dessus. Sa manière de combattre est tout à fait surprenante, ses coups sont imprévisibles et j’ai bien du mal à les parer. Alors attaquer. Il ne cesse de me crier de le lui rendre, mais j’ignore ce dont il s’agit, je ne pense qu’à survivre. Soudain il recule et, pour ce que je réussis à décrypter entre ses balafres, est soudain aussi effrayé que s’il avait la mort en personne en face de lui. Je me retourne et en découvre bien vite la raison : une bête monstrueuse s’est silencieusement approchée de nous et s’apprête à nous dévorer. Je vois une énorme masse noire et de nombreux crocs, je ne m’attarde pas sur elle. Fuir. Fuir !

 

Nous courons aussi vite que nous le pouvons, mon corps me fait atrocement souffrir, la chute et le combat l’ont blessé. J’ignore tous ces signaux de douleur qui remontent par mes nerfs jusqu’au cerveau. L’adrénaline coule à flot, la peur est un stimulant puissant. Je double mon adversaire qui boite. Il hurle et accélère mais ne parvient pas à me rattraper. Le monstre nous rattrape et lui saute dessus. Je l’entends crier et m’appeler à l’aide. Je me retourne et le vois à terre, il a mis son épée entre les crocs de la bête mais elle a plus de force que lui. Je devrais le laisser là et sauver ma vie.

— Venir m’aider ! Pitié !

Le monstre sur lui est atroce, sa simple vue est abominable, j’en ai les genoux qui tremblent et le courage me manque. Il réitère ses suppliques et cela me décide. Je respire fortement, hurle et fonce à pleine allure vers eux. J’enfonce mon épée dans la gorge recouverte de fourrure noire une fois, deux fois. Le monstre grogne et délaisse mon adversaire pour se tourner vers moi et me décoche un coup de patte qui m’envoie à terre. Ce sol mouillé sera ma dernière demeure car la bête bondit sur moi, je lève le bras pour parer mais la voilà qui s’effondre. Je la repousse et me dégage puis me relève en contemplant son cadavre.

 

Mon adversaire s’approche lentement, il est assez amoché. Je lève une main armée mais il range son épée. J’accepte ce geste de paix et fais de même.

— Tu tuer un volours, tu être un grand guerrier.

Son langage est étrange mais je parviens à le comprendre.

— Ce truc est énorme.

— Les volours être des prédateurs féroces, ils chasser en solitaire, en silence.

A présent que tout danger semble écarté, je m’attarde sur ce lieu inconnu où je me trouve. Le ciel est pourpre, nuageux, un petit astre tout en nuances de mauve et violet nous éclaire et baigne cette grande plaine entourée de petites falaises de pierre claire. Cela ne ressemble à rien de connu. Je n’ai jamais étudié en détails les cartes du monde mais je suis pratiquement sûr qu’une vallée pareille serait répertoriée.

 

Un groupe d’individus armés s’approche de nous, je ressors mon épée, prêt à en découdre. Je préfère mourir plutôt que me laisser capturer. Mon adversaire se met entre nous, les bras ouverts et s’adresse à eux.

— Il me sauver ! Tout aller bien !

Les cinq individus se rassemblent et proposent à mon ancien adversaire une gourde de cuir marron, il boit goulûment puis s’écarte d’eux et vient me proposer un peu de la boisson. Je saisis l’objet, le porte à mon nez, le liquide qu’il contient a une faible odeur d’amande. Je pose mes lèvres dessus et incline la gourde pour déguster cette boisson. Le liquide me brûle la gorge, de l’alcool artisanal pour sûr. Je toussote et lui rends alors qu’il rit.

— Tu n’être pas si fort finalement !

— Aussi faible que je sois, je t’ai sauvé la vie.

Il sourit et acquiesce avant de me tendre une main amicale que je serre.

— Je m’appeler Cat et j’avoir une dette envers toi.

— Xyrus, du royaume de Terrenor. Où sommes nous ?

Cat me répond que nous sommes dans le royaume, juste le royaume. Ses amis se rapprochent et commencent une vive discussion. Je serais le premier humain à pénétrer dans le royaume. Ce n’est pas une bonne chose.

— Nous mourir ! s’écrie l’un d’eux qui ne peut tenir en place. Il fait les cents pas, de grands mouvements de bras et se prend régulièrement la tête entre les mains.

La panique le gagne et se propage aux autres. Cat tente de les calmer et moi de comprendre le problème. Le plus vieux du groupe m’explique que les humains viennent tous ici après la mort, pas avant.

— Nous voler et ouvrir un portail pour aller chercher vos âmes en haut. Cela être interdit ! Si tu pas apparaître ici, personne savoir pour notre virée là-haut !

 

Après la mort, je suis tombé vivant dans le royaume des morts. Cette plaine est le royaume des morts. Je suis fichu. Cat voit ma détresse, je suis au bord de la panique et de la perte de contrôle, il pose une main sur mon épaule et me déclare qu’il va trouver une solution, en paiement de sa dette. Sa main glisse vers mon cou et je me raidis mais il s’écarte. Au creux de sa paume se trouve une sphère translucide et brillante d’un bleu pastel.

— Ton ami accrocher à toi. Il choisir de te suivre. Cela être son âme.

Mon ami ? Lyros ! Il me tend la sphère et c’est avec précaution que je prends l’âme de mon meilleur ami. Une larme roule sur ma joue alors que je comprends les implications. Il est mort, Lyros est tombé. Je voudrais pouvoir m’éloigner un moment pour le pleurer mais ce n’est pas le moment, je dois trouver un moyen de rentrer. Cat passe un bras sur mes épaules et annonce aux autres que nous partons tous pour leur village. Cela provoque un mouvement d’effroi. Celui qui faisait les cents pas pousse un petit cri et clame qu’ils vont tous mourir.

— Nous devoir trouver un moyen de le renvoyer ! Nous devoir en parler aux anciens !

— Ils tuer nous ! Nous tous mourir ! Dans le meilleur des cas !

— Cela être la seule solution ! Sinon nous devoir parler aux gardiens !

A la réaction du groupe, les gardiens sont une pire solution. Ils débattent encore un peu puis se résignent à partir vers leur village, Cat prend le cadavre du volours sur ses épaules et nous partons. Nous traversons la grande plaine et ils se disputent pendant tout le trajet, à propos de moi, du portail, du manque d’âmes... Je les écoute distraitement, je peine à tout intégrer. Cet endroit est incroyable, à vrai dire je n’y crois pas, mais je serre fermement l’âme de Lyros dans ma main gantée. Il occupe une bonne partie de mes pensées. Quand soudain l’un de mes compagnons s’écrie en pointant le doigt vers le ciel, vers une étoile filante rouge. Je n’ai pas le temps de faire un voeu que déjà ils se mettent à courir vers l’étoile qui tombe du ciel. Celle-ci finit sa course dans l’herbe verte aux reflets multicolores. Le plus rapide de la bande se jette à terre et la ramasse avant qu’elle ne fusionne avec le sol et lève le bras en signe de victoire.

— Je l’avoir !

La joie est immense et partagée par tous les membres du groupe, je ne comprends pas. Cat m’explique avec un grand sourire qu’ils sont chasseurs d’âmes et qu’en obtenir est très difficile. Une fois qu’elles ont touché le sol, elles se dénaturent et deviennent sans intérêt. Ils ont réussi à l’avoir intacte, elle est inestimable.

— Les gardiens interdire l’utilisation et le commerce des âmes, ils dire que les âmes avoir droit au repos dans le royaume des morts. Les chasseurs comme nous être maudits d’après eux, mais les âmes être très demandées par les peuples du royaume.

 

Nous reprenons notre route et arrivons près d’une petite rivière que nous longeons jusqu’à un petit village qui ressemble plus à un campement qu’autre chose. Des hommes, femmes et enfants viennent à leur rencontre à grands cris mais s’éloignent rapidement en me voyant. J’aimerais penser que c’est à cause de mon armure mais la raison est plus certainement que je suis un étranger, un humain de là-haut qui plus est. Un homme âgé s’approche de Cat qui lui explique rapidement la situation, après avoir confié le cadavre de la bête à deux de nos compagnons qui s’empressent d’aller le dépecer pour probablement le poser sur le grand feu qui forme le centre du campement.

— Aller voir l’ancien.

Cat grimace, cette perspective ne l’enchante guère. Il acquiesce néanmoins et m’entraîne vers le feu. Les gens s’écartent sur notre passage et nous arrivons vers le feu. A côté, sur un banc creusé dans un tronc est assis un vieil homme voûté. Comme Cat, il a de nombreuses cicatrices étalées sur son visage ridé. Mon compagnon se penche vers moi et me murmure à l’oreille.

— Tu sourire et être d’accord, personne ne comprendre rien de ce qu’il raconter. Nous faire semblant.

Je hoche la tête et nous nous asseyons avec lui. Cat lui raconte tout en prenant un air contrit. L’ancien l’écoute silencieusement sans quitter le feu des yeux. Puis, lorsque Cat a enfin fini, il ne dit mot et reste immobile plusieurs minutes. Enfin, il se décide à parler.

Jusqu’à quand abuseras-tu de notre patience, Catilina? Combien de temps encore serons-nous le jouet de ta fureur ? Jusqu’où s’emportera ton audace effrénée ? Nous ne sommes donc que des pantins dont tu jouis à ta guise ? Cette hardiesse aliénée qui gangrène ton coeur, cette poursuite inconsidérée des plaisirs éphémères apportés par ces malheureuses âmes a noirci nos vies. L’ire des gardiens s’emporte jusqu’à nous, les méfaits de ta témérité feront ployer la courbe du destin en notre défaveur !

 

Ce coup d’éclat lyrique terminé, il replonge dans son mutisme et ne nous regarde même plus. Nous restons encore un peu puis Cat me fait signe et nous nous éloignons un peu.

— Tu voir ? Personne ne le comprendre.

J’ai compris que l’ancien n’était pas d’accord avec la chasse aux âmes. Deux de nos compagnons arrivent avec la peau du monstre qu’ils passent sur mes épaules. Cat me sourit en déclarant que maintenant tout le monde saura que je suis un tueur de volours, un guerrier redoutable.

 

— Sais-tu comment je peux retourner chez moi ? Dis-moi juste quoi faire et j’irai.

— Le seul accès à ton monde être par les portails, seuls les gardiens avoir des portails. Et ils tuer tous ceux qui vouloir des portails, ou des âmes.

— Comment je peux trouver un gardien ?

— Si tu trouver des âmes, tu trouver les gardiens.

— Mais je croyais que les âmes tombaient à terre ?

— Les âmes vouloir trouver les gardiens en tombant, les âmes d’enfants voler jusqu’au gardien le plus proche.

 

Encore faut-il pouvoir reconnaître une âme d’enfant. Cat m’invite à dîner avec son clan, tous se sont regroupés autour du feu. Un homme et une femme font la distribution de viande et d’une soupe de végétaux que j’espère être des légumes. Le monstre qui a voulu nous tuer est dans mon assiette et malgré toute ma réticence, je l’engloutis rapidement. Le goût me rappelle celui du sanglier, fort en bouche. Cat me donne une choppe, encore cet alcool, et se lève en réclamant le silence.

— Nous avoir une bonne chasse ! Quatre âmes rapporter par les chasseurs !

L’annonce est accueillie par une salve d’applaudissements, Cat poursuit.

— Je rencontrer Xyrus – il tend le bras vers moi –, il sauver ma vie, il tuer un volours et capturer une âme ! Il être un humain vivant et maintenant il être des nôtres ! Il chasser des âmes avec nous !

 

Les cris sont forts et clairs, je crois qu’ils m’ont adopté. Enveloppé dans ma peau de volours, cet alcool dans mon estomac, je me sens moins humain. Demain, j’irai chercher un gardien, mais ce soir je découvre ma toute nouvelle famille.

Je m’appelle Xyrus et je suis chasseur d’âmes.

 

Extrait souligné de Cicéron, Œuvres Complètes, LCI/38.

 

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