Le vieux fusil de Robert Enrico
En hommage à Romy qui nous a quitté en 1982, FR3 a diffusé Le vieux fusil.
Bon, le choix de la date est un peu scabreux. 11 novembre pour un film se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale. Bon, bah d’accord.
Excepté les accords de Versailles, pas grand-chose ne lie ces deux guerres mondiales.
Noiret est chirurgien. Cela lui procure par les temps qui courent beaucoup d’avantages. Une voiture et surtout, un laissez-passer. L’hôpital dans lequel il exerce est situé non loin de Montauban.
L’armée régulière allemande, la Wehrmacht, ne lui crée aucun problème que pourraient amener des conquérants de cet acabit.
Il peut ainsi avec sa dulcinée (Romy Schneider) se créer de beaux souvenirs de la campagne française.
Arrive la débâcle nazie. Comme ils excellent dans la cruauté les crimes contre l’humanité, ils ne se privent pas sur les exactions.
Le village où réside Romy pendant que Noiret est de garde dans l’hôpital est complètement massacré.
Une section Waffen-SS tue tout ce qui bouge et Romy connaît une mort atroce.
Sans savoir ce qui s’est passé, Noiret revient au village pour y passer quelques jours en famille.
Seul, il découvre l’horreur.
La haine et la vengeance emplissent son cerveau. Un vieux fusil graisseux l’attend dans les dédales tortueux du château.
Bille en tête, connaissant sur le bout des ongles les portes secrètes du château et armé d’un fusil de chasse avec cartouches de chevrotine, Noiret doit débarrasser la terre de cette chienlit nauséabonde.
Filmé en maître par Robert Enrico, le scénario démarre par une famille heureuse. Puis, doucement, mais sûrement, tout ça plonge la gangue de l’horreur.
Des flash-backs saisissants nous catapultent d’une famille souriante et soudée à l’horreur sans nom.
La façon dont Enrico à appréhender le film est cruelle. Mais cela est voulu. Il veut par ces images tantôt terrifiantes, tantôt idylliques, nous scotcher sur notre fauteuil.
Il n’a de cesse pour nous poser cette sempiternelle question : que ferions-nous dans la même position ?
Sans faire l’apologie de la violence comme l’on a pu voir dans Un justicier dans la ville, Enrico a préféré nous installer devant le fait accompli. Et puis, sans que l’on puisse fermer les yeux, il nous propulse d’un monde « normal » à un monde ignoble.
Le village est fictif. Malheureusement, le scénario non.
C’est un hommage direct au massacre d’Oradour-sur-Glane perpétré le 10 juin 1944 par la division Waffen-SS das Reich.
En effet, cette division était en repos forcé à Montauban.
Lorsque le débarquement allié a lieu en Normandie, le commandement SS ordonna à cette fameuse division de remonter sur la côte normande.
Ils passèrent par Limoges et étaient sans cesse attaqués par les partisans. Excédés, ils massacrèrent Oradour-sur-Glane avec ses quelque 642 habitants.
Les hommes furent brûlés au lance-flamme. Femmes et enfants enfermés dans l’église pour y être brûlés vifs.
Depuis, je ne dis plus : « L’erreur est humaine, mais l’horreur est humaine ».
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