Le baiser japonais par Christophe Maggi

En juin 1978, je me retrouvai de nouveau sur les bancs de l’université, la prestigieuse Université de Floride, à Gainesville, celle-là même d’où était sortie Faye Dunaway. Qui n’avait pas vu un de ses films, ces cinq dernières années ? Qui ne se rappelait pas de la superbe Bonnie aux côtés de Warren Beatty ? Et dire que j’aurais pu la croiser ici même sur le campus, mais je suis arrivé quinze ans trop tard.

Fatigué, préoccupé et méfiant, je traversai les pelouses sèches, le soleil brûlant ma nuque et suivis un groupe de jeunes gens loquaces qui tentaient d’oublier les évènements récents en s’amusant faussement les uns les autres. Les intentions y étaient mais tout sonnait faux, de piètres jeux d’acteurs maladroits pour se rassurer que le malheur n’arrive qu’aux autres.

Je rejoignis la faculté de psychologie. L’amphithéâtre se remplissait lentement, j’écoutais d’une oreille des filles qui parlaient de la scène de fête foraine de Grease, le dernier film fraîchement sorti en salle ce week-end. Elles admiraient Sandy et sa tenue sexy noire moulante, sa coiffure bouclée, sa bouche sensuelle qui faisait des ouh ouh ouh à un John Travolta tout aussi séduisant que bon danseur, malgré ses cheveux ultra-gominés. Les garçons ne parlaient que de la course de voitures, bien sûr, et des fesses d’Olivia Newton-John. Je les avais accompagnés mais sans vraiment me mêler au groupe. Je tenais simplement à être aperçu parmi eux et puis j’avais rencontré une jeune Japonaise qui m’avait convaincu de me joindre à eux. Je n’avais pas profité de la pénombre de la salle obscure mais je sentais qu’elle me désirait. Il faut dire qu’elle m’excitait terriblement, sa copine aussi. Le film était très réussi mais personnellement, j’attendais le Superman de Richard Donner qui sortirait en décembre et pendant ce temps, j’emboitai le pas et pénétrai dans l’amphithéâtre.

Le soleil était impitoyable, l’air moite et le ciel lourd. Le thermomètre affichait un affreux 36°C. Ça me changeait du Colorado ; nul doute que l’été serait terriblement chaud et orageux. Il y avait de l’électricité dans l’air et il planait comme des ombres de soupçons dans les couloirs, chacun se dévisageant. On sentait que quelque chose s’était passé, quelque chose qui rappelait le souvenir de l’arrestation de Ted Bundy en février. Les professeurs tentaient de maintenir un semblant d’air décontracté mais ils transpiraient abondamment et pas seulement à cause de la chaleur. Les étudiants n’arrivaient pas à se concentrer, tous attendaient les vacances avec impatience et de quitter le campus le plus vite possible… pour ceux qui n’étaient pas encore partis. La direction de l’université avait assisté à une désertion massive et subite des étudiants, sa réputation était déjà bien entamée et les inscriptions de la rentrée étaient pour le moins inexistantes.

 

Je pris place, comme à mon habitude, dans l’hémicycle, loin des premiers rangs, campé comme un prédateur qui guette sa proie. Les futurs diplômés arrivaient au compte-gouttes et profitaient des dernières minutes du quart d’heure académique pour bavarder, se recoiffer, s’échanger des chewing-gums ou terminer leur Coca-cola à la paille.

Le professeur arriva enfin en bras de chemise. C’était un homme dans la cinquantaine à la mine sévère, myope, assez mal habillé, peu ouvert et certainement célibataire. Il donnait cours de psychologie différentielle et s’il y avait bien des pervers ou des maniaques qui rôdaient dans les universités, il devait en faire partie. Sans raison, je peux dire que je ne ressentais aucune sympathie particulière pour cet homme.

Le cours débuta péniblement. Le professeur avait le don de parler sur un ton monocorde et de rendre absolument tout inintéressant. Je pris mes notes. Les rayons du soleil se réfléchissaient dans les grandes vitres et nous frappaient de profil, décalquant nos ombres déformées sur des bancs de bois blancs et gluants. Après quelques minutes, nous étions déjà en nage. Et l’autre grand maigre qui ressemblait comme deux gouttes d’eau au père Brennan de La malédiction, qui n’arrêtait pas avec ses « …troubles du comportement… » et ses « …sociopathies sévères… ». J’avais envie de casser ses lunettes. Oh ! Comme j’aurais aimé être dans le Colorado. Gainesville n’était pas la Floride dont je rêvais, pas en 1978.

 

Je n’écoutais pas grand-chose, je scrutais les dos et les nuques des étudiantes en imaginant des choses indicibles. Mes deux jeunes amies japonaises étaient devant moi, Fuki et Saki. Elles avaient attaché leurs cheveux en chignon maintenus par deux crayons jaunes entrecroisés laissant apparaitre leur délicate nuque. Elles portaient chacune un petit tee-shirt échancré sur les épaules l’un de couleur noire, l’autre blanc. Je devinais leurs cuisses croisées sous leur mini-jupe de cuir noir, leurs petits pieds délicats serrés dans de hautes bottes ; le cuir leur conférait un air sévère et strict qui rappelait que le look Pink Ladies des filles de Grease avait vingt-cinq ans d’âge. Et leurs petits seins fermes qui s’agitaient à chaque mouvement de bras ! Elles écrivaient consciencieusement en mâchouillant la gomme de leur crayon que j’aurais voulu être. Comment se concentrer sur un cours monotone avec autant de belles et jeunes demoiselles sous les yeux ?

Que dire de l’autre groupe de filles très jolies, assises quelques rangs plus bas, qui n’arrêtaient pas de bavarder et de s’échanger des petits papiers avec les quatre garçons qui étaient devant elles. Certainement des gosses de riches, si j’en croyais leur style vestimentaire et leurs manières. De nouveau, il y avait une ou deux têtes qui ne me revenaient pas : un grand échalas tout sec à l’air mesquin, tout de jeans vêtu et un sale type aux cheveux gras.

À ma gauche, j’avais un groupe de trois jeunes hommes habillés chic mais laissant présager une mode hippie passée : ils avaient les cheveux courts, des jeans pattes d’éléphant, des chemises cintrées bariolées et des chaussures à talons vernies de couleur noire. Je n’avais pas eu beaucoup de temps pour sympathiser ; ils restaient souvent à l’écart, inséparables et finalement, je les ai assez vite balayés de ma liste.

Devant moi, je voyais un autre groupe de garçons, des Afro-américains. Il y en avait encore peu dans les prestigieuses universités. Ils étaient habillés à la mode disco muta, d’affreux pantalons collants et évasés à larges carreaux, des Spandex ou encore des chemises en soie chamarrées. Il va de soit qu’à l’instar des Jackson Five, ils arboraient une coupe afro.

Aucun danger de ce coté là.

 

La mode de la fin des années septante marquait votre appartenance sociale. Ici en Floride, peu de punks, de moins en moins de hippies, surtout dans les universités, par contre une nouvelle mode apparaissait : les pantalons Levi’s casual et les chaussettes de couleurs vives. On peut dire que j’avais ce look là, un Levi’s sur des bottines à plateforme et une chemise à large col ouvert ; du moins, c’est le style vestimentaire que j’avais adopté pour passer le plus inaperçu possible et j’avais résisté à la coupe mulet. Inaperçu est un grand mot ! Comment se fondre dans la masse quand on a trente-quatre ans et que l’on côtoie des étudiants qui en ont quinze de moins ? Il n’y a que Stockard Channing qui y arrivait. Bien trop âgée, elle avait quand même eut le rôle de Betty Rizzo et faisait parfaitement illusion à l’écran, une vrai fausse étudiante… comme moi !

Le premier rang était complet, des garçons et des filles tout endimanchés, certains en blazer, d’autres en jupes longues, une paire de lunettes trop grandes au bout du nez ; l’échantillon même d’étudiants qui réussiront leurs examens, se marieront et auront une situation. Assidus, ils copiaient des pages et des pages de notes à n’en plus finir ; j’avais même l’impression qu’ils notaient plus que ce que le professeur radotait.

Epars, ils restaient quelques groupes de deux trois étudiants et derrière moi une clique de blousons noirs qui ne passeraient même pas leurs examens. Les John Travolta de Floride. Pas embêtants, pas dangereux mais bruyants.

 

Alors que le professeur donnait laconiquement ses dernières heures de cours et qu’il nous parlait des grandes théories de la personnalité, je me demandais dans quelle catégorie, il aurait placé Ted Bundy. En février, le monde apprenait l’existence du pire tueur en série que la Terre n’ait jamais porté et le peuple américain, pris d’effroi, découvrait qu’un garçon bien sous toutes apparences, diplômé d’une université, élégant, intelligent et charismatique, recommandé par ses professeurs de psychologie, était un sociopathe au sadisme inimaginable. Après avoir agressé, violé, tué, violé de nouveau et ramené chez lui des têtes en guise de trophées – quelle bonne idée ! –, après avoir été arrêté en 1977, s’être évadé puis repris au début de cette année, il ne restait plus qu’à créer de nouveaux qualificatifs pour désigner ce monstre.

Le grand public n’était pas au bout de ses peines. Depuis trois mois sous les verrous, voila qu’une série de meurtres reprenait dans une université américaine. Il n’en fallait pas plus pour nourrir la psychose : février, alors même que les médias annoncent l’arrestation de Ted Bundy, une pauvre étudiante est retrouvée morte dans les couloirs de l’université de Gainesville, battue à mort, un objet pointu enfoncé de multiples fois dans la poitrine. Mars, le corps professoral n’était pas encore remis de ses émotions, les étudiants paniquaient déjà et les traces du massacre à peine nettoyées, l’on découvre un professeur mort sur le parking entre deux véhicules. Le modus operandi était identique : une cinquantaine de coups portés à l’aide d’un objet pointu non tranchant dans le dos, les reins, l’estomac et enfin la gorge. Avril, c’est au tour de la professeure de littérature française. On note une gradation dans l’horreur : la pauvre femme, une jeune et jolie blonde de trente-deux ans, est violée sur le bureau de sa classe, les seins transpercés par des crayons, de nombreux coups plantés sur tout le corps et dans les parties génitales. Elle sera ensuite de nouveau violée apparemment à l’aide d’un objet. Le médecin légiste a même retrouvé des morceaux de crayons dans sa gorge et son estomac ; toute une boite y est passée. Mai, un jeune homme est retrouvé dans les toilettes, la tête dans la cuvette, le corps lacéré de coups du même objet pointu non identifié.

L’université décida de fermer et de suspendre les cours mais les autorités demandèrent le contraire. Le FBI était convaincu que le tueur se cachait parmi les étudiants ou le corps professoral. Portiques de sécurité, fouilles des sacs, vigiles, inspecteurs en civil… tout fut mis en place alors qu’il ne restait qu’un mois de cours et les examens à passer. Pour une fois, Ted Bundy ne pouvait être coupable, il était en prison. Les enquêteurs craignaient que la médiatisation de son arrestation ait donné des idées à des psychopathes latents. Le pire des scénarios.

 

L’orage ne tarderait pas, l’air était de plus en plus électrisé. J’étais tout moite et je me sentais oppressé, à croire que l’amphithéâtre rétrécissait. J’avais l’impression que des milliers d’yeux me regardaient d’un air suspicieux, même le professeur me jetait des regards noirs en sermonnant comme le prêtre dans La malédiction. La banquette se resserrait contre le banc de bois et m’oppressait, je n’étais plus à l’aise en position assise. Un sentiment de grand malaise et une odeur de mort rodait, je les sentais. Cependant, j’étais de plus en plus attiré par la nuque de Fuki, elle m’excitait au plus au point. Une irrésistible attraction. Elle savait que je n’arrêtais pas de la regarder mais feignait de ne pas me voir. Saki se retournait de temps à temps en m’adressant un petit sourire coquin. Je sentais qu’elle m’allumait et je ne sais pas laquelle des deux m’excitait le plus. Je ne suis pas certain que j’aurais pu résister beaucoup plus longtemps. Une des deux allait y passer… ça c’est sûr.

Le ciel s’assombrissait, je voyais de gros nuages noirs rouler dans notre direction alors que le professeur entamait son dernier chapitre. Il manquait d’air dans cet amphithéâtre et je me demandais comment le petit groupe de filles studieuses qui étaient au premier rang sur la droite faisait pour tenir le coup sous cette chaleur avec leurs vêtements trop serrants. Elles n’avaient pas arrêté de prendre des notes, à croire qu’elles comprenaient ce que radotait le vieux.

La cloche sonna la fin du cours et me fit sursauter. En y repensant, je crois que j’ai crié parce que plusieurs étudiants se sont retournés vers moi en se levant. Certains me dévisageaient et pourtant je n’avais rien fait. Est-ce moi qui divaguais ou j’avais l’impression que tous lisaient mon identité secrète sur mon front ?

Alors que quelques instants plus tôt, j’aurai tué ma mère pour sortir de cet amphithéâtre qui sentait le souffre et ressemblait aux enfers, voila, que je ne pouvais plus me lever. Je regardais les gens sortir lentement en bavardant. Le professeur rangeait consciencieusement ses affaires dans sa petite mallette de cuir brun. Un vrai maniaque celui-là ! Les Afro-américains se levaient en se trémoussant, à croire qu’ils rejoignaient le bar de la discothèque. Je vis les futures petites victimes potentielles du premier rang, la fille aux lunettes trop grandes et sa copine la coincée en jupe et débardeur, s’en aller bien sagement. Un sentiment de terreur me traversa, je voyais déjà leur photo tirée du livre des portraits de l’université à la une du The Independent Florida Alligator, le journal de l’université, avec un petit bandeau noir en travers de la photo. Les gros bras du fond quittèrent à leur tour la salle de classe en me dévisageant. Et toujours ce terrible sentiment d’oppression, de danger imminent et cette sensation de ne pas comprendre qu’un terrible évènement va se produire sans que je puisse faire quelque chose pour l’empêcher. Le ciel s’était complètement obscurci, le tonnerre grondait au loin, l’éclairage de la pièce devenait de plus en plus agressif et pourtant je distinguais de moins en moins les contours des silhouettes.

C’est alors que tout s’enchaina et enfin, je sortis de mon état second mais il faut l’avouer, j’étais aidé. Fuki quitta sa place avec empressement mais Saki se retourna vers moi, toujours assise, elle posa ses mains croisées sur la tablette et y posa la tête. Elle me regarda dans les yeux tendrement et chuchota quelques mots que je ne compris pas. Elle souriait, je voyais ses yeux briller, je suivais ses lèvres sensuelles murmurer de doux mots que je distinguais vaguement. Puis, elle me prit la main et me demanda de la suivre. Elle m’entraina vers la sortie. J’avais l’impression de marcher au ralenti et je la voyais sautiller en descendant la volée de marches qui nous menait au couloir. Nous quittions le minuscule amphithéâtre surchauffé. Ses petits seins s’agitaient, ses talons cliquetaient sur le linoléum… Et c’est en suivant son agréable odeur de saké parfumé au gingembre qu’elle m’emmena dans les toilettes des femmes.

Saki avait réussi à m’extirper de cette oppressante salle de classe sous l’œil inquisiteur du prêtre. Je sentais mes poumons se remplir d’un bon air rafraichissant, mes mains n’étaient plus moites et la chimie de mon corps se modifia pour libérer de l’endorphine et de la dopamine. L’excitation me gagnait. Je sentais une érection poindre. Saki me poussa gentiment vers la salle blanche et brillante des toilettes. Les grands miroirs sublimaient nos corps et attendaient avec bienveillance que nous nous enlacions. Elle plongea son regard dans le mien en approchant sa bouche mielleuse et ses lèvres carmin. Je la pris par la taille et la collai à moi.

Comme nos lèvres se touchaient à peine, elle prononça quatre mots et mon univers bascula, le yin devint yang et la lumière devint ténèbres.

— Embrasse-moi, monsieur F.B.I.

La Mort était derrière moi, j’étais démasqué. Alors que Saki me faisait face, je sentis une main douce me tenir le front et me tirer en arrière gentiment, sans brusquerie mais fermement pour me rappeler qu’à ce stade de ma vie, je n’étais plus maître de rien. Saki ne bougeait pas et pourtant une main m’attirait en arrière.

Je sentis la pointe de carbone de l’affreux crayon jaune s’enfoncer dans ma nuque et parcourir ma gorge alors qu’un liquide ferreux et chaud s’écoulait lentement au fond de celle-ci. La peau de mon cou se distendit lentement et la mine ressortit par devant en me transperçant de part en part, très lentement. En quelques secondes, je ne pouvais plus respirer, ma gorge sifflait et je sentais un bouillon épais gagner ma bouche. Une écume rouge me vint aux lèvres et la pièce commença à tourner sur elle-même ; mes yeux se voilèrent, les tubes néons au plafond se dédoublèrent et je compris subitement que jamais je ne résoudrais cette affaire. Faux étudiant, infiltré par le F.B.I au sein de l’université, je n’avais su, en quelques mois percer, le terrible secret du tueur du campus. Je perdis pied et tombai en arrière, en position assise, puis mes forces m’abandonnèrent et je roulai lentement sur le coté, appuyé sur un coude.

J’entendis des pas et le frottement du cuir derrière moi. La Mort me contournait et je la vis se placer devant moi lentement. Ses mouvements étaient posés et elle avait un petit sourire au coin des lèvres. Elle se pencha et appuya ses deux mains sur ses genoux pour approcher son visage du mien, accroupie. Je sentais son parfum. Je vis ses superbes yeux marron fouiller au fond de mon âme ; elle me regardait agoniser depuis sa position dominante, hautement perchée sur les talons de ses bottes noires en cuir ; ses longs cheveux bruns bouclés tombaient sur ses seins menus. Les yeux en amandes de Fuki, ses joues légèrement rosées et son petit nez délicat n’arrivaient pas à me convaincre qu’elle venait de m’assassiner. J’essayai vaillamment de bouger la main gauche et de replier la jambe droite pour attraper le Smith & Wesson que je portais à la cheville mais mon geste fut arrêté par le pied de Saki, au point que j’en oubliai sa présence. Elle avait les mains sur les hanches et me toisait comme sa comparse, le même sourire aux lèvres. Elle écrasa ma cheville de son talon et m’empêcha de bouger puis elle s’accroupit lentement, tout en me regardant dans les yeux. Elle leva une main vers ma tête, me prit par les cheveux et savoura l’instant de mon agonie qui semblait ne plus vouloir s’arrêter. Elle sortit un très petit saï en bois d’un étui attaché à l’intérieur de sa cuisse et me l’enfonça dans le cou, perpendiculairement au crayon de Fuki. Je ne me débattis même pas.

Le F.B.I cherchait un tueur en série, certainement un admirateur de Ted Bundy. Comme pour l’affaire du tueur de collégiennes, les ordinateurs avaient analysé les scènes de crime et sorti des listes de suspects. Ce devait être un homme blanc, se faisant passer pour quelqu’un qu’il n’était pas, certainement instruit etc. etc. Personne n’avait jamais soupçonné que le tueur puisse être deux jeunes étudiantes japonaises. Et je payais le prix fort de ma découverte.

Dans un dernier soubresaut de vie, j’essayai lamentablement de retirer le crayon de ma gorge mais la jeune Asiatique retint mon poignet et fit un petit bruit avec sa bouche pour m’inciter à ne plus bouger. Le sang coulait abondamment sur ma chemise et j’entendais le chuintement de ma respiration qui sortait par le mauvais trou. J’eus la force d’articuler un mot mais aucun son ne sortit de ma gorge.

Fuki et Saki se regardèrent et rirent, leurs yeux pétillaient de joie, et elles se régalaient du spectacle. Elles avaient compris. Fuki me tenait toujours par les cheveux, elle approcha un peu plus près son visage du mien et dit :

— Pourquoi ? Uniquement pour jouir de ta lente agonie !

Et elles éclatèrent de rire, me laissant sombrer à tout jamais dans le néant.

Je ne vis jamais Superman

 

Ou en PDF ici http://www.phenixweb.info/sites/default/files/le-baiser-japonais-christo...

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