Royaume (Le)

Réalisateur: 


L’enjeu

Dommage collatéral
Plusieurs bombes viennent d’exploser à Ryad, à quelques minutes d’intervalle, à l’intérieur d’un complexe résidentiel où habitent des occidentaux. Lorsque les secours arrivent enfin sur place, on dénombre alors une centaine de morts parmi les familles américaines expatriées là-bas. Tandis que les diplomates des deux pays s’affairent en coulisses à discuter des problèmes de terrorisme, l’Agent spécial du FBI Ronald Fleury, qui est à la tête d’une cellule anti-terroriste, négocie, dans le plus grand secret, l’autorisation de se rendre sur les lieux de cet attentat-suicide afin de pouvoir y recueillir un maximum de preuves matérielles lui permettant de démasquer et de mettre le grappin sur le commanditaire de cet horrible forfait. On ne lui accorde que cinq jours pour mener à bien son investigation. Fleury et sa fine équipe sont d’autant plus motivés à boucler cette enquête qu’un de leurs amis et collègues fait malheureusement partie des victimes.

A peine après avoir atterri en catimini de nuit sur une base militaire au beau milieu du désert d’Arabie Saoudite, ils sont rapidement confrontés au fait qu’ils sont loin d’être les bienvenus dans le pays. Dès leur arrivée, on leur met des bâtons dans les roues en limitant leur champ d’action. En effet, ils ne peuvent aller nulle part sans avoir l’autorisation des autorités locales, ils doivent systématiquement passer par l’intermédiaire du traducteur qui leur a été alloué (et qui les suiT partout où ils vont) et, surtout, ils sont dans l’obligation de se plier impérativement au protocole rigide qui régit la maison royale afin d’éviter de provoquer un incident diplomatique. Fleury et son équipe vont toutefois trouver un allié, au sein de la police locale, en la personne du capitaine Al-Ghazi, qui va les aider à retrouver les indices capables de les mener sur la trace du commanditaire de cet attentat avant que ce dernier ne récidive.


Orgueil et préjugés
En raison de la séquence générique de début (sorte de cours d’histoire politique sur les relations étroites et ambiguës, liées au pétrole et aux énormes enjeux financiers qui en découlent, unissant les USA et les Émirats du Golfe - et plus particulièrement le Royaume d’Arabie Saoudite - qui défile en accéléré sur l’écran) qui s’avérait pourtant être très prometteuse, on aurait pu espérer assister à une dénonciation de la politique US au Moyen-Orient, voire même éventuellement à une diatribe, plus ou moins virulente, à l’encontre d’une Amérique dominante et triomphante qui s’échine, encore et toujours, à vouloir systématiquement se positionner comme le "Gendarme du Monde" surtout lorsque d’énormes enjeux financiers font partie de la donne. Au lieu de cela, Peter Berg préfère ici s’orienter vers un thriller politique doublé d’un film d’action à grand spectacle gonflé à la testostérone (même avec la présence de Jennifer Garner parmi l’équipe d’élite du FBI), qui est incontestablement réussi, certes, mais qui, malgré toute sa bonne volonté évidente pour se démarquer dans la jungle hollywoodienne, n’arrive pas vraiment à mettre "le doigt sur la plaie", là où ça fait mal (ce que Syriana avait pourtant nettement mieux réussi à faire).

La position adoptée ici est justement de "rester neutre" et de se contenter de faire dialoguer entre eux les points de vue divergents des principaux protagonistes que tout oppose apparemment (tant au niveau de la culture que de la religion) mais qui, grâce à l’acceptation de leurs différences et à une certaine tolérance vis-à-vis de l’autre, vont arriver à mettre de côté leurs préjugés pour faire front commun (ne serait-ce que pendant un certain temps) contre les "vrais" méchants. Ce sera ensuite au spectateur de se forger sa propre opinion sur le sujet. Le scénario nous montre donc les différences entre ces deux mondes (l’Orient et l’Occident), histoire d’aller à l’encontre de nombreux préjugés tout en prônant la tolérance et le respect de l’autre. Pour cela, l’intrigue évolue souvent sur le fil du rasoir car il est bien difficile de trouver un juste milieu afin de ne tomber dans les clichés du genre ou de succomber au manichéisme (le "bon" et le "méchant" musulman).

Avec ses scènes choc dont celle d’ouverture avec l’attentat-suicide (explosions successives et dégâts occasionnés aussi bien humains que matériels) et celles de fin (celle de l’embuscade dans la rue avec tirs de lance-roquettes à l’appui puis celle de la traque sanglante dans l’immeuble), Le Royaume est un cocktail explosif qui allie une mise en scène réaliste menée tambour battant avec caméra à l’épaule (à la façon "reportage de guerre" sur le terrain), histoire de plonger le spectateur au coeur de l’action et du chaos ambiant, à un montage nerveux et survitaminé. A cela s’ajoute une interprétation talentueuse, en raison de l’alchimie qui fonctionne parfaitement entre (le toujours excellent) Jamie Foxx et Ashraf Barhom, qui campe ici le capitaine Al-Ghazi.


Le Royaume


Réalisation : Peter Berg

Avec : Jamie Foxx, Chris Cooper, Jennifer Garner, Jason Bateman, Jeremy Piven, Ashraf Barhom, Ali Suliman.

Sortie le 31 octobre 2007

Durée : 1 h 50

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