Bon, la brute, le cinglé (Le)

Réalisateur: 

La poursuite infernale



La carte au trésor

L’action se déroule en Mandchourie dans les années 30. Tae-goo (le Cinglé) attaque un train et dérobe une carte au trésor à un haut dignitaire japonais. Chang-yi (la Brute) se voit promettre une grosse somme d’argent pour la récupérer. Quant à Do-won (le Bon), il veut en retrouver le détenteur pour toucher la prime. Un seul parviendra à ses fins à condition qu’il réussisse d’abord à se débarrasser de l’armée japonaise, de la bande des Trois Royaumes, d’un marchand d’opium qui se fait passer pour un financier de la résistance coréenne, d’un riche Coréen qui a fait fortune en se faisant passer pour un Japonais, de gangsters coréens et de quelques autres bandits peu recommandables… mais aussi de ses deux autres adversaires.

La horde sauvage

Tout le film est bâti autour des tribulations de ces trois personnages hors du commun, qui forment un trio infernal, au cours d’une sorte de road-movie épique lors duquel une multitude d’individus s’entretuent dans le seul but de récupérer une carte censée les mener à un fabuleux trésor mais dont personne ne connaît d’ailleurs la teneur exacte.


Tae-goo est un voleur qui agit sans réfléchir et que son incroyable instinct de survie conduit à faire sans cesse des choses invraisemblables. Il réagit souvent de façon totalement imprévisible ce qui le plonge dans toutes sortes de situations cocasses. Ce braqueur de trains solitaire et impulsif a choisi la moto (son cheval mécanique) pour se déplacer dans les immenses plaines de Mandchourie.

Chang-yi, le chef des bandits, est un homme cruel. Il est capable de tuer n’importe qui sans jamais sourciller car il n’a aucun état d’âme et il n’a même pas peur de mourir. Sa seule préoccupation dans la vie est d’être le meilleur dans tout ce qu’il entreprend et cela tourne chez lui à l’obsession. Dans certaines circonstances, son acharnement à toujours vouloir prouver aux autres qu’il est le meilleur le mène au bord de la folie.

Do-won est un chasseur de primes qui passe sa vie à traquer tout ce qui peut lui rapporter de l’argent. C’est un tireur hors pair qui agit selon sa perception très particulière du Bien et du Mal. Il ne se sépare ni de son cheval, ni de son fusil. Une fois qu’il a choisi une “cible”, il n’abandonne jamais.

En réalité, les trois héros sont tous des brutes qui se comportent comme des cinglés et ils sont aussi capables de se conduire avec bonté quand l’occasion s’en présente.

La chevauchée fantastique

Le conflit d’intérêt des grandes puissances impérialistes atteint son apogée dans les années 30 et la Mandchourie connaît alors une période difficile. Les chocs culturels et linguistiques entre les Russes, les Chinois, les Mandchous et les Coréens créent des situations potentiellement explosives. Tel est donc le point de départ historique dont s’est inspiré Kim Jee-woon pour créer ses personnages intrépides que rien ne peut arrêter pas même la traversée du désert. Son imagination débordante a fait le reste et il a alors recréé pour l’occasion la Mandchourie multiculturelle et pluriethnique de cette époque : la fumerie d’opium, les plaines désertiques, le marché fantôme, les trafiquants d’armes et d’esclaves, les femmes envoûtantes dans leurs superbes robes de soie, etc.


Ce western, revu et corrigé à la mode coréenne, cumule tout à la fois une inventivité de tous les instants, une mise en scène de virtuose, un montage d’enfer, une bande originale étonnante car complètement décalée, un humour déjanté et ravageur en raison de diverses situations cocasses à la limite du burlesque (comme la séquence avec le casque d’un scaphandre), des décors naturels de toute beauté, des scènes d’action tournées en live sans aucun rajout d’effets spéciaux avec diverses courses-poursuites hallucinantes et hallucinées (plus particulièrement celle qui se déroule dans le désert entre une multitude de personnages à cheval, en camion, en voiture et en side-car), des cascades époustouflantes, des gun-fights interminables, des seconds couteaux pittoresques et surtout l’interprétation exceptionnelle des trois plus grandes stars du cinéma coréen réunies pour la 1ère fois à l’écran et qui s’amusent visiblement comme des petits fous.

Peu importe la vraisemblance du scénario puisque Kim Jee-woon met ici un point d’honneur à en traiter systématiquement le contenu de façon cartoonesque, la preuve étant qu’au bout de très peu de temps, le spectateur oublie complètement le but poursuivi par le trio infernal et la pléthore de personnages secondaires qui le pourchasse. La révélation finale de ce en quoi consiste, en réalité, le fameux “trésor” n’en est d’ailleurs que plus drôle. On assiste là à une vraie leçon de cinéma avec l’un des films les plus étonnants et détonants de l’année. Le Bon, La Brute, Le Cinglé est à voir et à revoir pour passer un grand moment de pur plaisir.

Le Bon, La Brute, Le Cinglé

Réalisation : Kim Jee-woon

Avec : Jung Woo-sung, Lee Byung-hun, Song Kang-ho, Ryu Seung-soo, Yoon Jae-moon, Sohn Byung-ho, Kim Gwang-il, Ma Dong-suk, Song Young-chang

Sortie le 17 décembre 2008

Durée : 2 h 08

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